Michel Sommer

Retrouver le sens du temps - l'interview!

Interview avec les auteurs du livre Retrouver le sens du temps, un parcours de méditation et de prière.

Retrouver le sens du temps, s’arrêter, faire une pause, c’est possible à la rentrée ? Rencontre avec les auteurs du livre Retrouver le sens du temps pour comprendre l’importance de s’arrêter, même en période d’activité intense, et profiter pleinement de ce livre et des ses enseignements pour votre vie.

1. En quelques mots, pourquoi ce thème « retrouver le sens du temps » et quel est l’objectif du livre ?

Michel Sommer : Notre rapport au temps est devenu problématique, comme le dit le philosophe Hartmut Rosa : « Le sentiment général est de courir de plus en vite sans jamais aller nulle part. » Il parle d’« accélération » dans tous les domaines de la vie, qui a de gros impacts. Pourtant, ce sujet est peu thématisé par les chrétiens, dans les prédications, même si l’accélération gagne aussi les Églises. Par un cheminement de méditation et de prière nourri de textes biblique, l’objectif du livre est d’aider à prendre conscience de son propre rapport au temps, de se donner du temps pour la relation avec Dieu, de se mettre à l’écoute intérieure des textes bibliques sur le temps, et ainsi de « retrouver le sens du temps ».

2. Vous êtes cinq auteurs à avoir participé à l’écriture de ce livre, qu’est-ce qui vous a réuni autour de ce thème ?

Jane-Marie Nussbaumer : Un collectif de cinq auteurs ? Ce n’est pas habituel : plus précisément, il s’agit de trois auteurs, une photographe et une personne qui a relu et coordonné ! Ces cinq personnes se connaissent bien, et pour cause ! Elles font équipe depuis 2005. Dès ce moment, à deux exceptions près, elles ont animé ensemble chaque année une retraite au Centre de Formation et de Rencontre du Bienenberg, près de Bâle en Suisse.

Au cours de ces 17 retraites de six jours, chacune des personnes de l’équipe a trouvé sa place selon ses compétences et goûts. C’est donc presque naturellement que deux livres sont issus de ces retraites : le premier paru en 2015 sur la base des retraites de 2005 à 2009 sur les cinq sens. Le titre de ce premier livre est Nos cinq sens à la rencontre de Dieu – Un parcours de méditation et de prière.

Et c’est lors de la retraite de 2019 que le thème du temps a été proposé. Une partie du matériau de ce livre a été reprise et complétée suite à cette retraite dont le thème était « Pour retrouver le sens du temps ». La structure de chaque chapitre correspond au vécu des matinées de la retraite du Bienenberg : un temps de louange, un texte biblique et des impulsions, puis des pistes pour le temps de méditation et de prière qui se vivait en silence.

3. Vous dites dans le livre que nos emplois du temps sont souvent surchargés, que nous courons beaucoup, ou qu’au contraire, nous sommes dans le « trop peu » : quels problèmes le trop, ou le trop peu peuvent-ils causer à notre relation à Dieu ?

Michel Sommer : Le trop d’activités et le trop de sollicitations nous empêchent de vivre une relation profonde avec Dieu, car ce trop nous éparpille et nous fait rester à la surface de la vie. Le trop peu peut conduire à une forme de repli sur soi malsain dont Dieu est absent.

4. Y a-t-il un moment idéal pour démarrer ce livre : à la rentrée, au début de l’été... lors d’un changement de vie ?

Madeleine Bähler : L’important, c’est d’être réaliste dans la volonté et la possibilité de dégager le temps nécessaire pour vivre la retraite dans une continuité raisonnable. Le plus simple, c’est de prendre son agenda et de regarder comment la démarche proposée sur 16 semaines peut être intégrée. Si l’on sait que l’on part en camp pour deux semaines et que les journées vont être remplies et longues, il est peu probable qu’on pourra trouver un espace pour y vivre des moments de prière méditative. Il faudra donc peut-être planifier une pause et prévoir de reprendre lorsque l’on arrive à dégager le temps et l’espace nécessaires pour bien vivre la démarche.

