Pour qui préside des cultes ou pour qui va s’y lancer, voici 5 conseils développés sur une liste 20[1]. Pour en savoir plus sur les 15 autres, venez suivre la Formation Biblique pour le Service dans l’Église au Centre de Formation du Bienenberg !
Oriente l’attention vers Dieu et non vers ta personne
L’assemblée réunie, qu’elle en ait une pleine conscience ou pas, est présente pour Dieu. Toi qui préside le culte ou une partie du culte, fais le maximum pour suggérer que nous sommes là à cause de Dieu, Père, Fils, Saint-Esprit. L’important, c’est Dieu, pas toi !
Il s’agit donc de parler de Dieu, de parler à Dieu, de parler au nom de Dieu. Et pas tant de toi, de ton vécu avant le culte, de tes préparatifs, de ton état d’esprit du moment. Lorsque tu fais cela, tu invites l’assemblée à se concentrer sur toi. Veille en particulier aux premiers mots prononcés au début du culte : ils indiquent qui est important.
L’enjeu, ce sont la place et l’importance de Dieu, signifiées en paroles. La personne qui préside accomplit cette tâche au service de Dieu : elle se place au-dessous de Dieu.
2. Sois flexible quant à la forme
Cela vaut pour tous !
Si tu es plutôt attaché à un « temps de louange » qui inclut 5 chants-de-suite-et-forcément-du- JEM-avec-courbe-de-progression-sinon-ce-n’est-pas-une-vraie-louange, ou si tu es adepte d’une liturgie où tout est écrit dans le moindre détail à l’avance, l’appel à la flexibilité s’impose, contre un formalisme réducteur.
Si tu es plutôt porté à croire que la spontanéité et les changements de dernière seconde sont plus inspirés ou si tu estimes inutile de préparer le culte en concertation avec le prédicateur ou la prédicatrice, l’appel à la flexibilité s’impose, contre un « informalisme » tout autant réducteur. Dieu peut t’inspirer une parole au millionième de seconde, pas de doute ! Dieu peut t’inspirer une parole 5 jours à l’avance tout aussi bien, pas de doute !
Être flexible se manifeste donc par de la liberté par rapport à un cadre réfléchi. Par exemple[2] :
1. rassemblement
2. écoute de la Parole de Dieu
3. réponse à la Parole de Dieu
4. envoi et bénédiction
Cette structure, pensée théologiquement, exprime ce qui est important dans un culte et peut être « remplie » avec flexibilité, qui est un appel à la créativité.
L’enjeu est de développer une vision globale du culte, pensée bibliquement et théologiquement, tout en variant les formes dans un état d’esprit de soumission mutuelle.
3. Favorise et encourage une expérience communautaire
4. Développe un climat de célébration
Présider un culte, ce n’est pas apporter une prédication qui ne dit pas son nom. Ce n’est pas non plus partager un long témoignage sur soi. Présider, c’est aider l’assemblée à célébrer son Dieu. Car le culte de l’Église est une fête. Pourquoi ? Parce que le Christ est ressuscité. Sans sa résurrection, les chrétiens ne se réuniraient pas. Sans sa résurrection, les premiers chrétiens ne se seraient pas réunis le premier jour de la semaine. Le culte chrétien a une tonalité festive, joyeuse, dans la présence du Ressuscité ! Les chants et la musique sont une aide, à condition qu’ils ne se transforment pas en spectacle. Ce climat de célébration n’exclut ni la solennité de la confession de péché ni l’expression de la souffrance et de la plainte. Le culte est une fête chrétienne.
Un sourire, des gestes accueillants, un chant à pleine voix, des paroles invitantes, du silence nourri de la Parole, des mots de transition adaptés, une touche artistique ou symbolique, un lieu inspirant, tout cela favorise un climat de célébration.
L’enjeu, c’est de proclamer ensemble que Jésus-Christ est ressuscité et de vivre en ressuscités, sans oublier la communion aux souffrances du Christ.
