Crises locales ou effondrement global?

Le premier livre en français sur la collapsologie pour un public chrétien

Frédéric de Coninck signe un nouveau livre, sur une question très actuelle : la crise environnementale et climatique va-t-elle conduire à un effondrement généralisé (collapse) ? Certains le pensent et l’annoncent comme une certitude. D’autres au contraire estiment que l’être humain trouvera une solution soit par la technique ou à partir d’une prise de conscience provoquée par une catastrophe. D’autres enfin estiment que l’on va un jour vers une « dictature verte ».

La position de l’auteur peut se résumer ainsi : pour des raisons scientifiques, on ne peut prédire l’avenir des sociétés et il n’est donc pas possible d’affirmer à l’avance un effondrement global. Mais il y a des menaces avérées et très sérieuses et il est certain que l’humanité n’est pas sur la bonne trajectoire, ce qui se traduit par le dérèglement climatique, la consommation exagérée des ressources naturelles, la diminution de la biodiversité, l’enrichissement d’une toute petite minorité, la coupure de la société en deux. Nous allons vers de sérieuses crises locales, sociales, économiques, environnementales, sauf si…

C’est là que Frédéric de Coninck fait intervenir les prophètes de l’Ancien Testament, avertissant leurs contemporains de catastrophes imminentes, à moins que le peuple d’Israël ne change en matière d’idolâtrie et d’injustice sociale. La littérature apocalyptique, elle, annonce des fins et une Fin, à distinguer et surtout à prendre en compte pour un changement.

Dans le contexte actuel, le livre se clôt par un appel aux chrétiens à faire des choix de vie dans la ligne des Béatitudes, à « tenir bon dans les tempêtes » et à former en Églises des communautés qui incarnent des manières de vivre empreintes de sobriété. Un témoignage collectif en actes, par fidélité à l’Évangile et dans l’espérance du Royaume qui vient.

Comme il sait bien le faire, Frédéric de Coninck rend accessible à tous des questions compliquées, fait le lien entre questions actuelles de société et textes bibliques, et interpelle les Églises et les chrétiens de manière radicale et réaliste…

Pour aller plus loin…

Frédéric de Coninck, Crises locales ou effondrement global ? Chrétiens dans un monde lézardé, Dossiers de Christ Seul 1/2022, Éditions Mennonites, 72 pages, 11 €. A commander ici.

"Les crises de la foi", un livre à lire ensemble

Une lecture en groupe et avec les auteurs!

Lire le livre “Les crises de la foi. Étapes sur le chemin de la vie spirituelle ” en groupe c’est maintenant possible!

  • En plus de la lecture du livre, 7 soirées sont prévues pour dialoguer avec Louis Schweitzer et Linda Oyer, professeurs de théologie et fondateurs de la formation à l’accompagnement spirituel (ISCAS).

  • Les rencontres ont lieu les mercredis soirs de 20h15 à 21h30 sur Zoom. Le groupe suivre étape après étape les différentes phases de la vie spirituelle telles qu’elles ont été définies par les auteurs.

La formation est gratuite, mais l’inscription obligatoire! Il est possible d’y participer seul ou en couple, ou même en Église!

Dates

Les mercredis à 20h15 - Télécharger le programme

  • 28 septembre : la crise du prophète Élie

  • 12 octobre: l’apôtre Pierre

  • 2 novembre: la crise de François d’Assise

  • 9 novembre: Les phases de la vie spirituelle

  • 23 novembre: La crise et la fécondité

  • 7 décembre: l’incertitude confiante

  • 14 décembre: vivre ensemble la diversité

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Que faire pour s’inscrire?

  1. S’inscrire gratuitement à la formation via ce lien ou en remplissant le flyer à la main et en le retournant par courrier.

  2. Se procurer le livre - le commander depuis la France ou la Suisse

  3. Participer aux soirées sur zoom!

Histoire, identité et dialogue

Le dernier livre de la collection “Perspectives anabaptistes” a paru aux éditions Excelsis! Ne manquez pas le dernier ouvrage du théologie anabaptiste Neal Blough “Histoire, identité et dialogue: Réformes et réformes radicales.

Neal Blough a écrit de nombreux articles tout au long de sa vie et le contenu de ce livre rassemble des articles publiés dans diverses revues sur une période de 30 ans. Pourtant, il ne s’agit pas ici d’une simple collection. L’organisation du livre n’a rien du hasard. Dans la première partie l’auteur explique les origines du mouvement anabaptiste dans le contexte des réformes. Dans la deuxième partie, l’historien devient théologien et ose le dialogue. Il pose la question du sens et de la signification des événements du passé.

Table des matières

Partie I: L’émergence de l’anabaptisme et et les regards portés sur celui-ci

1. La Réforme, un regard nouveau: villes, paysans et anabaptistes

2. Luther, le père involontaire de la dissidence protestante et de l’anabaptisme?

3. La justification: Luther et l’anabaptisme

4. Pilgram Marpeck: confessionnalisation et coercition

5. La dispute de Lausanne, l’anabaptisme et le pouvoir civil

6. Calvin et les anabaptistes

Partie II: Histoire et théologie, hier et aujourd’hui

7. Histoire du christianisme et histoire de l’Église

8. Harold Bender, “la vision anabaptiste” et les mennonites de France

9. Les Églises de professants: un monachisme de substitution

10. L’expérience de l’Esprit dans l’anabaptisme historique

11. Baptême, Esprit et Église: quelques “disjonctions” dans l’histoire protestante

12. Du “Jésus politique” au “Christ anabaptiste”

13: La sacramentalité de l’Église: l’Église du seizième siècle et Vatican II

14. La Réforme radicale : entre corpus christianum et ghetto

Un livre en vente sur le site d’Excelsis et disponible à l’achat au Centre de Formation du Bienenberg.

Accorder le pardon

“Puis-je pardonner à celui qui est coupable de la mort de notre enfant ? C'est une entreprise téméraire que d'écrire à ce propos”, souligne Thomas Dauwalter. “C'est la première fois que je parle en détail du processus de pardon en lien avec cet événement. C'est une entreprise téméraire que d'aborder un tel sujet. Pour plus de clarté : je parle en mon nom et pas au nom des membres de ma famille. Ce que je vais dire sur la rencontre avec le responsable de l'accident n’engage que moi ; il pourrait aussi en parler de son côté. Chacun a donné à l'autre la liberté de dire ce qu'il a jugé opportun dans la situation en question. Sur le chemin du pardon, j'ai vécu les étapes suivantes.

Étape 1 : La tragique nouvelle

Le 26 juillet 2004, à trois heures du matin, on sonne à notre porte. Deux policiers et un aumônier d'urgence - comme je le comprendrai plus tard - se tenaient devant la porte. L'un des policiers a la pénible tâche de m'annoncer la terrible nouvelle du décès accidentel de notre fille, Michi :

« Votre fille a eu un accident de la route. Pour faire court, elle n'a pas survécu ! Cause de l'accident : un véhicule arrivant en sens inverse s'est retrouvé de son côté de la route et l'a percutée de plein fouet sur son scooter Vespa. Elle n'a eu aucune chance. L'accident s'est produit sur un pont. L'homme était sous l'emprise d'une forte alcoolémie et a, en outre, commis un délit de fuite. »

Ma vie m’a paru être semblable à une page jusqu'alors blanche et agréable, devenue d'un seul coup, noire et sombre. Les pensées suivantes m’ont envahi : le monde n’est pas bon. Les gens ne me veulent pas du bien. Dieu n'a pas de bonnes intentions à mon égard. Je ne vaux rien, je suis l'idiot de la nation. Et en même temps, une phrase a surgi, à l’opposé de à ce qui se passait. Une phrase que j'avais lue, il y a des années, dans le petit livre de Fritz Schwarz: Ich werweigere mich – oder von der Schönheit des Glaubens (Le refus de se soumettre ou la beauté de la foi), m'avait déjà interpellé à l'époque : « La beauté de la foi chrétienne ne peut pas être décrite. Je pourrais devenir fou, fou de joie. » Un paradoxe criant ! C'est possible, me suis-je dit. Cela m’a rendu pensif. Cette phrase est devenue un cri du cœur :

« Jésus, j'aimerais pouvoir à nouveau parler de la beauté de la foi. Avec conviction. Et de telle sorte que je ne doive pas faire abstraction de cette expérience amère, mais qu'elle soit assimilée ! »

Étape 2 : Protestation et déni

Impuissants et abasourdis, nous étions assis à table. Le choc, le désespoir, la tristesse, l'impuissance, la paralysie, le mutisme, des pensées comme « ce n’est pas possible, c'est un cauchemar » ont continué à hanter mes jours, mes semaines et les mois suivants. Mais il y avait aussi une résistance intérieure :

« Je ne vais pas laisser une personne responsable de la mort de notre enfant gâcher ma vie. Je refuse qu'une racine d’amertume détruise ma vie. Je refuse de chercher à me venger. Et je refuse que le deuil devienne ma raison de vivre. Je veux apprendre à accepter cet événement terrible. Oui, il doit faire partie de ma vie. Une partie de mon histoire avec Dieu et non un chapitre sombre mis à part. Je dois apprendre à me réconcilier avec ce chapitre de ma vie. Je veux aussi me réconcilier avec Dieu. Pour y parvenir, le pardon est une grande partie du chemin. »

Je veux vouloir pardonner à cette personne. Mais comment faire ? Comment pardonner dans un tel cas ? Nous avons l’habitude de prier :

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » (Mt 6.12).

Étape 3 : Questions sur questions

Qui est vraiment responsable de la mort de notre Michi ? Le responsable de l'accident ? Ou même Dieu ? N'aurait-il pas pu l'empêcher ? J'étais tiraillé. À cela s'ajoutait le magnifique Psaume 121 que Michi avait écrit dans sa chambre en guise de profession de foi. La question surgissait inévitablement en moi : « Où étais-tu, Dieu ? » Des questions toutes simples ont jailli en moi.

J'ai également constaté qu'il n'y avait pas de système judiciaire objectif dans notre pays. Nous avons reçu 3000 € de dédommagement. Qu'est-ce pour une vie ? Qu’est-ce qu’on peut faire avec cet argent ?

À l'époque, j'ai lu dans le journal que Stefan Raab avait été condamné à payer 70.000 € de dommages et intérêts pour atteinte à la vie privée, suite à des plaisanteries grossières aux dépens d'une écolière. Il avait utilisé le nom d’une jeune fille de 16 ans, Lisa Loch (note de traduction : Lisa Trou), de manière répétitive pour des jeux de mots douteux.