5. Ce livre se présente comme une retraite à vivre chez soi. Est-ce que vous avez des conseils pour bien vivre cette retraite un peu particulière ?

Madeleine Bähler : Le livre est une invitation à vivre une démarche spirituelle personnelle. Des conseils sont donnés dans le livre pour aider et soutenir cette dimension. Il est recommandé de prendre quelques notes pour retenir des éléments de ce qui a été vécu. Cela permet de voir l’évolution du cheminement et les fruits qui mûrissent peu à peu ou alors les éléments qui continuent à poser problème pour les approfondir avec le Seigneur. Se retrouver au terme de chaque étape avec une personne de confiance pour partager les éléments importants de la relecture peut être très utile. Cela lance d’une part un petit défi pour suivre effectivement la démarche et garder le rythme, et cela permet d’autre part des prises de conscience précieuses.Si l’on arrive à dégager une période de retraite pour faire la démarche en parallèle avec d’autres personnes et se retrouver au terme des étapes 2 à 6, c’est certainement un encouragement et un enrichissement. Toutefois, il faut veiller à ne pas faire fi du cheminement personnel avec le Seigneur et à ne pas se contenter d’une discussion purement théorique sur les sujets abordés dans le livre.

6. Au début de chaque chapitre, il y a une photo à regarder, en lien avec le sujet de la semaine. Tout le monde n’est peut-être pas familier avec cela, à quoi nous invitent ces photos ?

Sabine Schmitt : Les photos sont là pour nous permettre d’appréhender le texte avec notre imagination, les images ont été choisies en écho au texte biblique. Contempler la photo avant de lire le texte, se laisser toucher par les formes, les couleurs, la composition, pourrait bien réserver quelques surprises au « regardeur ». Dieu parle aussi par l’image.

7. Que diriez-vous pour encourager quelqu’un de surbooké à prendre le temps de lire ce livre ?

Claire-Lise Meissner : « Respire ! Tu es plus que ta course, plus que tes contraintes et responsabilités ! Tu es aimé, attendu par le Dieu qui désire faire route avec toi. Ose perdre un peu de temps pour renouveler ta force intérieure et découvre ce que tu peux y gagner pour toi-même et en lien avec les autres ».

8. Et à une personne qui trouve que le temps passe trop lentement ?

Madeleine Bähler : Quand on a l’impression que le temps passe lentement, c’est souvent parce que les jours se ressemblent et qu’il y a peu d’évènements particuliers. Faire la retraite proposée permet d’introduire un moment spécial dans la semaine, un rendez-vous avec le Seigneur que l’on peut soigner. En plus, la démarche offre l’occasion de revisiter son rapport au temps et de découvrir d’autres dimensions peut-être négligées ou perdues qui viendront enrichir le quotidien.

9. Que souhaitez-vous au lecteur, lorsqu’il refermera ce livre ?

Claire-Lise Meissner : Lecteur, lectrice, nous te souhaitons d’avoir vécu au fil des semaines des moments de temps « suspendu » avec le Dieu de la Vie qui, étant hors du temps, te rejoint au présent de ton actualité. Que tu puisses être encouragé-e à continuer à te laisser toucher par sa Parole, interpeler par Jésus pour répondre à ses invitations, un petit pas après l’autre, un jour après l’autre, sous l’inspiration du Saint-Esprit. À la fin de cette lecture active, nous espérons que ta soif de rencontrer Dieu ait été désaltérée et creusée tout à la fois ! Que la mémoire de quelques saveurs d’Évangile, de respirations profondes, de consolations reçues renouvellent ta confiance et ton espérance pour poursuive le chemin ici et maintenant, jusque dans l’éternité de l’Amour.        



À contre-courant – Cultiver les valeurs du Royaume de Dieu

Le non-conformisme évangélique fait partie de l’ADN anabaptiste. Dans l’histoire mennonite, il s’est parfois exprimé de manière uniquement réactive et légaliste. Aujourd’hui, on peut être tenté de l’abandonner par volonté de laisser davantage de place à la liberté individuelle (par ex. en matière d’habillement – un thème important dans l’histoire mennonite) ; ou alors par souci de voir principalement tout ce qui est commun aux chrétiens et aux autres personnes. Ces raisons peuvent alimenter un conformisme social qui est la pente naturelle et facile.

