Au milieu du quotidien de la vie, nous apprécions les événements spéciaux de rencontre : un anniversaire, une excursion à plusieurs, un repas partagé avec des amis, etc. L’anniversaire d’un enfant dans une famille devient par exemple un moment spécial, à certaines conditions, alors même que l’on vit ensemble tout le temps et sous le même toit.
Mais voilà : un rendez-vous est fixé pour fêter l’anniversaire, rien d’autre ; des préparatifs en cuisine ont lieu dont le résultat réjouira la tablée le moment venu ; la personne fêtée se sait entourée d’affection et vient au rendez-vous dans l’expectative du moment partagé, des paroles, du chant, du gâteau, du cadeau… C’est toute une atmosphère qui transforme les membres de la famille en convives présents les uns aux autres !
Une retraite spirituelle est un peu l’équivalent d’un anniversaire : Dieu t’invite à un moment particulier, juste pour toi, et avec lui, de manière heureuse. Certes, tu vis ta vie chrétienne avec lui, tu pries et lis la Bible, plus ou moins, tu vis ta vie d’Église avec lui. Mais voilà, il t’invite à un moment spécial avec lui : une retraite spirituelle.
« Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » : c’est l’invitation de Jésus à ses disciples suroccupés (Mc 6.31).
Suroccupés
Beaucoup d’entre nous sont extérieurement et intérieurement suroccupés.
Ce qui constitue notre mode de vie actuel tend à nous suroccuper, en particulier les écrans et la connexion permanente aux autres et au monde : nous sommes constamment stimulés et en interaction extérieure. Entre travail, engagement pour l’Église, famille (le cas échéant), loisirs…, beaucoup sont suroccupés.
Ce qui nous habite intérieurement peut aussi avoir tendance à nous suroccuper :
une volonté de contrôle des autres et des situations qui prend toute notre énergie,
les frustrations et les blessures accumulées qui conduisent à la lassitude et à l’absence d’énergie,
la dépendance intérieure envers d’autres personnes ou des produits de substitution qui nous divise,
le culte de la performance qui nous fait vivre dans le regard des autres…
Suroccupés extérieurement et intérieurement, nous risquons de sombrer dans l’épuisement. Il est alors temps de faire un pas de côté, d’aller à l’écart, au désert et de répondre à l’invitation de Dieu, sous la forme d’une retraite. D’abord pour se reposer physiquement et mentalement, ensuite pour se reposer délibérément dans la présence de Dieu, enfin pour vivre un temps mis à part pour Dieu.
Temps à part
Tu peux te construire ta propre retraite spirituelle, mais tu risques alors d’être un peu trop aux commandes. Entrer dans le cadre proposé d’une retraite déjà organisée, c’est comme la fête d’anniversaire que les autres ont préparée pour toi. Tu peux y vivre le moment présent, recevoir, ouvrir les mains, être disponible, présent et attentif de manière nouvelle à Dieu, à ses paroles, lui qui a préparé le rendez-vous.
Au menu :
l’écoute des Écritures,
le silence,
la prière,
les réflexions,
les notes par écrit,
une balade,
le repos,
le sommeil,
la détente…
Peu à peu, au cours d’une retraite, nous devenons davantage ouverts à Dieu, plus libres intérieurement, ce qui peut passer il est vrai par des moments d’émotion ou de tension, à traverser dans le dialogue avec Dieu et éventuellement avec une personne désignée pour l’accompagnement.
Lorsque je choisis de faire une telle retraite, j’aime la vivre dans un lieu de prière, comme le Centre communautaire des sœurs protestantes du Hohrodberg, dans la vallée de Munster en Alsace. Même en cas de retraite brève, j’apprends alors à ralentir mon rythme de vie, à prendre du recul sur le vécu, à veiller à ce que l’essentiel reste l’essentiel, à avancer au travers de mes zones d’ombre avec l’aide du Dieu qui a préparé le rendez-vous.
« C’est dans le calme et la confiance que sera votre force. » (Es 30.15)
Une retraite spirituelle offre un espace où (re)trouver le calme et où (ré)apprendre la confiance : le calme car on y fait le choix de se couper des bruits extérieurs pour cheminer avec Dieu, la confiance car on y apprend à ouvrir les mains pour recevoir un cadeau, parfois inattendu, du Dieu qui nous a invités. La force est alors redonnée pour retourner dans le quotidien, pour y partager la joie de la rencontre avec Dieu.
Pour aller plus loin…
- Retraite spirituelle au Bienenberg, « Pour retrouver le sens du temps… », du 6 au 12 juillet 2019, avec Madeleine Bähler, Claire-Lise Meissner-Schmidt, Jane-Marie Nussbaumer, Sabine Schmitt, Michel Sommer.
- Ruth Haley Barton, Invitation to Retreat – The Gift and Necessity of Time Away with God, IVP Books, Downers Grove, 2018. Les réflexions ci-dessus sont inspirées en partie de cet ouvrage.