Au final, j'ai compris au fond de moi qu'il n'y avait pas de justice objective. Culpabilité ici, punition là. Affaire classée. Est-ce ainsi que l'on empêche d'autres délits ? Je ne plaide pas pour que la dette soit exemptée de conséquences. Que dirait Dieu : Oui, il y a ici une dette inestimable et irréparable. La réponse est le pardon, au moment voulu et si possible, la réconciliation et le rétablissement des relations. La victime et le coupable se rencontrent. Le rapport à la faute est un puissant moteur de guérison et d’élan de vie. La vengeance a un inconvénient : elle provoque à nouveau la vengeance. Et cela ne s'arrête jamais. Dans les grandes comme dans les petites choses.

Étape 4 : Que faire de mon agressivité ?

Comment gérer mon agressivité envers le coupable ? Celle-ci réapparaissait de manière sporadique. Elle n'était pas particulièrement prononcée, mais il y avait toujours quelque chose qui était là.

Une déclaration de Paul, un homme de la Bible au temps de l’Église primitive, m'a toujours été d'une grande aide : je n'ai pas besoin de me venger. C'est un autre qui s'en charge :

« Ne vous faites pas justice vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez place à la colère, car il est écrit : C’est moi qui fais justice ! C’est moi qui paierai de retour, dit le Seigneur. » (Rm 12.19).

La vengeance peut donc être déléguée à celui qui est le Juste.

En plus, je me souvenais de l'histoire de Caïn et Abel, le premier meurtre décrit dans la Bible. Caïn a tué son frère Abel par jalousie. Il l'a assassiné. À un moment donné, Dieu s'approche de lui avec cette question choquante : « Caïn, où est ton frère ? » Caïn pensait que le cas d'Abel était réglé. Mais il y avait quelqu’un qui n'avait pas oublié. C'était Dieu et il demanda à Caïn : « Où est ton frère ? »

Le sang d'Abel s'était infiltré dans la terre depuis longtemps. QUELQU’UN n'avait pas oublié. Une image s'est formée en moi. Si la tache de sang sur la route de Mahlspüren s'est infiltrée depuis longtemps, si un jour la route n'existe plus et si peut-être même Mahlspüren disparaît, quelqu'un ne va pas oublier. Un jour, il demandera au responsable de l'accident :

« Qu'as-tu fait cette nuit-là ? Tu as laissé la fillette sur place ! Est-ce que tu t'es présenté chez les parents pour leur demander pardon ? »

Cette pensée m’a réconforté un certain temps. Au même moment, je commençais à avoir de la peine pour le responsable de l'accident. J'imagine que le fait d'être confronté à Dieu est très dangereux. Et c'est alors qu'une autre déclaration de la Bible a revêtu une beauté particulière :

« J’entendis du trône une voix forte qui disait : La demeure de Dieu est avec les humains ! Il aura sa demeure avec eux, ils seront ses peuples, et lui-même, qui est Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. »  (Ap 21.2-4).

Michi s'était fait baptiser trois semaines avant son accident. Plus tard, j'ai commencé à me renseigner sur l'accident et à prier son auteur : « Père, aie pitié de lui et donne-moi l'inspiration pour l'affronter avec clarté et réconciliation. » Le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse, est devenu à cette époque un véritable livre de consolation, ce qui est d'ailleurs l'intention centrale de ce livre. C'est à peine croyable !

Étape 5 : Dieu m'a pardonné, je vais donc aussi pardonner.

Je voulais pardonner à l’auteur de l'accident et le lui faire savoir d'une manière ou d'une autre. Ma motivation n'était toutefois pas claire : pour me protéger de l'amertume ? Pour obéir à Dieu ? Pour être un bon chrétien ? Pour passer pour un super-chrétien devant les autres ? Une chose est sûre : les réflexions sur le pardon ont surtout porté sur moi-même ! Au cours de la première année après l'accident, j'ai essayé d'obtenir un rendez-vous par l'intermédiaire d’une tierce personne. Le contact n'a pas eu lieu. Et c'est bien ainsi. À ce moment-là, j'avais pardonné en prenant de haut le coupable :

« Moi, bon chrétien, je te pardonne, pauvre responsable de l'accident. Nous autres chrétiens, nous avons de si nobles sentiments. »

Bof, bof… Aujourd’hui je pense que ce sont des réactions médiocres. Les années passèrent ainsi. J'étais relativement en paix avec tout cela, mais j'avais en quelque sorte le désir de ne pas me contenter d'un pardon intérieur. Il devait y avoir plus, mais je ne savais pas quoi. Peut-être que la réconciliation était aussi possible !

Étape 6 : La percée

Le tournant s'est produit pendant les vacances d'été 2012 : sur la plage ensoleillée de Cavallino, j'ai lu le livre de Miroslav Volf, Free of charge – Giving and Forgiving in a Culture Stripped of Grace (Donner et pardonner gratuitement dans une culture sans pitié) de Miroslav Yolf. Ce livre est le meilleur que j’aie jamais lu sur le thème du pardon. Je n'ai pas pu m'empêcher de laisser libre cours à mes larmes sur ma chaise longue. Des phrases ont touché mon cœur :

« Dieu est le plus miséricordieux. Le pardon est un cadeau spécial. Lorsque nous le donnons, nous cherchons le bien d'une autre personne et non le nôtre. Dieu a inventé le pardon. Notre pardon n'est qu'un écho du pardon de Dieu. Nous pardonnons en tant que pécheurs et non en tant que justes. Dans le pardon, il y a deux vainqueurs. »

Un nouveau désir est né en moi : je veux rencontrer cet homme, lui parler et lui dire que je lui ai pardonné. Je souhaite que la paix ne soit pas seulement pour moi, mais pour lui aussi. Je souhaite qu'il réussisse sa vie. Dieu avait beaucoup agi en moi. Vint alors le moment d'établir le contact. Comment pouvais-je m'y prendre ? J'en ai parlé à Dieu et, peu avant Noël 2012, une pensée forte a surgi en moi :

« Thomas, demande à cet homme comment il se sent après tous ces événements au goût amer. Demande-le-lui, toi ! »

Je n'avais encore jamais vu les choses sous cet angle. C’était une mise en perspective. Je me suis assis et je lui ai écrit une lettre. La culpabilité devait être mentionnée. Le verdict de culpabilité précède le pardon, dit Volf, sinon tout devient bon marché. J'ai donc écrit quelques lignes :

« Bonjour Monsieur ..., je m'appelle Thomas Dauwalter et je suis le père de Michi Dauwalter, dont vous êtes coupable de la mort accidentelle. Je me demande continuellement comment vous vous sentez ! C'est avec plaisir, même si j’ai les genoux qui tremblent, que je vous rencontrerais et vous tendrais la main vers le pardon. Avec mes meilleures salutations, Thomas Dauwalter. »

Étape 7 : La rencontre

Ce fut une journée hors norme. Inscription dans mon journal de bord du 20 février 2013 :

« Trio de prière, bureau, une journée mémorable : accident de voiture - dommage total ! Rencontre avec le coupable de la mort accidentelle de Michi. Seigneur, je te remercie parce que tu es un Seigneur plein de bonté et que tu permets la paix sur la terre. »

La rencontre était prévue pour 20 heures. Je me suis mis en route pour aller chez moi vers 13 heures pour avoir encore un peu de temps pour me reposer un peu et pour prier. Intérieurement, j'étais déjà dans la rencontre, brutalement, je me suis réveillé de mes dialogues intérieurs : bang ! La voiture s'est arrêtée d’un coup. Je venais de m'écraser contre un lampadaire à Bambergen ! Première pensée : j'annule l’entretien. La seconde : c’est maintenant plus que jamais. Je ne suis pas sûr de savoir dans quelle mesure le diable, qui est le diviseur, a voulu empêcher cette rencontre imminente et salutaire.

Le soir, nous nous sommes rencontrés. Au premier contact visuel, j'ai eu très peur. Que va-t-il se passer ? Est-ce que je vais pleurer ? Une agressivité insoupçonnée allait-elle se manifester ? C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés. L'homme est à peine plus jeune que moi. D'une certaine manière, il est même sympathique. Nous avons commencé par la question que j'avais posée dans la lettre :

« Comment vous sentez-vous en tant que responsable d'un accident, en tant que personne coupable de la mort d'une jeune femme ? »

« Cette question », m'a-t-il dit, « m'a coupé l'herbe sous le pied quand je l'ai lue sur votre carte ! Vous me posez la question alors qu’en fait, je voulais vous la poser depuis longtemps. Comment se fait-il que vous me posiez la question ? » L'échange a été très émouvant. Les raisons pour lesquelles le premier contact m'a été refusé ont également été évoquées : « La peur », a-t-il dit, « j'ai eu peur que vous sortiez un couteau ou un pistolet lors de la rencontre. » En effet, un peu à la même période que l’accident, avait eu lieu l'assassinat d’un contrôleur aérien par le père d'une victime d’un crash. C'est à cette époque qu'a eu lieu la terrible collision d'avions près d'Überlingen, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, dont de nombreux enfants. Nous avons parlé ensemble pendant 90 minutes, quelques larmes ont coulé. Puis nous nous sommes quittés.

« Vous m'avez enlevé une tonne de poids du cœur. Je peux à nouveau respirer. »

Ces mots prononcés au moment des adieux me sont restés en mémoire. Cette expérience m'a fait prendre conscience de l'importance du pardon. Il s'agit de briser le cycle de la vengeance. Et il n'y a pas d'autre voie que le pardon et la réconciliation. Il s'agit de rendre possible la vie en commun. Le pardon signifie qu'à l'avenir, je veux rencontrer cette personne comme un être humain normal et non pas comme « Monsieur le coupable de la mort de notre Michi ». Dieu me pardonne de la même manière. Il ne me voit plus comme un coupable, mais comme quelqu'un qui a été pardonné, pour la faute duquel un autre a payé le prix. C'est pourquoi, en tant que chrétien, je ne peux pas faire autrement que de pardonner si quelqu'un est coupable à mon égard. Il faut ne pas balayer la faute sous le tapis, à bon compte, mais l'appeler par son nom, puis accorder consciemment le pardon, détacher l'autre de sa culpabilité et lui donner une nouvelle chance. Autrement, nous n’avons aucune possibilité de faire face à notre propension à l'erreur et à la culpabilité mutuelle. Tout le reste conduit à un cercle vicieux destructeur, selon la devise « ce que tu me fais, je te le fais ». Si tu veux être heureux un instant, venge-toi. Si tu veux être heureux toute ta vie, pardonne.