5. Intègre une grande diversité d'expériences quotidiennes (joie et tristesse par ex.)
6. Concerte-toi à l'avance avec la personne qui apporte la prédication, pour que le culte forme une unité
7. Contribue à dérouler un fil rouge, par les transitions, par le choix des chants, par les textes bibliques, par les prières..., en recentrant, en soulignant... aussi face aux imprévus...
Si la prédication porte sur l’argent et sa gestion, déroule un fil rouge sur Dieu source de tout don. Si la prédication encourage à la confiance en Dieu dans les difficultés, choisis comme fil rouge l’affirmation selon laquelle Dieu est un refuge. Lors d’une transition, le fil rouge peut reprendre une parole de ce qui précède ou de ce qui suit et relier ainsi deux éléments du culte. Le fil rouge peut se voir aussi par les paroles des chants choisis, par les prières, par un témoignage...
On peut choisir d’annoncer dès le début un fil rouge. On peut aussi choisir de laisser l’assemblée le deviner et le repérer.
L’enjeu, c’est de permettre à l’assemblée de s’imprégner d’un thème décliné au fil du culte, afin de repartir avec une idée forte générale. Les échos au thème tout le long du culte renforcent cette idée générale et la font résonner pour que l’Esprit l’applique dans la communauté et sur l’esprit des participants.
8. Maintiens un équilibre entre réflexion et émotions, entre intériorité et expressivité
9. Favorise la convivialité, mais pas au point de perdre le sens de la transcendance de Dieu.
10. Inclus une variété de types et de formes de prière
11. Offre un temps de paroles libres
12. Inclus des moments de silence favorisant l'écoute et la réflexion
13. Utilise largement les textes bibliques dans toutes les parties du culte
14. Planifie la participation de plusieurs personnes – pour les lectures, la prière, la musique, un témoignage, etc.
15. Fais de la place au cours du culte pour les différents âges présents (par des moments particuliers, par le choix de chants, etc.)
16. Encourage la créativité et l'expression de dons artistiques (poésie, arts visuels, danse, mimes, sketchs...)
17. Veille sur ton langage : inclusif, clair, simple, direct, à propos, et sur ton langage non verbal...
18. Fais ce que tu as prévu de faire sans annoncer que tu vas le faire !
On croit qu’il faut dire à l’avance que l’on va chanter les chants 879, 427 et 602 dans le JEM, qu’il faut dire le titre du chant, qu’il faut prévenir que l’on va prier soi-même, que Sandrine va lire le psaume 139, les verset 1 à 20, etc. Résultat : le culte est haché de consignes non nécessaires qui sont autant d’interférences, c’est-à-dire, ces multiples paroles inutiles (pardon !) qui alourdissent et détournent finalement de l’interaction entre l’assemblée et Dieu et vice-versa.
Bien sûr, il arrive que des consignes ou des explications soient utiles. Mais on peut aussi les transmettre d’un geste (doux), comme pour inviter l’assemblée à se lever ou à prendre place. Présider un culte, c’est vivre le culte, c’est célébrer et non passer son temps à expliquer et à annoncer ce qui va suivre.
L’enjeu, c’est, par la présidence de culte, de faciliter la communion avec Dieu, sa Parole, son Esprit, de manière priante.
19. Veille à ce que le culte équipe en vue de la vie quotidienne
20. Préside le culte en faisant ta part et en t’attendant à l'action du Saint-Esprit au travers de ce que tu as préparé, dit, prié, célébré, partagé, etc.
Michel Sommer
Pour aller plus loin…
On peut s’inscrire à FBSE ici : https://fr.bienenberg.ch/fbse
On y traite entre autres de la théologie du culte, de la présidence de culte, avec aussi des ateliers pratiques, comme lors du week-end FBSE des 15-16 février 2019.
[1] Ces réflexions sont inspirées au départ du livre d’Eleanor Kreider, Enter His Gates – Fitting Worship Together, Marshall Pickering, 1989, p. 51-52, et adaptées et développées.
[2] Voir Janie Blough, Dieu au centre – Retrouver le sens du culte, Éditions Mennonites, Montbéliard, Dossier de Christ Seul 3/2013