Sur une idée de Linda Oyer, les Éditions Mennonites ont publié deux tomes intitulés À contre-courant – Cultiver les valeurs du Royaume de Dieu, sous la direction de Nicolas Widmer, pasteur à l’Église de la Bonne Nouvelle de Vendenheim et membre du comité des Dossiers de Christ Seul.

Douze thèmes sont traités, avec six articles écrits par des femmes et six articles écrits par des hommes (voir la table des matières ci-dessous). L’ensemble cherche à montrer une différence chrétienne fructueuse, dans le domaine des attitudes et des comportements, alimentés par une saine spiritualité. Les douze thèmes recoupent en partie les facettes du fruit de l’Esprit décrites par l’apôtre Paul (Ga 5.22-23), en élargissant vers d’autres « valeurs » que l’on peut attribuer au « Royaume de Dieu ».

Chaque chapitre est construit de manière identique :

  1. Description de la culture ambiante (par ex. la culture du profit ou la culture du « tout, tout de suite »)

  2. Présentation de la valeur en question selon la Bible (par ex. la justice ou la patience)

  3. Manières de cultiver la valeur en question.

La plupart des auteurs sont engagés dans les Églises mennonites, mais des contributions d’auteurs d’Églises évangéliques (baptistes) sont à noter.

12 thèmes en vue de …

On peut imaginer que ces douze thèmes donnent lieu à douze prédications thématiques : c’est d’ailleurs de là qu’est venue l’idée par Linda Oyer. Cet été 2021, lors d’un camp des Lightclubberz pour ados, ces deux livres fourniront le matériau de ce qui se sera transmis aux participants. Un groupe de jeunes pourrait faire de même pour son programme annuel. Des groupes de maison pourraient lire ensemble un chapitre à la fois et en discuter.

Ensemble, les deux tomes proposent un non-conformisme évangélique en prise avec beaucoup de domaines de la vie actuelle, assumant la différence de manière missionnelle.

Après le confinement, pourquoi pas une retraite spirituelle en ligne ?

Ce temps de confinement et plus largement ce temps de crise sanitaire et de probable crise économique perturbent l’ordonnancement de nos jours.

  • Nous nous découvrons vulnérables.

  • Nous nous retrouvons à l’arrêt.

  • Nous sommes engagés corps et âme pour soigner ou sauver des vies.

  • Nous souffrons de la maladie ou nous souffrons aux côtés de malades

  • Nous connaissons la tristesse et le deuil.

  • Nous vivons la pression de la promiscuité.

  • Nous avons enfin du temps.

Ces situations variées ont en commun de nous contraindre à un rapport différent à ce qui fait l’ordinaire de nos vies.

Quoi que nous vivions, ce temps de déséquilibre peut être une occasion de revisiter en profondeur notre rapport à Dieu, à nous-mêmes, aux autres, aux priorités…

Comment sortirons-nous du confinement et de la crise ? Difficile à dire.

Mais peut-être qu’une retraite spirituelle sera bienvenue dans quelque temps.

  • Pour se donner du repos.

  • Pour prendre du recul et être ressourcé.

  • Pour passer en revue les émotions vécues.

  • Pour recevoir consolation et espérance.

  • Pour faire le point sur son mode de vie.

  • Pour célébrer le don de Dieu.

Si vous portez en vous de telles aspirations, la retraite spirituelle proposée par le Bienenberg au mois de juillet offre une bonne occasion pour vivre un temps particulier devant Dieu et avec Dieu. En raison de la crise sanitaire, elle est proposée en ligne (par Internet) cette année, pour la première fois.

Après le confinement subi, voici la retraite spirituelle choisie !

 


Retraite spirituelle « (Re)Trouver Dieu dans ma vie et avancer avec lui », du 4 au 10 juillet 2020, avec Madeleine Bähler, Claire-Lise Meissner, Jane-Marie Nussbaumer, Sabine Schmitt, Michel Sommer.

Infos et inscriptions : https://fr.bienenberg.ch/sem/retraite-spirituelle

Retraite spirituelle : Dieu t'invite!