Ce soir-là, après la rencontre et la poignée de main de réconciliation, je suis rentré chez moi profondément satisfait en pensant :

« Aujourd'hui, j'ai enfin fait quelque chose qui a vraiment du sens. Mon Dieu, tu es vraiment génial. »

Il y a quelques semaines, la boucle a été bouclée. Monsieur Z. a, à ma demande, rénové et remis en place la croix sur le lieu de l'accident. Un signe précieux de repentir et aussi de réparation. Cela m'a fait un bien fou ! Plus tard, j'ai reçu une demande d'amitié de sa part via Facebook. J'ai dû déglutir une nouvelle fois avant de répondre « oui » quelques jours plus tard. Nous nous sommes rencontrés à nouveau sporadiquement.

Je conclurai par une phrase de Desmond Tutu :

« Les expériences difficiles ont le potentiel de nous rendre amers ou d'ennoblir notre caractère. »

Nous pouvons vivre la réconciliation et le salut par Jésus dans ce monde, non pas malgré nos blessures, mais justement à cause d'elles. Oui, la beauté de la foi chrétienne se manifeste précisément dans ces contradictions et ne peut guère être décrite.


Thomas Dauwalter, né en 1959, pasteur de l’Église évangélique néo-anabaptiste Lindenwiese, Überlingen (D). Traduction par Rachel Parlebas Nussbaumer. Publié en allemand dans Mennonitisches Jahrbuch 2022, p. 85-90, repris avec autorisation.

Collapsologie? Un nouveau dossier Christ SeuL

Les Éditions mennonites proposent un nouveau dossier: “Crises locales ou effondrement global? Chrétiens dans un monde lézardé” de Frédéric de Coninck

Ce livre est le premier ouvrage en français consacré à la « collapsologie » pour un public chrétien. L’idée d’un effondrement de notre civilisation a le vent en poupe. Qu’en penser : faut-il ignorer les «prophètes de malheur» ou au contraire les prendre au sérieux?

Si Frédéric de Coninck estime d’une part qu’il est impossible de prédire sérieusement l’avenir de sociétés globales, il montre d’autre part que des dérèglements majeurs sont en cours (dérèglement climatique, surconsommation de ressources naturelles, diminution de la biodiversité, enrichissement d’une minorité, fracture technologique...), autant de menaces sérieuses dont l’issue est incertaine.Dans ce contexte, l’appel est lancé aux chrétiens de:

  • gagner en lucidité face aux fins provisoires à distinguer de la Fin

  • prendre conscience du fonctionnement discutable de nos sociétés (primauté à l’économique; recours normal à la violence;priorité au confort sur la justice...)

  • pratiquer l’esprit des Béatitudes et tenir bon

  • vivre l’Évangile de manière communautaire,en collaboration avec d’autres.

Jean-François Mouhot (A Rocha) commente:

Un ouvrage et une analyse équilibrés et prophétiques, que je recommande à tous vigoureusement et sans modération, tout à fait en phase avec les diagnostics et les actions proposées par A Rocha France!

Public

Tous les chrétiens, pas seulement les pasteurs et responsables d’Églises

  • Personnes et groupes intéressés par les questions d’écologie

  • Personnes critiques envers l’écologie

  • Personnes adhérant à la « collapsologie »

  • Jeunes estimant qu’il vaut mieux ne pas avoir d’enfants au vu de l’effondrement

L’auteur

Frédéric de Coninck est sociologue, à la retraite. Il a été longtemps prédicateur dans une Église mennonite en région parisienne. Il est l’auteur de nombreux livres à la croisée de la Bible et des questions de société, et il anime le blog Société espérance.

Une interview en ligne

Un interview en ligne avec Frédéric de Coninck sur la collapsologie aura lieu jeudi 7 avril 2022 à 20 h 30.

Avec la participation de Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France. 

Vos questions sont bienvenues !   

Modalités d’accès :  https://urlz.fr/hzhA 

ID de réunion : 864 5116 6137 

Code secret : 202078 

Fin des retraites spirituelles au Bienenberg

L’équipe d’organisation de la retraite spirituelle annonce la fin des retraites spirituelles au Bienenberg, retraites qui avaient lieu chaque été pendant une semaine depuis 2005.

C’est une page qui se tourne, qui provoque en nous tristesse et reconnaissance. Tristesse, car nous regrettons de ne plus offrir cet espace de repos et de ressourcement spirituel ; tristesse, en pensant aux personnes pour qui ce rendez-vous était important. Reconnaissance pour l’écrin que nous avons pu confectionner ensemble ; reconnaissance pour les bons fruits.

Les conditions nécessaires à la poursuite ne sont plus réunies, que ce soit au niveau de l’infrastructure du Bienenberg ou des évolutions personnelles au sein de l’équipe d’organisation. Nous gardons dans nos cœurs la joie d’avoir proposé ces retraites spirituelles assez uniques dans le paysage des Églises évangéliques francophones.

Ce sont 17 retraites qui ont été vécues chaque été, portées essentiellement par la même équipe, dont une édition en ligne…

Face à la nouvelle de la fin de ces retraites spirituelles, nous suggérons aux personnes qui y ont participé l’idée - si elles le souhaitent - d’un temps de relecture de leur vécu lors de telle(s) retraite(s), afin de rendre grâce pour ce qui a été reçu… Comme vous pouvez le constater avec cette suggestion de « relecture », nous persistons et nous signons !

Si par ailleurs vous désirez vivre une démarche de cheminement intérieur proche de ces retraites spirituelles, nous vous recommandons les deux livres produits par l’équipe, dont l’un est paru il y a quelques mois :

Si vous désirez être au courant d’offres dans le domaine de la spiritualité chrétienne, proposées par l’une ou l’autre personne de l’équipe d’organisation, vous pouvez vous signaler à l’adresse suivante : melodiesinterieures.asso[at]gmail.com

Nous garderons dans nos cœurs les rencontres, les visages, les moments suspendus, les paroles reçues de Dieu et les gestes posés… Et surtout, nous nous souviendrons que : « Rien ne se perd pour le souffle de Dieu, rien ne se perd pour les yeux de Dieu, rien ne se perd pour le cœur de Dieu[1]. »

L’équipe d’organisation des retraite spirituelles : Madeleine Bähler, Claire-Lise Meissner-Schmidt, Jane-Marie Nussbaumer, Sabine Schmitt, Michel Sommer

[1] Nothing is lost on the breath of God, paroles et musique de Colin Gibson, 1996. À écouter par ex. ici : https://www.youtube.com/watch?v=nSdglBrOHRg. Partition avec traduction française disponible ici : https://formacff.com/chants

 

Points chauds ouvre ses portes

La formation “Points chauds” ouvre ses portes pour un débat sur la place et le rôle d’Israël! L’occasion de goûter à la formule et de prendre la température avant de découvrir le tout nouveau cycle, avec de nouveaux thèmes!


Télécharger l’invitation en PDF

Résumé des positions en débat

  • Les prophéties territoriales liées à Israël ont été réinterprétées dans le Nouveau Testament en fonction de Jésus le Messie (“accomplissement”), comme d’autres réalités du Premier Testament. Le peuple de Dieu est étendu par l’adhésion au Christ de croyants de toute nation. L’appartenance à un territoire national théologiquement légitimé est en contradiction avec l’Église internationale. L'État d'Israël n'est donc pas à voir comme l'accomplissement des prophéties territoriales.

Michel Sommer, animateur théologique au CeFoR Bienenberg, aumônier à ACCES, Mulhouse

  • L’évangile est indissociable du peuple Juif et de la terre promise à Israël. C’est une forme embryonnaire ou idéologique de l’état actuel d’Israël. J’argumenterai que la théologie et même la missiologie d’aujourd’hui vit « un manque à gagner », celui d’une théologie inclusive de « Israélogie » à l’instar d’Arnold Fruchtenbaum, Mark Kinzer et même Karl Barth.  L’incarnation existe depuis toujours et Dieu veut vivre avec son peuple. Les premières preuves, échecs et réussites du projet Sioniste se sont déroulées en Palestine. La foi en Jésus nous pousse à croire dans la réussite de cette incarnation malgré les limitations humaines, politiques et existentielles. Israël fait toujours partie du destin de l’économie divine et reste le modèle de son œuvre sur la terre. 

    Josué Turnil, directeur de Juifs pour Jésus, France

INSCRIPTION

  • Demander l’inscription par mail à cefor@bienenberg.ch

  • Participer librement aux frais - paiement en ligne. A titre indicatif: 45 € / 50 CHF

  • Accès aux exposés à visionner à l’avance et au lien zoom pour le débat et le moment de questions-réponses. (14 à 17h le 19 mars 2022)

500 ans de la Réforme : le partage de la saucisse

Une grande rencontre oecuménique se prépare pour marquer les 500 ans d’un événement historique!


«Ein Fasten wie ich es liebe – warum uns die Kirche nicht Wurst ist»

Samedi 5 mars 2022

à la Wasserkirche et au séminaire théologique de la ville de Zurich (Kirchgasse 9, Zurich)


La traduction du thème ne permet malheureusement pas le jeu de mot avec le terme saucisse: “Le jeûne qui plaît à Dieu - pourquoi l’Église compte pour nous” - la conférence se passera en allemand.

Le mois de mars 2022 marquera le 500e anniversaire du repas de saucisses chez l'imprimeur Froschauer à Zurich. Ce repas, pris le premier jour du carême et partagé entre plusieurs personnes était un acte réformateur. Il était “accompli pour des raisons religieuses et a rencontré une résistance politique” souligne Neal Blough. Si un simple partage de saucisse peut déclencher une révolution, que se passerait-il si les réformés, les catholiques et les anabaptistes réfléchissaient ensemble à l'avenir de l'Église et du monde ? Un colloque œcuménique sera consacré à cette réflexion le 5 mars. Il ne s'agira pas de se pencher sur ce qui a séparé les différentes confessions à l'époque, mais sur ce qu'elles peuvent apporter et partager aujourd'hui pour servir la société. Que peut-on apprendre les uns des autres ? Quels sont les points de vue communs qui permettent d’aller plus loin ?

