BIENENBERG

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Un nouvel enseignant au Bienenberg

En été 2024, un nouvel enseignant rejoindra le Centre de Formation du Bienenberg. Dès le 1er septembre, Alexandre Nussbaumer rejoindra l’équipe en place. Il remplacera ainsi Denis Kennel qui quittera ses fonctions en été, après 16 années d’enseignement, dont 10 de direction.

Le nouvel enseignant du Bienenberg se présente ici en quelques lignes.

Alexandre, comment aimes-tu te présenter ?

Comme un pasteur chercheur.

  • Pasteur, car je m’inscris à la suite de Jésus qui accueille et prend soin.

  • Chercheur, car cela nourrit en moi une attitude de contemplation — le monde que Dieu a créé est tellement beau – et une attitude d’humilité — je n’en perçois que quelques bribes —.

Sinon, j’aime aussi bien dire que je suis un homme, que j’ai 46 ans, que je suis marié à Tania et père de trois enfants.

Peux-tu nous dire quels ont été ton parcours et ta formation ?

J’ai grandi en Alsace dans une famille mennonite très engagée dans la foi et j’ai reçu le baptême à mes 18 ans. J’ai ensuite suivi des études d’ingénieur agronome à Paris et je suis parti deux années au Tchad, en lieu et place du service militaire, avec une mission protestante évangélique. A mon retour, j’avais plein de questions sur le sens de la vie, sur les approches culturelles, sociales, économiques, spirituelles de la vie. J’ai pensé que je trouverai quelques réponses en creusant la théologie.

J’ai commencé une formation à la Faculté Libre de Théologie Évangélique (FLTE) à Vaux-sur-Seine, en travaillant également à mi-temps comme ingénieur agronome pour financer tout cela. 4 ans plus tard, je faisais un stage pastoral à l’église mennonite de Châtenay-Malabry et j’en suis devenu pasteur à mi-temps pendant 10 années. J’ai continué de travailler comme ingénieur agronome à mi-temps et j’ai complété ma formation par les Études Francophones de Théologie Anabaptiste (EfraTA) au Bienenberg. À la fin de mon ministère pastoral à Châtenay-Malabry, j’ai pris un temps de retrait pour me former à nouveau : compléter un master de recherche à la FLTE, compléter une formation autour de la connaissance de soi et des autres, compléter une formation à l’accompagnement spirituel.

Ainsi ressourcé, j’ai pu reprendre un ministère pastoral en Alsace à mi-temps, au sein de l’Église évangélique mennonite de Pfastatt il y a trois ans. Attiré par la recherche et l’enseignement théologique, j’ai débuté une thèse à la Faculté protestante de Strasbourg il y a un an, autour de la portée éthique de la Sainte-Cène. J’ai fortement diminué mon activité en agronomie et prévois d’arrêter complètement l’an prochain. J’ai eu l’occasion ces dernières années de participer à différents enseignements au Bienenberg, à l’École Pastorale, à la FLTE et prochainement à la Haute Ecole de Théologie (HET-Pro).

Qu’est-ce qui t’intéresse particulièrement en théologie ?

J’aime faire des liens entre les différentes disciplines de la théologie. Longtemps, la théologie n’a pas été divisée entre les différentes disciplines aujourd’hui séparées sur le plan académique : doctrine, éthique, philosophie, théologie biblique, liturgie, théologie pratique, théologie historique… Il ne venait pas à l’idée des premiers chrétiens qu’il puisse un jour exister des lieux d’études de la théologie qui ne soient pas en lien avec la pratique de la vie chrétienne et l’adoration de Dieu. Relier tout cela aujourd’hui me semble important. Une théologie fondée sur la paix du Christ et l’Esprit-Saint comme agent de la réconciliation voulue par le Père permet de remettre en lien, là où notre culture actuelle tend à séparer et atomiser.

As-tu d’autres centres d’intérêt ?

J’aime jardiner, jouer au volley et passer du temps avec mes enfants et mon épouse, autour d’un jeu de société ou d’un bon film. J’aime aussi le monde associatif, en particulier celui en lien avec la vie chrétienne. Je suis président de la FLTE et également membre de l’espace éthique de l’AEDE, une association médico-sociale d’inspiration mennonite en région parisienne.

Y a-t-il un moment particulièrement significatif dans ton expérience en lien avec l’enseignement de la théologie que tu aimerais partager ?

Je me souviens d’un atelier autour de la notion de caractère chrétien donné à la FLTE l’été dernier. J’avais prévenu les participants qu’ils ne devaient pas s’inquiéter s’ils étaient perdus au cours de l’atelier, car c’est à la fin seulement qu’ils auraient la vue d’ensemble. C’était pour moi une image de la vie qui passe où la cohérence nous est souvent donnée après coup. Certains étudiants bataillaient avec cela, impatients, souhaitant tout de suite tout comprendre, se demandant si cela menait bien quelque part. À la fin, le groupe était ravi. Un étudiant, originaire du Congo, est venu me remercier en me disant qu’il avait cherché pendant des années une telle approche.

Comment envisages-tu ta contribution aux missions du Centre de Formation du Bienenberg ?

Entrer dans une mission, il me semble que c’est premièrement chercher à en accueillir son caractère : l’histoire qui la porte, l’équipe qui la mène, le but qu’elle cherche à atteindre, les moyens dont elle dispose. En cela, il me semble que le Centre de Formation du Bienenberg à une grande richesse qu’il me faudra premièrement apprendre à bien connaître et accueillir.

Ensuite, j’ai été marqué par un théologien pacifiste proche des mennonites, Stanley Hauerwas. Une de ses impulsions me revient, prononcée à l’occasion du cinquantième anniversaire de la publication par Harold Bender de « The Anabaptist Vision ». Stanley Hauerwas interrogeait ainsi son auditoire :

 Si la manière de caractériser votre histoire comme l’illustre Bender ne servait plus à nous aider à affronter les défis qui nous attendent, cela signifierait-il que ceux qui ont fait de vous ce que vous êtes sont perdus ?

La théologie mennonite est justement d’une grande richesse parce qu’elle a donné vie au fil des siècles à des communautés de foi, pertinentes pour la société alentour en pointant vers Jésus et vers son Royaume de Paix. J’espère pouvoir apporter ma contribution à cette histoire. Contribuer à de nouvelles signalisations et repères pour que des personnes et des communautés puissent encore suivre Jésus, dans les défis d’aujourd’hui, au bénéfice de toute la société et pour la gloire de Dieu.


 Source de la citation

[1] Stanley Hauerwas, « Whose Church ? Which Future ? Whither the Anabaptist Vision », repris de In good company: the church as polis, Notre Dame, Indiana, University of Notre Dame Press, 1995, p. 77.