Au milieu du quotidien de la vie, nous apprécions les événements spéciaux de rencontre : un anniversaire, une excursion à plusieurs, un repas partagé avec des amis, etc. L’anniversaire d’un enfant dans une famille devient par exemple un moment spécial, à certaines conditions, alors même que l’on vit ensemble tout le temps et sous le même toit.

Mais voilà : un rendez-vous est fixé pour fêter l’anniversaire, rien d’autre ; des préparatifs en cuisine ont lieu dont le résultat réjouira la tablée le moment venu ; la personne fêtée se sait entourée d’affection et vient au rendez-vous dans l’expectative du moment partagé, des paroles, du chant, du gâteau, du cadeau… C’est toute une atmosphère qui transforme les membres de la famille en convives présents les uns aux autres !

Une retraite spirituelle est un peu l’équivalent d’un anniversaire : Dieu t’invite à un moment particulier, juste pour toi, et avec lui, de manière heureuse. Certes, tu vis ta vie chrétienne avec lui, tu pries et lis la Bible, plus ou moins, tu vis ta vie d’Église avec lui. Mais voilà, il t’invite à un moment spécial avec lui : une retraite spirituelle.

« Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » : c’est l’invitation de Jésus à ses disciples suroccupés (Mc 6.31). 

Suroccupés

Beaucoup d’entre nous sont extérieurement et intérieurement suroccupés.

Ce qui constitue notre mode de vie actuel tend à nous suroccuper, en particulier les écrans et la connexion permanente aux autres et au monde : nous sommes constamment stimulés et en interaction extérieure. Entre travail, engagement pour l’Église, famille (le cas échéant), loisirs…, beaucoup sont suroccupés.

Ce qui nous habite intérieurement peut aussi avoir tendance à nous suroccuper :

  • une volonté de contrôle des autres et des situations qui prend toute notre énergie,

  • les frustrations et les blessures accumulées qui conduisent à la lassitude et à l’absence d’énergie,

  • la dépendance intérieure envers d’autres personnes ou des produits de substitution qui nous divise,

  • le culte de la performance qui nous fait vivre dans le regard des autres…

Suroccupés extérieurement et intérieurement, nous risquons de sombrer dans l’épuisement. Il est alors temps de faire un pas de côté, d’aller à l’écart, au désert et de répondre à l’invitation de Dieu, sous la forme d’une retraite. D’abord pour se reposer physiquement et mentalement, ensuite pour se reposer délibérément dans la présence de Dieu, enfin pour vivre un temps mis à part pour Dieu.

Temps à part

Tu peux te construire ta propre retraite spirituelle, mais tu risques alors d’être un peu trop aux commandes. Entrer dans le cadre proposé d’une retraite déjà organisée, c’est comme la fête d’anniversaire que les autres ont préparée pour toi. Tu peux y vivre le moment présent, recevoir, ouvrir les mains, être disponible, présent et attentif de manière nouvelle à Dieu, à ses paroles, lui qui a préparé le rendez-vous.

Au menu :

  • l’écoute des Écritures,

  • le silence,

  • la prière,

  • les réflexions,

  • les notes par écrit,

  • une balade,

  • le repos,

  • le sommeil,

  • la détente…

Peu à peu, au cours d’une retraite, nous devenons davantage ouverts à Dieu, plus libres intérieurement, ce qui peut passer il est vrai par des moments d’émotion ou de tension, à traverser dans le dialogue avec Dieu et éventuellement avec une personne désignée pour l’accompagnement.

Lorsque je choisis de faire une telle retraite, j’aime la vivre dans un lieu de prière, comme le Centre communautaire des sœurs protestantes du Hohrodberg, dans la vallée de Munster en Alsace. Même en cas de retraite brève, j’apprends alors à ralentir mon rythme de vie, à prendre du recul sur le vécu, à veiller à ce que l’essentiel reste l’essentiel, à avancer au travers de mes zones d’ombre avec l’aide du Dieu qui a préparé le rendez-vous.