Des personnalités des trois dénominations - catholique romaine, réformée, anabaptiste/mennonite- ont été invitées à participer aux exposés et aux tables rondes. Parmi elles, le professeur Ralph Kunz, la pasteure Christina Aus der Au, l'évêque Joseph Bonnemain et Lukas Amstutz (directeur du Bienenberg et co-président de la conférence mennonite suisse). Marie-Noëlle Yoder, directrice du centre de formation du Bienenberg apportera l’un des discours d’ouverture pour représenter la voix mennonite. La réunion organisée par l'association "reformiertbewegt" a pour but de renforcer et d'approfondir le dialogue entre les participants.

Le dimanche 6 mars, un culte œcuménique aura lieu au Grossmünster pour célébrer le repas de la saucisse. (Participants : Christoph Sigrist, pasteur, Michel Müller, président du conseil de l'Église, Luis Varandas, vicaire général ; Jürg Bräker, secrétaire général de la conférence mennonite suisse).


Musique : Collegium Vocale Grossmünster et chœur de composé de différentes communautés mennonites, installation artistique dans le Grossmünster : roue de la Bible de Hans Thomann


Pour aller plus loin

Une suggestion de lecture dans une perspective anabaptiste:

 

 

Retrouver le sens du temps

Nous vivons dans un monde qui va toujours plus vite et où il y a d’innombrables possibilités. Prendre le temps pour ce qui compte est un défi pour la vie et la foi. Le temps qui passe peut susciter de l’inquiétude face à l’imprévisible et de l’inconfort dans l’attente. Il peut entraîner fatigue et surmenage. Comment donc « retrouver le sens du temps », comme y invite le titre de cet ouvrage ?

Un collectif d’auteurs

Les auteurs ont l’habitude de travailler ensemble. Ils ont déjà animé une retraite spirituelle sur ce thème. Le contenu de ce qu’ils ont proposé à un groupe a été revisité et étendu en vue de la publication de ce livre.

  • Madeleine Bähler

  • Claire-Lise Meissner-Schmidt

  • Jane-Marie Nussbaumer

  • Sabine Schmitt

  • Michel Sommer

Un parcours en 16 semaines pour retrouver le sens du temps

Le parcours proposé en 16 semaines invite les lecteurs à approfondir leur relation à Dieu et au temps. Un bouquet d’activités est proposé pour chaque semaine. La personne qui voudra suivre le chemin proposé pourra à sa guise :

  • Faire silence et se poser

  • Écouter, jouer ou chanter une suggestion de chants

  • Lire et méditer des textes bibliques soigneusement choisis

  • Se laisser interpeler par une image

  • Réfléchir et approfondir des aspects du temps avec des citations et des méditations

  • Alimenter sa vie de prière de sujets proposés

  • Accomplir des gestes et des actions qui nourrissent le processus

16 semaines ? C’est long ? Comment retrouver le sens du temps sans le prendre ? S’engager sur un peu plus de trois mois, c’est entrer dans une disponibilité intérieure à Dieu et à ce qu’il souhaite faire. Le livre est pensé comme un parcours où chaque nouvelle étape construit sur la précédente. Un beau projet pour la nouvelle année!

Où se procurer le livre?

Vous le trouverez dans les librairies chrétiennes, aux éditions Farel ou parmi les livres disponibles à l’achat au Centre de Formation du Bienenberg. (12E / 13CHF).

 

Réflexions sur une défaite militaire

Le retrait des troupes britanniques (et occidentales) d'Afghanistan en 2021, suivi de l’avancée des talibans et de la chute probable du pays vers un état de chaos, nous invite à réfléchir à la manière de clore les interventions militaires lorsque celles-ci n’atteignent pas les objectifs visés.

Vous avez dit défaite?

La réticence à reconnaître ces résultats comme des défaites peut se comprendre au vu des pertes humaines – en morts et en blessés –, du coût économique, et de l’embarras politique. Mais si les résultats escomptés ne sont pas atteints, il est important d'utiliser ce terme (défaite) et de réfléchir à ses implications. Ceux qui ont préconisé et autorisé cette intervention militaire devraient être tenus de rendre des comptes et invités à réfléchir aux décisions prises et aux résultats de ces décisions. La population, qui a financé ce conflit par les impôts, est en droit de questionner ce qui a été atteint et ce qui ne l’a pas été. Cette défaite donne l’occasion de discuter des priorités et stratégies futures. Des examens internes sont peut-être en cours et une commission d'enquête sera sans doute ouverte, mais le retrait des troupes s’est fait discrètement et avec peu de reconnaissance publique – en contraste avec la fin d'un conflit lorsqu’il est considéré comme victorieux. Les autorités préféreront donc peut-être éviter un examen approfondi.

Quel rôle les Églises ont-elles à jouer ?

Bien que les Églises n’aient pas été consultées dans la décision de déployer des troupes ou dans la définition des objectifs de l'intervention, l'Église d'État est traditionnellement invoquée pour marquer la fin des conflits, si leur issue semble satisfaisante. Dans le passé, cela se traduisait souvent par une forme de célébration de la victoire, généralement associée à un certain souci pour l'ennemi vaincu et quelques expressions d'un désir de paix. À titre d’exception, après le conflit des Malouines, lors duquel les forces britanniques avaient atteint l’objectif visé, le culte clôturant le conflit, contrairement aux souhaits de certains politiciens de haut rang, n'avait pas été pensé comme une célébration de la victoire, mais comme l'occasion d'une réflexion plus approfondie (un examen détaillé et des réflexions utiles sur ce culte sont disponibles (ici, en anglais uniquement). Marquer une défaite reste néanmoins une tout autre affaire.

Il y a bien sûr une question préalable à savoir si ce lien entre l'Église et la guerre est justifié à la lumière de l'enseignement de Jésus. La présence dans de nombreux édifices religieux d'insignes, d'inscriptions et d'accessoires militaires, la participation des responsables d’Église à des actes de commémoration, tels que les messes lors des jours de l’Armistice en France, et de nombreux autres liens sont issus de l’époque de la chrétienté, lorsque l'Église « avait fait la paix avec la guerre ».

Mais si les Églises sont impliquées dans les événements qui suivent un conflit, comment peuvent-elles réagir aux défaites ? Les politiciens et la population sont évidemment peu enclins à marquer ces occasions, préférant laisser l’Histoire les effacer discrètement. Mais cette démarche nous prive d’une réflexion sur ce qui eu a lieu, les raisons de l’échec, ce qui aurait pu être fait différemment et ce que l’on pourrait en retirer pour l'avenir. Cela empêche aussi les personnes touchées personnellement par le conflit de tourner la page. Les Églises pourraient-elles avoir un rôle plus proactif dans de telles situations ? Si oui, que pourraient-elles offrir ? Pourraient-elles proposer d'animer des échanges pour faciliter une réflexion sérieuse ?

Existe-t-il des ressources bibliques pertinentes à ce sujet?

Existe-t-il des ressources bibliques pertinentes à ce sujet ? Le peuple d'Israël a assurément subi de multiples défaites, certaines d'entre elles tout à fait inattendues. Le choc et la désorientation sont évidents dans certains passages. En voici deux exemples poignants :

Josué 7.4-9 : Ainsi, environ trois mille soldats allèrent attaquer la ville, mais ils furent mis en fuite par les habitants d’Aï qui leur tuèrent environ trente-six hommes : ils les poursuivirent depuis la porte de la ville jusqu’à Shebarim et les battirent dans la descente. Alors le peuple atterré perdit tous ses moyens.

Josué déchira ses vêtements, il se jeta, la face contre terre, devant le coffre de l’Eternel et resta là jusqu’au soir. Les responsables d’Israël firent de même. Et ils se jetèrent de la poussière sur la tête. Josué s’écria : Ah ! Seigneur Eternel, pourquoi donc as-tu fait traverser le Jourdain à ce peuple, si c’est pour nous livrer aux Amoréens et nous faire périr ? Si seulement nous étions restés de l’autre côté du fleuve ! Maintenant, je te prie, Seigneur, que puis-je dire après qu’Israël a pris la fuite devant ses ennemis ? Les Cananéens et les autres habitants du pays l’apprendront, ils nous encercleront et feront disparaître notre nom de la terre. Comment alors feras-tu reconnaître ta grandeur ?

1 Samuel 4.10-22 : Les Philistins livrèrent bataille et Israël fut vaincu. Chacun s’enfuit sous sa tente et ce fut une très lourde défaite : Israël perdit trente mille hommes. Le coffre de Dieu fut pris par les Philistins et les deux fils d’Eli, Hophni et Phinéas, moururent. Un homme de Benjamin s’échappa du champ de bataille et courut jusqu’à Silo le jour même ; il avait déchiré ses vêtements et couvert sa tête de poussière en signe de deuil. Au moment où il arriva, Eli était assis sur son siège, aux aguets près de la route, car il était très inquiet au sujet du coffre de Dieu. L’homme vint annoncer la nouvelle dans la ville, et tous les habitants se mirent à pousser de grands cris. Quand Eli entendit ces cris, il demanda : Que signifie ce tumulte de la foule ?

L’homme se dépêcha de venir lui annoncer la nouvelle. Or Eli était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, il avait les yeux éteints, il était complètement aveugle. L’homme dit à Eli : J’arrive du champ de bataille. Je m’en suis enfui aujourd’hui même. – Et que s’est-il passé, mon fils ? lui demanda Eli. Le messager lui répondit : Israël a pris la fuite devant les Philistins ; nous avons subi une terrible défaite ; même tes deux fils Hophni et Phinéas sont morts, et le coffre de Dieu a été pris.

Lorsque le messager fit mention du coffre de Dieu, Eli tomba de son siège à la renverse, à côté de la porte du sanctuaire, il se brisa la nuque et mourut, car il était âgé et lourd. Il avait dirigé Israël pendant quarante ans. Quand sa belle-fille, la femme de Phinéas qui arrivait au terme de sa grossesse, entendit que le coffre de Dieu avait été pris et que son beau-père ainsi que son mari étaient morts, elle chancela et, brusquement prise de contractions, elle accoucha. Comme elle était près de mourir, les femmes qui l’entouraient lui dirent : Rassure-toi : c’est un garçon. Mais elle y fut indifférente et ne répondit rien. Elle donna à l’enfant le nom d’I-Kabod (Plus de gloire), en expliquant : La gloire divine a quitté Israël. Elle pensait au coffre de Dieu qui avait été pris, à son beau-père et à son mari. Elle s’écria encore : Oui, la gloire a quitté Israël, car le coffre de Dieu a été pris.

