Apprendre à être pécheur

En vue des journées d’étude du 22 au 24 septembre 2017 au Bienenberg, sur le thème du péché, voici quelques pensées décalées et sérieuses…

La notion de « péché » n’a pas bonne presse. On lui préfère le pêcher, surtout à l’arrivée de l’été ! D’autres optent pour aller pêcher sur les bords d’une rivière, au « Paradis des pêcheurs » !

Il fut un temps où, dans les Églises, les chapelles et chez les chrétiens, on battait sa coulpe en répétant sans fin : « C’est ma faute, c’est ma très grande faute ». Lorsque l’on n’avait rien fait de mal, on se flagellait pour avoir pensé mal. Et lorsque l’on n’avait rien à se reprocher, on s’accusait de se prendre pour un juste. Et lorsqu’on n’avait pas même cela à se reprocher, on était quand même injuste, parce qu’il en est ainsi ! On comprend alors que l’on ait opté pour aller pêcher plutôt que de parler de péché.

Aujourd’hui, plus personne ne se reconnaît pécheur. Même lorsqu’il est évident aux yeux de tous que l’on a tort, on se débrouille pour [cocher la bonne case] :

  • mettre la faute sur les autres, que ce soit les ancêtres, les étrangers, la société…
  • se trouver des excuses liées aux circonstances, au manque de temps, au stress, aux humeurs provoquées par la météo
  • se reconnaître responsable mais pas coupable
  • changer de sujet
  • faire semblant de ne rien avoir entendu
  • et surtout, surtout, ne jamais demander pardon.

Finalement, qu’est-ce qui vaut mieux : un monde où il faut toujours se considérer coupable ou un monde où l’on ne se reconnaît jamais coupable ?

Dans la Bible, le péché est évoqué à l’aide d’une image : rater la cible ! Mais quelle est cette cible à viser ? Si l’on en croit l’homme de Nazareth, la cible prend les contours suivants : Aime Dieu de toute ta force, et ton prochain comme toi-même. Le péché, du coup, c’est de ne pas aimer Dieu et le prochain, sous la forme – en bref – de l’idolâtrie et de l’autonomie par rapport à Dieu, de la haine ou de l’indifférence envers autrui. On comprend alors l’ampleur du concept…

Le péché, c’est bien davantage que de respecter ou pas un code moral. Il s’agit de l’orientation de toute la vie, qui se traduit il est vrai par un caractère, des actes, des paroles, des pensées… Nous ratons si souvent la cible ! Il faut donc, comme le dit l’éthicien nord-américain Stanley Hauerwas, « apprendre à être pécheur », car cela ne nous est pas naturel.

Un des symptômes de la difficulté actuelle à accorder au péché sa juste place, c’est l’absence de confession de péché ou de prière de repentance dans la spiritualité des cultes des Églises évangéliques. Si l’on n’a jamais l’occasion, devant Dieu, de se reconnaître pécheur, ayant raté la cible, pourquoi demanderait-on pardon au conjoint, au collègue, à l’ami, au frère et à la sœur en Christ ?

Le titre d’un livre de Daniel Bourguet (la repentance, une bonne nouvelle) montre la voie : le paradis des pécheurs (!) est le lieu où de grandes réorientations sont possibles, où des relations renouvelées sont envisageables, où il fait bon s’exposer à la lumière du Soleil de Dieu pour que reculent les ténèbres du mal.

Journées d’étude au Bienenberg – 22-24 septembre 2017

« Que celui qui est sans péché – Entre minimisation et surenchère du péché »

Avec Madeleine Bähler, Janie Blough, Marie-Noëlle Yoder, Lukas Amstutz, Frédéric de Coninck, Hanspeter Jecker, Denis Kennel, Daniel Plessing, Andreas Rosenwink, Michel Sommer, Marcus Weiand.

Infos et inscriptions : voir ici