« C’est dans le calme et la confiance que sera votre force. » (Es 30.15)

Une retraite spirituelle offre un espace où (re)trouver le calme et où (ré)apprendre la confiance : le calme car on y fait le choix de se couper des bruits extérieurs pour cheminer avec Dieu, la confiance car on y apprend à ouvrir les mains pour recevoir un cadeau, parfois inattendu, du Dieu qui nous a invités. La force est alors redonnée pour retourner dans le quotidien, pour y partager la joie de la rencontre avec Dieu.

Pour aller plus loin…

-          Retraite spirituelle au Bienenberg, « Pour retrouver le sens du temps… », du 6 au 12 juillet 2019, avec Madeleine Bähler, Claire-Lise Meissner-Schmidt, Jane-Marie Nussbaumer, Sabine Schmitt, Michel Sommer.

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-          Ruth Haley Barton, Invitation to Retreat – The Gift and Necessity of Time Away with God, IVP Books, Downers Grove, 2018. Les réflexions ci-dessus sont inspirées en partie de cet ouvrage.

5 conseils pour présider un culte

Pour qui préside des cultes ou pour qui va s’y lancer, voici 5 conseils développés sur une liste 20[1]. Pour en savoir plus sur les 15 autres, venez suivre la Formation Biblique pour le Service dans l’Église au Centre de Formation du Bienenberg !

  1. Oriente l’attention vers Dieu et non vers ta personne

L’assemblée réunie, qu’elle en ait une pleine conscience ou pas, est présente pour Dieu. Toi qui préside le culte ou une partie du culte, fais le maximum pour suggérer que nous sommes là à cause de Dieu, Père, Fils, Saint-Esprit. L’important, c’est Dieu, pas toi !

Il s’agit donc de parler de Dieu, de parler à Dieu, de parler au nom de Dieu. Et pas tant de toi, de ton vécu avant le culte, de tes préparatifs, de ton état d’esprit du moment. Lorsque tu fais cela, tu invites l’assemblée à se concentrer sur toi. Veille en particulier aux premiers mots prononcés au début du culte : ils indiquent qui est important.

L’enjeu, ce sont la place et l’importance de Dieu, signifiées en paroles. La personne qui préside accomplit cette tâche au service de Dieu : elle se place au-dessous de Dieu.

2. Sois flexible quant à la forme

Cela vaut pour tous !

Si tu es plutôt attaché à un « temps de louange » qui inclut 5 chants-de-suite-et-forcément-du- JEM-avec-courbe-de-progression-sinon-ce-n’est-pas-une-vraie-louange, ou si tu es adepte d’une liturgie où tout est écrit dans le moindre détail à l’avance, l’appel à la flexibilité s’impose, contre un formalisme réducteur.

Si tu es plutôt porté à croire que la spontanéité et les changements de dernière seconde sont plus inspirés ou si tu estimes inutile de préparer le culte en concertation avec le prédicateur ou la prédicatrice, l’appel à la flexibilité s’impose, contre un « informalisme » tout autant réducteur. Dieu peut t’inspirer une parole au millionième de seconde, pas de doute ! Dieu peut t’inspirer une parole 5 jours à l’avance tout aussi bien, pas de doute !

Être flexible se manifeste donc par de la liberté par rapport à un cadre réfléchi. Par exemple[2] :

1. rassemblement

2. écoute de la Parole de Dieu

3. réponse à la Parole de Dieu

4. envoi et bénédiction

Cette structure, pensée théologiquement, exprime ce qui est important dans un culte et peut être « remplie » avec flexibilité, qui est un appel à la créativité.

L’enjeu est de développer une vision globale du culte, pensée bibliquement et théologiquement, tout en variant les formes dans un état d’esprit de soumission mutuelle.

 

3.    Favorise et encourage une expérience communautaire

4.    Développe un climat de célébration

Présider un culte, ce n’est pas apporter une prédication qui ne dit pas son nom. Ce n’est pas non plus partager un long témoignage sur soi. Présider, c’est aider l’assemblée à célébrer son Dieu. Car le culte de l’Église est une fête. Pourquoi ? Parce que le Christ est ressuscité. Sans sa résurrection, les chrétiens ne se réuniraient pas. Sans sa résurrection, les premiers chrétiens ne se seraient pas réunis le premier jour de la semaine. Le culte chrétien a une tonalité festive, joyeuse, dans la présence du Ressuscité ! Les chants et la musique sont une aide, à condition qu’ils ne se transforment pas en spectacle. Ce climat de célébration n’exclut ni la solennité de la confession de péché ni l’expression de la souffrance et de la plainte. Le culte est une fête chrétienne.