La défaite la plus grave, avec les conséquences les plus lourdes, reste l'invasion d'Israël par les Assyriens et plus tard par les Babyloniens, entraînant la prise de Jérusalem et la déportation des Israélites en exil pendant plusieurs décennies. L'Ancien Testament contient de nombreuses expressions de lamentation, d’examen de conscience, de reconnaissance d'échec et d'inquiétude pour l'avenir. Ces passages offrent ainsi de riches ressources pour alimenter notre réflexion sur les défaites militaires, peu importe le contexte :

  • Le livre des Lamentations

  • Néhémie, chapitre 1

  • Daniel, chapitre 9

  • Psaume 137

  • Habacuc, chapitre 1

Ces exemples anciens, imprégnés de connotations et de compréhensions théologiques, sont évidemment bien différents des guerres séculières d'aujourd'hui, et aucune nation aujourd'hui ne peut prétendre avoir la faveur de Dieu à la manière du peuple d’Israël. On peut néanmoins déceler certains thèmes généraux : le chagrin face aux vies perdues, l’antipathie face à un ennemi victorieux, le questionnement sur les raisons de la défaite, la reconnaissance de ses erreurs, le souci de sa réputation, et la peur des conséquences de la défaite.

 La doctrine de la guerre juste

La ressource traditionnellement utilisée pour évaluer la légitimité d’un conflit est la doctrine de la guerre juste. Il s’agit d’un ensemble exigeant de conditions permettant de déterminer à l'avance si une intervention militaire est justifiée ou non. Il existe plusieurs versions de ces critères, en voici en un résumé succinct:

  • La guerre doit être menée pour une cause juste, c’est-à-dire en légitime défense, pour la défense d'autrui, ou en réponse à un acte délibéré d'agression non provoquée.

  • La guerre doit être menée avec une bonne intention, telle que rectifier le mal et établir le bien, instaurer un ordre plus juste, rétablir la paix le plus tôt possible, et non par vengeance ou pour établir la suprématie sur les autres.

  • Il doit y avoir une probabilité raisonnable de succès, c’est-à-dire qu’il en résultera plus de bien que de mal.

  • La guerre doit être menée par des moyens appropriés, proportionnés et non excessifs, afin que les résultats de la victoire l'emportent sur les dommages causés pour y parvenir. Les civils ne doivent pas être blessés, aucun moyen intrinsèquement mauvais ne doit être utilisé, et les termes de la capitulation doivent être équitables et miséricordieux.

  • La guerre doit être l’unique moyen possible d'éliminer le mal : le dernier recours après avoir essayé toutes les autres réponses par la négociation ou les sanctions.

  • La guerre doit être déclarée et combattue par une autorité légitime, normalement l'État, bien que cela soit moins clair lors de guerres civiles.

 Dérivés de sources classiques, adaptés pour être utilisés par l'Église et l'État au début de l'ère chrétienne et périodiquement affinés et mis à jour, ces critères ont exercé une influence importante dans la plupart des traditions ecclésiales pendant des siècles. Ces critères restent influents aujourd’hui malgré la préoccupation grandissante quant à leur applicabilité aux guerres modernes, et leur rejet par certaines traditions qui leur ont préféré le pacifisme. Bien qu’ils aient leurs limites, manquent de soutien biblique, et n’aient pas réussi à empêcher de nombreux conflits injustifiables à travers les siècles, ces critères – s'ils sont appliqués correctement – sont puissants et très restrictifs.

Les politiciens continuent d’utiliser le vocabulaire de la guerre juste pour justifier leurs décisions, bien que dénué de vocabulaire théologique et presque toujours sans référence aux critères spécifiques. Certains aspects de ces critères sont incorporés dans diverses déclarations internationales sur la conduite appropriée des conflits. Ces critères pourraient-ils donc être utilisés au lendemain d'un conflit, plutôt qu'avant, pour évaluer dans quelle mesure le conflit peut être considéré, rétrospectivement, comme justifiable ? Les Églises peuvent-elles initier ou jouer un rôle dans une telle discussion ?

L'un des critères de la guerre juste est une probabilité réaliste de succès quant à l’atteinte des objectifs de l’intervention militaire. Lors d’une défaite ou d’un résultat manqué, il semble justifié de réexaminer cette probabilité et de se demander si elle était, en effet, réaliste. Les autres critères fournissent des ressources supplémentaires pour ceux qui sont prêts à réfléchir honnêtement et sérieusement au conflit – ce qui l’a induit, comment il a été mené, quelles erreurs ont été commises, ce qui aurait pu être fait différemment, etc. S'appuyer ainsi sur ces critères pourrait encourager leur utilisation appropriée en amont de toute situation future de conflit.

 Expériences et besoins

Au-delà de l’évaluation solide de la décision d'entrer en guerre, de la conduite de la guerre et de son issue décevante, on se doit de prêter attention aux expériences et aux besoins de ceux qui ont combattu, ont été blessés ou sont endeuillés. C'est le cas après tout conflit, mais lorsque le résultat n'a pas été satisfaisant, il peut y avoir une plus grande réticence à aborder ces problèmes, et d’autant plus besoin de le faire. La souffrance des blessés ou des endeuillés peut être exacerbée par la question de savoir si le sacrifice en valait la peine. L'honnêteté vis-à-vis des échecs doit être accompagnée de compassion et de façons d’honorer ceux dont la vie a été si profondément affectée par le conflit. Nous devons combattre la tendance dans l'Église et la société à célébrer les succès et à balayer les échecs sous le tapis – ceci par souci d'intégrité, afin de tirer les leçons nécessaires, et de répondre aux questions et besoins de ceux qui ressentent l’échec ou ne savent comment se sentir face à l’échec.

Une réflexion créative sur des approches et stratégies alternatives

La période post-conflit pourrait aussi être l'occasion d'une réflexion créative sur des approches et stratégies alternatives. Quelles autres possibilités auraient pu être explorées ? Si partir en guerre est un dernier recours (comme l'exigent les critères), y avait-il d'autres manières de procéder moins coûteuses et plus prometteuses qui n'avaient pas été envisagées ou pas suffisamment examinées ? Comment ces informations pourraient-elles éclairer les situations futures ?

L'utilisation des critères de la guerre juste pour examiner et évaluer ce qui s'est passé pourrait déplaire aux Églises attachées au pacifisme et à la non-violence. Mais bien que sceptiques quant à l’utilisation de ces critères avant de potentiels conflits, ces Églises pourraient reconnaître que ces critères sont en réalité très exigeants s'ils sont correctement appliqués, empêchant la guerre dans presque tous les contextes. L’utilisation rétrospective des critères lorsque l'action militaire n'est pas en jeu pourrait permettre leur bon usage et encourager ce bon usage à l'avenir. Bien que ces critères reposent sur des présupposés différents de ceux du pacifisme, s'ils sont utilisés correctement, l'écart entre ces deux approches n'est pas si grand. Les Églises engagées dans la non-violence pourraient soutenir ce processus, encourager l'application rigoureuse des critères et participer à la recherche d’alternatives pacifiques.

 

Auteur: Stuart Murray Williams. L’article complet est disponible en format téléchargeable ici. Article repris et traduit avec autorisation du site Amnetwork.

Traduction: Améline Nussbaumer.

Vous avez dit démons?

Les Éditions mennonites publient un dossier trois fois par an pour stimuler la réflexion. La dernière parution propose une réflexion biblique et théologique sur un sujet peu traité: les démons. Comme le dit la conclusion du livre:

“Ce qui manque souvent [dans les Églises évangéliques et charismatiques], c’est bien une démonologie, à savoir une réflexion sur les démons, à partir de fondements bibliques et théologiques - et non à partir d’idées et de pratiques se basant sur des expériences marquantes ou sur des perceptions du monde visible tenues pour évidentes.”

Avec ce dossier, une démonologie biblique est proposée!

Des réponses à 15 questions

Que nous enseigne la Bible concernant les démons?

  1. Que sont les démons et esprits mauvais dans l’Écriture ?

  2. Quelle est l’origine des puissances mauvaises (mauvais esprits, démons…) ?

  3. Comment comprendre la victoire du Christ sur les démons et les puissances du mal ?

  4. « Pouvoirs et autorités » et « démons » : quelles relations entre ces notions ?

  5. Le combat contre des « esprits territoriaux » est-il bibliquement fondé ?

L’influence des démons

  1. Quelle est l’action d’un démon à l’encontre d’un être humain ?

  2. Quelle est l’action d’un démon à l’encontre d’un chrétien ?

  3. Accorde-t-on aujourd’hui dans les Églises trop peu d’importance aux démons – ou trop ?

  4. De quelle manière les démons sont-ils actifs dans le fonctionnement de la société ?

Médecine et démons

  1. Que penser des situations où Jésus lie maladie et possession/« démonisation » ?

  2. Quel lien y a-t-il entre maladie psychique et possession/« démonisation » ?

  3. Comment savoir si quelque chose relève des sciences occultes ou des sciences médicales?

Pastorale et démons ou combat spirituel et délivrance

  1. Que nous apprend le ministère de Jésus sur l’exorcisme ?

  2. Quand pratiquer l’exorcisme et quand intercéder dans la prière ?

  3. Faut-il des pasteurs spécifiques dans l’exorcisme ?

Pour quel public ce livre a-t-il été écrit?

  • Pour les membres d Églises de diverses tendances spirituelles

  • Pour les jeunes qui s’interrogent sur un sujet délaissé ou rebattu

  • Pour les personnes en prise avec des phénomènes malsains

  • Pour les pasteurs et responsables d’Églises

Qui sont les auteurs?

Comment se procurer le dossier?

Dans les librairies chrétiennes, au Centre de Formation du Bienenberg ou directement sur le site des Éditions mennonites au tarif de 11 Euros.

La guerre est contraire à la volonté de Dieu

En vue de la 11e assemblée du Conseil œcuménique des Églises en Allemagne à l’été 2022, plusieurs organismes chrétiens pacifistes lancent un appel aux Églises invitantes.

Un appel à une prise de position

Cet appel en faveur de la paix demande que ces Églises prennent position publiquement face aux autorités politiques dans les domaines suivants :

·        Pour une adhésion immédiate au traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires

·        Pour que cesse l’exportation d’armes (notamment des armes légères)

·        Pour que les milliards que l’armement militaire coûte chaque année soient redistribués en faveur de la paix.

Par cet appel aux Églises invitantes, les organismes signataires espèrent que les Églises clarifient leur position sur la paix juste, les armes nucléaires, l’exportation d’armements militaires.

