Un combat « spirituel » dans le concret de la vie

Différents noms du mal et du diable

Le mal se manifeste à différentes échelles. Il y a pour les humains diverses manières de nommer le mal et le diable à des époques différentes. Cette diversité se retrouve également dans la Bible. Il suffit de considérer les différents noms donnés au péché et à la figure mystérieuse qui apparait dès la Genèse, lors de la désobéissance initiale, représentée par le serpent, le diable, Satan, Béelzébub, les démons ou de quelque nom qu’on le nomme. 

Il ne peut que tordre le bien

Cet « ennemi » n’est pas Dieu, mais uniquement une force qui a pour effet de tordre. Rien ne lui appartient, mais il a la force de corrompre, de tordre, de dévaster. Il ne peut prendre que de bonnes choses et en dévier l’usage. Ainsi il peut prendre tout et n’importe quoi pour asservir : la santé, l’argent, l’art, le sexe, le pouvoir, l’honneur, la sécurité, le rapport à la nature, la terre, les races, la religion… et affecter les relations, les destinées.

Une victoire qui embrasse tout

Les chrétiens ont pourtant en commun leur foi dans une victoire manifestée par la résurrection de Jésus-Christ. Ce qui change est la victoire sur « celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable » (Hébreux 2,14).

Mais quels sont les domaines de la vie où le diable se manifeste ? « Lorsque les humains pèchent, ils livrent à des forces non divines un pouvoir et une autorité que ces forces n’ont jamais été supposées avoir», a dit avec justesse le théologien N.T. Wright (The Day the Revolution Began, 2016, p. 101). Cela inclut les domaines de l’argent, du pouvoir, de la jouissance et ne se limite pas aux pratiques occultes. Il est bien plus vaste que nous ne l’imaginons. Les chrétiens ont en commun de savoir que la victoire sur le diable est remportée paradoxalement par la « mort » de Jésus, le souverain sacrificateur qui a fait par sa mort l’expiation du péché.

Néanmoins nous constatons des compréhensions et pratiques différentes de combat à mener contre le mal et le diable tout en se réclamant de la même victoire acquise à la croix. Ces courants parcourent les Églises et provoquent parfois des incompréhensions sinon des jugements hâtifs les uns envers aux autres.

Trois manières de concevoir le combat à mener

Si on exclut une première manière, qui consiste à s’en réclamer, mais sans mener nous-mêmes de combat contre le mal, la victoire étant acquise, juste en s’abstenant de tout culte ésotérique – l’espérance est alors essentiellement pour un ailleurs, « le ciel », la terre étant laissée à sa corruption –, je vois encore deux autres manières de comprendre le combat « spirituel » parmi les chrétiens :

  • Une variante de cette première manière envisage le combat, mais plutôt sous une forme magique avec des proclamations faites au nom de Jésus, en prenant « position » essentiellement contre les « esprits » territoriaux et autres et sur le plan «surnaturel ».
  • Une dernière est essentiellement un combat mené à la suite du Christ, dans la prière et sur le plan éthique. Le Christ a résisté à des tentations pour sa vie et son ministère qui lui auraient évité d’aimer jusqu’au bout. Il s’agit d’un combat qui s’intéresse à l’amour et donc aux moyens du Christ pour régner. Le combat est alors essentiellement éthique et d’annonce du règne de Dieu dans un monde où régit le mal. Cette option, nous l’avons compris, va plus loin que la seconde et intègre la justice restauratrice de Jésus. La confrontation de son règne d’amour doit se faire avec toute force asservissante, individuelle et sociétale, mais avant tout dans le cœur humain. Selon cette compréhension, la paix et la justice qui restaurent sont comme une guerre qui doit être menée à tous les niveaux.

Un combat pour aimer à tous niveaux

Le combat est essentiellement éthique et sur le plan de la prière, pour ne pas enfermer l’action du diable dans quelques manifestations étranges. L’échelle individuelle comme l’échelle sociale et planétaire sont concernées dans toutes ses dimensions.

Comme le dit John Ekblad :

« Il me faut tenir compte des microforces qui assaillent les gens – colère, jalousie, convoitise, envie, tout ce que les Pères de l’Église appellent “ passions ” ou “ démons ” – et les macroforces que sont le légalisme, le nationalisme, les discriminations, etc., que les auteurs du prophétisme social appellent les “ principautés et puissances ”, s’ils utilisent la terminologie biblique. »

(voir Bob Ekblad, Sur la terre comme au ciel, éditions Olivétan, p. 119).

Résister aux pouvoirs d’asservissement

Ainsi nous avons à lutter par des moyens essentiellement défensifs (Éphésiens 6) contre des mentalités méchantes et offensives par l’amour. « L’épée de l’Esprit » est précisément la Parole de Dieu et il s’agit avant tout pour nous de nous y accrocher et de nous y conformer, c’est-à-dire de rester fidèles à Jésus, et pas par un set de commandements ou de formules magiques.

Les « pouvoirs » sont des forces capables de faire faire quelque chose à des individus comme à des sociétés. Les pouvoirs guident des mentalités vers l’asservissement, il s’agit de structures humaines animées par un esprit. Ainsi on comprend bien mieux l’œuvre de Jésus-Christ décrite par l’apôtre Paul en Colossiens (2, 15) : « il (Jésus) a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix ». Le moyen de victoire de Jésus, de confrontation du mal est la croix ! Jésus a confronté et vaincu les pouvoirs en démasquant leur méchanceté. La mort elle-même n’avait pas de pouvoir sur lui.

Cela nous aide à lutter également contre les formatages de l’injustice qui se présentent sur nos chemins. Jésus a mené une lutte sans céder au mal, mais en faisant le bien, en aimant ! Jésus a vécu un autre rapport de force : ce qui plaît à Dieu, qui aime contre ce qui est tordu pour soi ou pour d’autres. Ce faisant il a ouvert la possibilité d’un changement de cœur, d’une repentance du mal et du péché.

Comme le dira encore Paul aux chrétiens, il s’agit de « vaincre le mal en faisant le bien » (Romains 12,21). C’est dire que le « combat spirituel » est essentiellement celui de la confiance en Jésus, mais aussi celui de l’amour sacrificiel, du pouvoir servant. Jésus est le seul qui réconcilie, en offrant les conditions pour transformer un ennemi en un ami.

Ne pas se tromper de combat

Il m’est arrivé de ne pas voir de démons là où certains en voyaient et par contre d’en voir là où ils n’en voyaient pas…

« Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les œuvres du diable » (Jean 3,8 b). Dans la joie de la mission qui est la nôtre, ancrée dans la victoire du Christ et l’attente confiante d’un monde où la justice habite et où Dieu sera « tout en tous » (1 Corinthiens 15,28), dans cette espérance, que l’Esprit du ressuscité nous invite à ne pas nous tromper de combat !

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