Un sourire, des gestes accueillants, un chant à pleine voix, des paroles invitantes, du silence nourri de la Parole, des mots de transition adaptés, une touche artistique ou symbolique, un lieu inspirant, tout cela favorise un climat de célébration.

L’enjeu, c’est de proclamer ensemble que Jésus-Christ est ressuscité et de vivre en ressuscités, sans oublier la communion aux souffrances du Christ.

 

5.    Intègre une grande diversité d'expériences quotidiennes (joie et tristesse par ex.)

6.    Concerte-toi à l'avance avec la personne qui apporte la prédication, pour que le culte forme une unité

7.    Contribue à dérouler un fil rouge, par les transitions, par le choix des chants, par les textes bibliques, par les prières..., en recentrant, en soulignant... aussi face aux imprévus...

Si la prédication porte sur l’argent et sa gestion, déroule un fil rouge sur Dieu source de tout don. Si la prédication encourage à la confiance en Dieu dans les difficultés, choisis comme fil rouge l’affirmation selon laquelle Dieu est un refuge. Lors d’une transition, le fil rouge peut reprendre une parole de ce qui précède ou de ce qui suit et relier ainsi deux éléments du culte. Le fil rouge peut se voir aussi par les paroles des chants choisis, par les prières, par un témoignage...

On peut choisir d’annoncer dès le début un fil rouge. On peut aussi choisir de laisser l’assemblée le deviner et le repérer.

L’enjeu, c’est de permettre à l’assemblée de s’imprégner d’un thème décliné au fil du culte, afin de repartir avec une idée forte générale. Les échos au thème tout le long du culte renforcent cette idée générale et la font résonner pour que l’Esprit l’applique dans la communauté et sur l’esprit des participants.

8. Maintiens un équilibre entre réflexion et émotions, entre intériorité et expressivité

9. Favorise la convivialité, mais pas au point de perdre le sens de la transcendance de Dieu.

10. Inclus une variété de types et de formes de prière

11. Offre un temps de paroles libres

12. Inclus des moments de silence favorisant l'écoute et la réflexion

13. Utilise largement les textes bibliques dans toutes les parties du culte

14. Planifie la participation de plusieurs personnes – pour les lectures, la prière, la musique, un témoignage, etc.

15. Fais de la place au cours du culte pour les différents âges présents (par des moments particuliers, par le choix de chants, etc.)

16. Encourage la créativité et l'expression de dons artistiques (poésie, arts visuels, danse, mimes, sketchs...)

17. Veille sur ton langage : inclusif, clair, simple, direct, à propos, et sur ton langage non verbal...

18. Fais ce que tu as prévu de faire sans annoncer que tu vas le faire !

On croit qu’il faut dire à l’avance que l’on va chanter les chants 879, 427 et 602 dans le JEM, qu’il faut dire le titre du chant, qu’il faut prévenir que l’on va prier soi-même, que Sandrine va lire le psaume 139, les verset 1 à 20, etc. Résultat : le culte est haché de consignes non nécessaires qui sont autant d’interférences, c’est-à-dire, ces multiples paroles inutiles (pardon !) qui alourdissent et détournent finalement de l’interaction entre l’assemblée et Dieu et vice-versa.

Bien sûr, il arrive que des consignes ou des explications soient utiles. Mais on peut aussi les transmettre d’un geste (doux), comme pour inviter l’assemblée à se lever ou à prendre place. Présider un culte, c’est vivre le culte, c’est célébrer et non passer son temps à expliquer et à annoncer ce qui va suivre.

L’enjeu, c’est, par la présidence de culte, de faciliter la communion avec Dieu, sa Parole, son Esprit, de manière priante.