Les Églises destinataires

Les Églises invitantes à qui l’appel est destiné tout particulièrement sont :

  • L’Église évangélique d'Allemagne

  • L’Église évangélique régionale de Baden

  • L’Association des Églises chrétiennes d'Allemagne

  • L’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine,

  • L’Église évangélique réformée de Suisse.

Les signataires

Parmi les organismes signataires de l’appel, on trouve Church and Peace (dont le Centre de Formation du Bienenberg est membre), le Comité Mennonite Allemand pour la Paix, le Centre Mennonite de Berlin, Pax Christi, Ohne Rüstung Leben, le Groupe d’Action Service pour la paix, etc. 

L’appel en disponible en français ici. Il est possible de le signer.

L'assemblée du Conseil œcuménique des Églises se tiendra pour la première fois en Allemagne. Les représentants d'environ 350 Églises se réuniront à Karlsruhe du 31 août au 8 septembre 2022. Ils représentent plus de 500 millions de chrétiens de plus de 120 pays.

 

 

À contre-courant – Cultiver les valeurs du Royaume de Dieu

Le non-conformisme évangélique fait partie de l’ADN anabaptiste. Dans l’histoire mennonite, il s’est parfois exprimé de manière uniquement réactive et légaliste. Aujourd’hui, on peut être tenté de l’abandonner par volonté de laisser davantage de place à la liberté individuelle (par ex. en matière d’habillement – un thème important dans l’histoire mennonite) ; ou alors par souci de voir principalement tout ce qui est commun aux chrétiens et aux autres personnes. Ces raisons peuvent alimenter un conformisme social qui est la pente naturelle et facile.

Sur une idée de Linda Oyer, les Éditions Mennonites ont publié deux tomes intitulés À contre-courant – Cultiver les valeurs du Royaume de Dieu, sous la direction de Nicolas Widmer, pasteur à l’Église de la Bonne Nouvelle de Vendenheim et membre du comité des Dossiers de Christ Seul.

Douze thèmes sont traités, avec six articles écrits par des femmes et six articles écrits par des hommes (voir la table des matières ci-dessous). L’ensemble cherche à montrer une différence chrétienne fructueuse, dans le domaine des attitudes et des comportements, alimentés par une saine spiritualité. Les douze thèmes recoupent en partie les facettes du fruit de l’Esprit décrites par l’apôtre Paul (Ga 5.22-23), en élargissant vers d’autres « valeurs » que l’on peut attribuer au « Royaume de Dieu ».

Chaque chapitre est construit de manière identique :

  1. Description de la culture ambiante (par ex. la culture du profit ou la culture du « tout, tout de suite »)

  2. Présentation de la valeur en question selon la Bible (par ex. la justice ou la patience)

  3. Manières de cultiver la valeur en question.

La plupart des auteurs sont engagés dans les Églises mennonites, mais des contributions d’auteurs d’Églises évangéliques (baptistes) sont à noter.

12 thèmes en vue de …

On peut imaginer que ces douze thèmes donnent lieu à douze prédications thématiques : c’est d’ailleurs de là qu’est venue l’idée par Linda Oyer. Cet été 2021, lors d’un camp des Lightclubberz pour ados, ces deux livres fourniront le matériau de ce qui se sera transmis aux participants. Un groupe de jeunes pourrait faire de même pour son programme annuel. Des groupes de maison pourraient lire ensemble un chapitre à la fois et en discuter.

Ensemble, les deux tomes proposent un non-conformisme évangélique en prise avec beaucoup de domaines de la vie actuelle, assumant la différence de manière missionnelle.

Dieu et la pandémie

Nous vivons dans l’ombre de la pandémie depuis plus d’une année, situation qui touche l’ensemble de nos vies, de nos activités, de nos Églises, du travail pastoral. Beaucoup de questions se posent :

  • Pourquoi?

  • Qu’est-ce que cela signifie?

  • Quelle est notre réponse?

  • Quelle est la réponse de l’Église ?

La pandémie nous rappelle notre fragilité et notre mortalité.

Depuis plusieurs générations en Europe occidentale, nous vivons un contexte plutôt exceptionnel dans l’histoire de l’humanité. Pour la grande majorité, nous avons une couverture médicale, nous n’avons pas faim, nous n’avons pas connu de conflit armé sur notre sol, le progrès technique facilite la vie et le travail, nous vivons plus longtemps que jamais dans l’Histoire. Nous pensions maîtriser la vie. Nous appuyons sur l’interrupteur, et il y a de la lumière, nous ouvrons le robinet et il y a de l’eau potable, nous prenons la voiture, le train ou l’avion et nous nous déplaçons facilement.

Et tout à coup, nous sommes face à la maladie et à la mort sur le plan mondial, nous ne pouvons plus nous voir aussi facilement, nous perdons des membres de famille et des amis, certains perdent le travail, tout est bousculé sinon bouleversé.

Mais nous ne vivons pas en Syrie, en Afghanistan, en Inde, dans l’Est du Congo. Une bonne partie de l’humanité vit des situations plus difficiles depuis longtemps. Nos parents, nos grands-parents ont connu les guerres mondiales, la grande crise économique, moins de médicaments, la grippe espagnole. Les pandémies courent depuis toujours, c’était jusqu’à très récemment des phénomènes récurrents et mortels. N’oublions pas que dans le contexte mondial actuel, nous restons privilégiés même si nous posons des questions.

Qu’est-ce que cela signifie?

Beaucoup de réponses en ce qui concerne la pandémie : on sous-estime, on surestime, on cherche les responsables, c’est la faute de la Chine, c’est la faute de notre irresponsabilité écologique, c’est la faute de nos dirigeants.

Pour certains chrétiens, c’est un signe. Un signe de la fin des temps, un signe de la colère de Dieu, c’est une punition : pour le péché sexuel, pour l’injustice entre riches et pauvres, pour la surconsommation et le niveau de vie occidental. Parfois la pandémie fonctionne comme un mégaphone, nous permettant de crier plus fort ce que nous avions de toute façon envie de dire.

La recherche de signes pose la question de notre manière de lire et de comprendre l’Histoire. Il est vrai, Jésus évoque et donne des signes, mais il a aussi dit « personne (même le Fils) ne sait l’heure ». Dans Matthieu 24, il dit même qu’il ne faut pas s’inquiéter.

Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. Attention ! Ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. (Mt 24,6)  

La description des efforts des chrétiens de lire la fin dans les événements de l’histoire rempliraient des volumes et des volumes. Comment donc comprendre les « signes » ?

Alors quelques scribes et Pharisiens prirent la parole : « Maître, nous voudrions que tu nous fasses voir un signe. »

Il leur répondit :

« Génération mauvaise et adultère qui réclame un signe ! En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d'autre que le signe du prophète Jonas. Car tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. (Mt 12,38-40)

Plutôt que de chercher des signes dans les journaux et les événements, j’aimerais suggérer que nous avons à lire les événements à la lumière du signe de Jonas, c’est-à-dire, le signe, la réalité de la croix et de la résurrection. L’histoire a un sens, mais elle est à lire à partir du Christ, à partir des réalités fondamentales de l’Évangile. La vie, la mort et la résurrection du Christ, le cœur du projet de Dieu pour la bénédiction de toutes les familles de la terre.

 Aujourd’hui, nous ne sommes pas loin du week-end de Pâques. Le vendredi saint et la croix nous rappellent la réalité du mal, le dérèglement de notre monde par le péché. Ces forces ont tout simplement cherché à supprimer le Fils. La croix, c’est l’attaque des forces du mal pour éradiquer le Christ.

 Autrement dit, nous ne devrions pas avoir besoin de signes comme la pandémie pour nous rappeler que notre monde est déréglé, que nos relations sont déréglées, que l’économie, la politique, l’écologie montrent les efforts du mal à conquérir l’Histoire.

L’ensemble de l’Écriture nous dit que le mal est complexe et que nous ne pouvons pas facilement l’expliquer. Parfois, je subis les conséquences directes de mon comportement, il y a parfois un lien évident entre mon péché et ce qui m’arrive. Parfois, nous subissons le mal commis par les autres, et ce n’est pas directement de notre faute. Les méchants prospèrent et les innocents trinquent. Est-ce qu’on va dire que l’enfant syrien qui meurt de Covid dans un camp de réfugiés est responsable d’avoir attrapé cette maladie ? Parfois, dans la Bible, par exemple dans le cas de Job, le mal est une épreuve que Dieu permet pour tester la fidélité et montrer sa souveraineté. Étant tous pris dans le cycle infernal du mal, nous ne devrions pas être trop rapide à proclamer « à qui la faute ». On est tous impliqué d’une manière ou d’une autre.

 Quelle est notre réponse?

Je soulève plusieurs pistes. D’abord, les Psaumes. Le peuple d’Israël est souvent confronté au mal. Parfois, c’est de sa faute (l’exil), parfois, ce n’est pas de sa faute (l’esclavage en Égypte), parfois, c’est tout simplement incompréhensible. Dans 33% des Psaumes nous trouvons la plainte. Face au dérèglement, le peuple s’adresse honnêtement à Dieu.

Tu nous livres comme agneaux de boucherie, tu nous as dispersés parmi les nations.  Tu cèdes ton peuple sans bénéfices, et tu n'as rien gagné à le vendre.

Tu nous exposes aux outrages de nos voisins, à la moquerie et au rire de notre entourage.

Tu fais de nous la fable des nations, et devant nous les peuples haussent les épaules.

Tous les jours, j'ai devant moi ma déchéance, et la honte couvre mon visage, sous les cris d'outrage et de blasphème, face à un ennemi revanchard.

Tout cela nous est arrivé, et nous ne t'avions pas oublié, nous n'avions pas démenti ton alliance ; notre cœur ne s'était pas repris, nos pas n'avaient pas dévié de ta route, quand tu nous as écrasés au pays des chacals et recouverts d'une ombre mortelle. (Ps 44,12-20)

Jusqu'à quand SEIGNEUR ? Te cacheras-tu constamment ? Laisseras-tu flamber ta colère ?

Pense à ce que dure ma vie : tu as créé l'homme pour une fin si dérisoire !

Quel homme vivrait sans voir la mort, échappant à l'emprise des enfers ?

Seigneur ! où sont tes bontés d'autrefois ? Tu avais juré à David sur ta fidélité !

Seigneur ! pense à tes serviteurs outragés, à tout ce peuple dont j'ai la charge.