 

19. Veille à ce que le culte équipe en vue de la vie quotidienne

20. Préside le culte en faisant ta part et en t’attendant à l'action du Saint-Esprit au travers de ce que tu as préparé, dit, prié, célébré, partagé, etc.

 

Michel Sommer


Pour aller plus loin…

On peut s’inscrire à FBSE ici : https://fr.bienenberg.ch/fbse

On y traite entre autres de la théologie du culte, de la présidence de culte, avec aussi des ateliers pratiques, comme lors du week-end FBSE des 15-16 février 2019.

[1] Ces réflexions sont inspirées au départ du livre d’Eleanor Kreider, Enter His Gates – Fitting Worship Together, Marshall Pickering, 1989, p. 51-52, et adaptées et développées.

[2] Voir Janie Blough, Dieu au centre – Retrouver le sens du culte, Éditions Mennonites, Montbéliard, Dossier de Christ Seul 3/2013

Réflexion après le début de la formation Points chauds...

Après un week-end d’introduction sur les théories de l’interprétation de la Bible et sur la communication non-violente, la formation Points chauds a véritablement démarré, avec

  • une journée à Pulversheim (F) sur la prédestination et

  • une journée à Tramelan (CH) sur les sens de la mort du Christ.

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Quelques réflexions

Je partage quelques réflexions inspirées par les apports de Neal Blough et de Jacques Nussbaumer à Tramelan.

Certains participants ont découvert que la question du sens ou des sens de la mort du Christ faisait débat au sein des Églises évangéliques. Deux positions (il y a en d’autres) ont été présentées :

  • Le modèle du Christ victorieux (Neal Blough)

  • Le modèle de la substitution pénale (Jacques Nussbaumer).

 Les intervenants ont résumé ainsi leur position respective.

  • Pour le Christ victorieux : « par la mort et la résurrection du Christ, Dieu a vaincu les forces du mal et de la mort, opérant ainsi le pardon et la libération de l'esclavage du péché. »

  • Pour la substitution pénale : « Par sa mort sur la croix, Jésus-Christ a porté la peine que méritait le péché des hommes, se substituant à eux. »

 Les deux présentations ont permis d’affiner la perception que l’on peut avoir de chaque position. On évite ainsi les caricatures qui n’aident pas à la compréhension mutuelle et au dialogue. Cela demande un vrai travail théologique et de réelles compétences en exégèse, en herméneutique, en dogmatique.

Les deux présentations ont mis en évidence l’importance du rôle de l’histoire de l’Église, quand les chrétiens, à diverses époques, élaborent des doctrines à partir des textes bibliques, mettant l’accent sur tel aspect plutôt que sur tel autre, et cherchant à répondre à des problématiques particulières, liée à un contexte historique.

 On a aussi pu s’apercevoir que, pour chaque position présentée sur le sujet, des dérives peuvent exister, qu’il s’agit de reconnaître pour chaque tenant d’une position, et qu’il s’agit pour l’autre de ne pas absolutiser.

 Les intervenants, tout en affirmant leur désaccord avec convictions, ont dialogué de manière fraternelle et respectueuse. A la fin de la journée, une participante a déclaré que leur manière d’être en dialogue donnait de l’espoir pour d’autres situations et était donc source d’inspiration.

Une question

Les deux positions sont-elles exclusives ou peuvent-elles être vues comme complémentaires ? Ou plus précisément : une des positions a-t-elle une importance prépondérante ?

La journée avait commencé par une animation invitant chaque participant à se positionner physiquement sur une ligne imaginaire, entre les deux positions affichées aux deux extrémités de la salle. Ce placement géographique donnait à voir que l’on peut être pour la position A, mais plus ou moins ; ou pour la position B, mais plus ou moins – ce qui évite les généralisations abusives. A la fin de la journée, une participante a partagé que si l’exercice était refait alors, son positionnement ne serait plus le même, parce qu’elle avait mieux compris la visée et la portée de la position de la substitution pénale.

Suite des découvertes le samedi 1er décembre à Pulversheim sur l’homosexualité avec Nicolas Farelly et Elian Cuvillier, et le samedi 8 décembre sur la non-violence ou la guerre juste, avec Alexandre Nussbaumer et Matthieu Sanders.