Tes ennemis l'ont outragé, SEIGNEUR ! en crachant sur les pas de ton messie (Ps 89,47-52)

Nous pouvons faire de même. Nous pouvons poser nos questions difficiles à Dieu, nous pouvons lui dire que nous ne comprenons pas. La plainte est permise, voire nécessaire, mais ce n’est pas le dernier mot. C’est une étape de notre réponse, de notre lecture de l’Histoire humaine. Le Psaume 89 que je viens de citer, se termine de la manière suivante :

Béni soit le SEIGNEUR pour toujours ! Amen et amen ! (Ps 89,53)

Dans le signe de Jonas, il y a la croix qui nous rappelle l’existence et le sérieux du mal. Mais le dernier mot est la résurrection et la victoire sur le mal. Et nous avons ici la deuxième clé de lecture de l’histoire. La croix et la résurrection nous montrent la manière dont Dieu fait face au mal. Le Christ reste fidèle, il n’entre pas dans le jeu de la domination, de la vengeance, de la violence. Il reste dans la volonté de Dieu, il reste fidèle à ce qui lui-même avait enseigné dans le Sermon sur la montagne. Il nous montre ce que l’amour de Dieu est prêt à subir pour nous sauver.

Il est sorti du tombeau, il est monté à la droite de Dieu et toute autorité lui a déjà été donnée. C’est à partir de là que nous répondons au mal, à la pandémie, c’est la clé de notre compréhension du monde et le moteur de notre action.

Ici, les récits de Pâques dans l’Évangile de Jean peuvent nous aider. On pourrait dire qu’après la crucifixion, les disciples se confinent.

Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées. (Jn 20,19)

Les disciples ne comprennent pas ce qui est arrivé, ils ont peur, et ils ferment les portes. Nous, par crainte du virus, nous nous trouvons confinés. Mais c’est dans une telle situation que le Christ se manifeste.

Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : « La paix soit avec vous ». (Jn 20,19)

Le Christ ressuscité offre la paix à ceux qui ont peur, à ceux qui se trouvent enfermés. Et dans ces mêmes conditions, Jésus confie une mission à ces disciples.

Alors, à nouveau, Jésus leur dit :

« La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. » (Jn 20,21)

Et pour cela, il les équipe avec le Saint Esprit. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint » (Jn 20,22) La mission de l’Église commence dans le contexte des larmes des femmes dans le jardin, des disciples qui ont peur, qui doutent et qui sont enfermés.

Quelle est la réponse de l’Église?

Et c’est ici, dans cet envoi, dans cette mission que nous trouvons la réponse à la question des signes. Les disciples sont envoyés comme le Christ a été envoyé. Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie. Comme, c’est-à-dire de la même manière. Face au mal, face au dérèglement, Dieu est venu parmi nous en Christ et le Christ a posé des signes.

D’abord, il a partagé entièrement notre humanité. Il a eu faim, il a connu la tentation, il pleure lorsque son ami Lazare décède, et il a connu la souffrance et la mort. Comme remède, Dieu vient parmi nous partager notre vie. Et ce même Jésus, envoyé par le Père, Parole faite chair, a posé des signes.

La résurrection ouvre le chemin vers la nouvelle création dont parle l’Apocalypse, la création brisée, que Dieu va guérir et restaurer. Et les signes posés par Jésus étaient des signes de cette nouvelle création. Signes d’une vie nouvelle, Dieu venant dans l’ordinaire et faisant l’extraordinaire. Guérir les malades, changer l’eau en vin, donner du pain à ceux qui avaient faim, donner la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, manger avec des personnes de mauvaise réputation, pardonner les péchés, dénoncer le mal, appeler à la repentance, ce qui veut dire qu’une autre vie est possible. Des signes d’un monde nouveau, des signes du monde vers lequel l’Histoire chemine.

La croix et la résurrection sont à la fois la source de notre rédemption et le modèle de notre action dans un monde déréglé par le mal. Dieu a envoyé Jésus, Jésus envoie les pauvres en esprit, les doux, les affamés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs les artisans de paix.

N.T. Wright décrit la mission des disciples de la manière suivante : apporter l’amour de Dieu là où le monde a mal, être un peuple en prière au milieu d’un monde qui a mal. Il dit aussi que nous pouvons, devons apporter nos plaintes à Dieu. Mais une fois que c’est fait, au lieu de poser la question de « pourquoi » ou « à qui la faute », poser plutôt celle de savoir « que pouvons-nous faire ? »

Dans Actes 11, l’Église d’Antioche apprend qu’il y aura une famine, c’est-à-dire qu’il y aura des gens qui risquent de mourir. Cette Église ne dit pas « c’est un signe de la fin », elle ne dit pas, « l’empereur aurait dû faire des stocks », même si le texte donne le nom de l’empereur. Elle pose la question de savoir « que pouvons-nous, que devons-nous faire ? » Quelle réponse à une catastrophe annoncée ?

Les disciples décidèrent alors qu'ils enverraient, selon les ressources de chacun, une contribution au service des frères qui habitaient la Judée. Ce qui fut fait. L'envoi, adressé aux anciens, fut confié aux mains de Barnabas et de Saul. (Actes 11,29-30)

 Sachant que des sœurs et des frères auront faim, ils décident de faire une collecte et ils désignent des responsables. Les épîtres de Paul nous montrent à quel point cette collecte était importante. Des Églises de partout ont pris soin de chrétiens qu’ils ne connaissaient pas. Elles ont posé le signe d’un monde fraternel et solidaire, du monde tel que Dieu le veut, tel qu’il sera.

Au milieu de nos craintes, lorsque nous nous trouvons confinés, le Christ se fait connaître, et il nous confie la même mission : comme le Père m’a envoyé, moi, je vous envoie. Soyons de ceux et celles qui apportent l’amour et le pardon de Dieu là où notre monde a mal, là où notre monde souffre.

 

 

Cette méditation de Neal Blough s’inspire de sa lecture du livret de N.T. Wright, God and the Pandemic : A Christian Reflection on the Coronavirus and its Aftermath, Zondervan Reflection, 2020.

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Du nouveau sur la formation anabaptiste en ligne

Bien avant la Covid-19, la réflexion s’est amorcée entre diverses institutions offrant des formations théologiques et bibliques anabaptistes, en vue de pouvoir offrir une formation anabaptiste francophone en ligne. Un tel outil, en effet, n’existait jusque maintenant pas encore…

En 2014, lors de la consultation sur la formation théologique dans un cadre anabaptiste-mennonite, à Kinshasa, la décision a été prise de remédier à ce manque. C’est ainsi qu’en 2017, plusieurs de ces institutions se sont réunies au sein d’un consortium dans l’objectif d’établir un partenariat pour développer et mettre à la disposition des institutions de formation théologique francophones des formations spécifiquement liées à la théologie anabaptiste, concernant la paix, la justice et la réconciliation.

Le Centre de Formation à la Justice et à la Paix (CFJP) a ainsi vu le jour, hébergé par l’Université de l’Alliance Chrétienne d’Abidjan (UACA), dont le profil était le plus adapté pour encadrer ses activités. Parmi les partenaires figurent notamment l’École de Théologie Évangélique du Québec (ETEQ), le Centre Universitaire de Missiologie (CUM) de Kinshasa, l’Université Chrétienne de Kinshasa (UCKIN), le Centre de Formation du Bienenberg (CeFor), le Centre mennonite de Paris (CMP), le Réseau mennonite francophone (Rmf), et bien d’autres encore.

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Le premier fruit de cette collaboration est la création d’un cours pilote que nous sommes heureux de vous présenter aujourd’hui : le cours Leadership, paix et réconciliation, qui se déroule du 11 janvier au 3 avril, et qui porte sur les diverses catégories de conflits et leurs impacts sur leurs contextes, pour outiller les leaders en vue de développer de nouvelles approches créatives pour développer la paix, le shalom divin dans leurs communautés.

Les thèmes abordés sont les suivants :

  • Leadership et gestions des conflits

  • L'éthique anabaptiste, la paix et l'Église

  • Perspectives bibliques sur la paix et le shalom

  • Genre et transformation des conflits

  • Ethnicité, culture et conflit

  • La politique, la théologie et la réconciliation

  • La justice réparatrice

Plus de détail dans le flyer ci-joint.

Ce premier cours est destiné aux étudiants en master et doctorat, sur une base de 10 séances hebdomadaires par Zoom de 90 minutes, les devoirs et discussions de groupe seront déployés en ligne.

Proposé par le CFJP, il est organisé par l'Université de l'Alliance Chrétienne d'Abidjan (UACA), le Centre Universitaire de Missiologie de Kinshasa (CUM), l'Université Chrétienne de Kinshasa (UCKin) et l'École de Théologie Évangélique du Québec (ETEQ).

Les inscriptions se font directement par les administrations des écoles concernées :

http://uaca-edu.org

https://ucemis.academy

https://uckin.net

https://www.eteq.ca

L'oecuménisme, une question débattue

Avant chaque journée Points chauds, un exercice préparatoire est donné aux participants pour se préparer à ce qu’ils vont entendre. La prochaine journée traitera de l’œcuménisme. La consigne? Regarder la vidéo ci-dessous et répondre aux deux questions ci-dessous. Et vous qu’en dites vous?

L’œcuménisme

Conférence de Campus protestant : Les mots de la foi
Idée de Antoine Nouis et Jean-Luc Mouton. Présenté par Gérard Rouzier

Plusieurs raisons (secondaires) plaident en faveur de l’œcuménisme :

  • L’esthétique : L’unité est préférable à la division.

  • L’évangélisation : Les divisions sont un contre-témoignage.

  • Le souci pastoral : Il y a de nombreux couples interconfessionnels dans nos Églises.

Raison fondamentale : L’œcuménisme est une exigence spirituelle

Les différences appartiennent à la création. Elles sont dans le monde, nos Églises, nos familles, etc.

Face à ces différences, il y a deux péchés à éviter :

  • L’uniformité : Nier la diversité en voulant que tout le monde soit pareil. Un des Pères de l’Église, Basile de Césarée, a dit : « C’est la même eau fraîche et féconde qui tombe sur le champ afin que fleurissent rouge le coquelicot, rose la rose et bleu le bleuet. »

  • L’indifférence : Désinvolture qui consiste à ignorer ceux qui sont différents de nous et à croire que nous n’avons pas besoin les uns des autres.

Entre ces deux écueils, l’œcuménisme cherche une juste relation entre les Églises.

Trois formes d’œcuménisme :

  • L’œcuménisme théologique : Travail sur les vraies et les fausses différences. Il cherche à rapprocher les positions et à se mettre d’accord sur les désaccords.
    Cet œcuménisme est important mais arrive un moment où les désaccords sont irréductibles et indépassables sauf à demander à une Église de renoncer à ce qui est pour elle fondamental.

  • L’œcuménisme de l’hospitalité : Démarche spirituelle qui prend en compte les différences, et qui cherche à accueillir et à aimer ce qui fonde ces différences. Œcuménisme qui consiste à s’inviter et se visiter les uns les autres. (Hébreux 13.1 : « N’oubliez pas l’hospitalité, il en est qui en l’exerçant, ont à leur insu, loger des anges.»)

  • L’œcuménisme de l’objection : Il ne s’agit pas seulement d’accueillir les différences, mais de demander à chacun de formuler les objections qu’il adresse à l’autre. Cela repose sur l’idée que chaque Église permet à l’autre d’éviter de tomber du côté où elle penche.
    Le protestantisme peut aider l’֤Église catholique à se préserver d’un absolutisme qui la menace. Le catholicisme rappelle au protestantisme que la théologie a une histoire, et que l’Église est universelle.

Exemple biblique : Dans l’épître aux Galates (chapitre 2), Paul parle de la grande question qui se posait à la première Église : la cohabitation entre les juifs et les non-juifs : fallait-il marquer cette différence et avoir des Églises séparées ? Ou abolir les différences ?
La question a été traitée à la rencontre de Jérusalem.
Après avoir évoqué les deux positions, Paul termine ainsi : « Lorsque Jacques, Céphas et Jean (chefs de l’Église) ont reconnu la grâce qui m’avait été accordée, alors ils nous ont donné la main droite à Barnabé et à moi en signe de communion. Nous irions nous vers les non-juifs, et eux vers les circoncis. Nous devions seulement nous souvenir des pauvres, ce que je me suis empressé de faire. »

Trois éléments dans ce texte peuvent inspirer le dialogue œcuménique :

  • Évoquer les différences : Paul aurait pu poursuivre sa mission sans se soucier de ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui. Il a tenu à aller à Jérusalem pour les rencontrer et exposer sa position. Lorsque la différence est apparue irréductible, ils ont décidé de partir chacun de leur côté.

  • Se séparer en se donnant la main droite. Le signe est éloquent : tendre la main droite, c’est refuser de se séparer sans se donner mutuellement un signe de paix. Le geste a des allures d’une bénédiction « Que Dieu t’accompagne sur ton chemin ».

  • Faire ensemble tout ce qui est possible. Ne pas être d’accord sur les prescriptions du judaïsme n’empêche pas de s’occuper ensemble des pauvres.

Ce passage propose un chemin pour les relations entre les Églises :

  • Éclaircir les différences pour repérer celles qui sont irréductibles.

  • Honorer ces différences tout en appelant la bénédiction de Dieu sur les autres Églises.

Faire ensemble tout ce qu’on n’est pas obligé de faire séparément, notamment l’action sociale.

Merci à Jane-Marie Nussbaumer pour la retranscription de la vidéo.




Comment réagis-tu à cette vidéo ?

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(Re-)découvrir le Sermon sur la Montagne depuis son salon

En période de pandémie, il est difficile de se projeter et d’envisager des déplacements ainsi que des rencontres avec de grands groupes. Le FREE COLLEGE et le Centre de formation proposent d’approfondir un texte qui est au centre de l'enseignement de Jésus depuis son fauteuil, une tasse de thé à la main.

Une occasion unique de découvrir Jésus dans une autre perspective!

Orateur

Claude Baecher, ancien pasteur des Églises mennonites et de la FREE et spécialiste de la question.

Quand

Tous les mercredi soirs à 20h15 du 2 janvier au 26 mai 2021.

Lieu

Depuis chez vous, sur Zoom.

Support matériel

Claude Baecher participera à la soirée en tant que consultant.

Prix

La participation à ces animations bibliques est gratuite, mais une inscription est nécessaire pour obtenir le lien à la connexion ZOOM. Ces soirées seront animées conjointement par Serge Carrel, journaliste, et par un pasteur d’une des Églises partenaires.


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Programme

1.      6 janvier : « Introduction au Sermon sur la montagne » (Mt 4.23-5.2)

2.      13 janvier : « Heureux ! » (les Béatitudes) (Mt 5.3-12)

3.      20 janvier : « Sel et lumière » (Mt 5.13.16)

4.      27 janvier : « Jésus et la loi » (Mt 5.17-20)

5.      3 février : « Priorité à la réconciliation » (Mt 5.21-26)

6.      10 février : « Pour des relations saines entre hommes et femmes » (Mt 5.27-32)

7.      17 février : « Parler sans tromper » (Mt 5.33-37)

8.      3 mars : « Comment faire face à la malveillance » (Mt 5.38-42)

9.      10 mars : « La spiritualité du Royaume » (L’amour de l’ennemi) (Mt 5.43-48)

10.   17 mars : « Une spiritualité centrée sur Jésus ou sur soi-même » (Mt 6.1-6 et 16-18)

11.   24 mars : « L’antidote à la prière païenne : le Notre Père » (Mt 6.7-15)

12.   31 mars : « Une manière révélatrice d’engager ses biens » (Mt 6.19-24)

13.   21 avril : « La peur de manquer et le Royaume de Dieu » (Mt 6.25-34)

14.   28 avril : « Contre le moralisme dévastateur » (Mt 7.1-5)

15.   5 mai : « Pas de contrainte, mais confiance en Dieu » (Mt 7.6-11)

16.   12 mai : « Contre les interprétations égoïstes et la course à la réussite » (Mt 7.12-14)

17.   19 mai : « Contre la boulimie du surnaturel et la recherche du sensationnalisme » (Mt 5.15-23)

18.   26 mai : « Contre les brasseurs d’idées justes qui en restent là » (Mt 7. 24-29)

Inscriptions et informations supplémentaires

Sur le site de la Free (lien ici).

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Le livre de Bruxy Cavey est disponible en français!

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En ces temps de pandémie, il fait bon se recentrer sur une bonne nouvelle… et quelle bonne nouvelle! En juin dernier, il était prévu que Bruxy Cavey vienne au Bienenberg et nous avions sollicité les éditions Farel pour la traduction en français et la publication de son dernier livre. Même si sa venue n’a pu avoir lieu pour cause de pandémie, le livre, lui, est bien paru!

Son livre: “(Ré)unir: la bonne nouvelle de Jésus-Christ pour les curieux, les saints et les pécheurs” est maintenant disponible en français!

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« Les humains sont comme des cerfs-volants, ils aspirent à être libres et à s’envoler », souligne Bruxy Cavey dans sa préface, « seulement ils peuvent parfois terminer leur vol par un plongeon dans la boue ». Les cerfs-volants sont libres, mais ne peuvent vivre en détachement total. Ils ont besoin d’être guidés par une main experte et bienveillante, celle de Dieu. Dans son livre, « (Ré)union. La bonne nouvelle de Jésus pour les saints, les pécheurs et tous ceux qui le cherchent », Cavey invite à (re)découvrir cette relation à Dieu. Communiquer la bonne nouvelle de l’Évangile n’est pas chose facile. Jésus, et l’apôtre Paul à sa suite, ont utilisé différentes images et différentes explications pour communiquer la richesse du message d’espérance contenu dans la Bible.

Résumer la bonne nouvelle de l’Évangile

Les chrétiens ont fait beaucoup de tentatives successives pour tenter de résumer la bonne nouvelle, comme par exemple le crédo ou plus récemment les 4 lois spirituelles. Il est cependant nécessaire de se souvenir que ces résumés ne se suffisent pas à eux-mêmes et qu’ils n’ont qu’une vocation – pointer vers l’Évangile. La bonne nouvelle a besoin de différents regards et de différentes voix pour résonner dans toute sa richesse.

Les chrétiens ont de la dynamite entre les mains : leur message est celui de l’union avec Dieu. L’union avec le Seul qui puisse donner du sens et un objectif à la vie. L’Évangile parle d’acceptation, de pardon, de sens, de sécurité et rejoint les besoins humains les plus fondamentaux. Ceux qui le vivent se joignent au sillon tracé par tous ceux qui les ont précédés. Le chemin qui a été emprunté par Jésus lui-même.

L’Évangile en 1 mot

L’Évangile en un mot, c’est « Jésus ». Il est le messager et le message. Son message, qui s’adresse à tous en tout temps, a été un message incarné et présent dans un contexte. La Bible l’affirme, mais la Bible n’est qu’une fenêtre : une fenêtre à travers laquelle nous pouvons voir Jésus. Jésus est l’ultime révélation de Dieu, ce qui signifie que les chrétiens ne sont pas un « peuple du livre », mais un « peuple de la personne ». Jésus est la vérité, et l’Évangile ne peut être mieux résumé que par son nom.

L’Évangile en 3 mots

« Jésus est Seigneur », comme l’affirme la première confession de foi. Lorsque nous l’affirmons, nous indiquons notre confiance en son projet. Jésus est Seigneur, signifie qu’il est celui qui dirige notre vie ; qu’il est notre mentor, notre roi, et notre maître. Il est le filtre par lequel toutes nos interprétations de la Bible doivent être filtrées. Est-ce que ce que nous avons compris du texte est cohérent avec ce que nous connaissons, voyons et comprenons de Jésus ?

La bonne nouvelle en 30 mots

La bonne nouvelle peut aussi se résumer en 30 mots (attention prenez votre souffle) :

« Jésus est Dieu avec nous, venu pour nous montrer l’amour de Dieu, nous sauver du péché, établir le Royaume de Dieu, mettre fin à la religion, pour que nous puissions participer à la vie de Dieu. » Cette phrase n’est pas à utiliser de façon littérale dans les conversations avec ceux qui ne connaissent pas la bonne nouvelle, mais elle peut servir de repère en identifiant ses aspects principaux. Lorsque nous réfléchissons à un sujet, nous pouvons le filtrer par les catégories de l’Évangile.

La fondation est claire : Jésus est Emmanuel, Dieu avec nous.

Il a accompli 4 grâces pour le bien de son peuple et pour la gloire de Dieu :

  1. montrer l’amour de Dieu

  2. nous sauver du péché

  3. établir son Royaume

  4. mettre fin à la religion

Le but de Dieu est de partager sa vie avec nous. Son but ultime n’est pas de nous faire entrer au ciel, mais de faire entrer le ciel en nous.


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Le livre de Bruxy Cavey existe aussi en anglais (avec un livre d’étude) et en allemand.