Dieu et l'argent

Les mercredis 8 et 22 novembre, le Centre de formation du Bienenberg et le FREE COLLEGE proposent deux soirées ZOOM autour du thème : « Dieu et l’argent ». L’invité de ces deux soirées sera Daniel Marguerat, professeur honoraire de Nouveau Testament, et auteur d’un petit livre stimulant autour de ce thème (1).

 

La débâcle de Crédit Suisse a mis en lumière le rapport curieux que nombre de nos contemporains entretiennent avec l’argent (2). Objet des désirs les plus irrépressibles pour certains, refuge et sécurité ultime pour d’autres… Une chose est sûre : l’argent ne laisse personne indifférent. Jésus a proposé son regard sur l’argent. Un regard original et décalé, puisqu’il a même invité à le profaner afin de faire disparaître dans notre relation à lui toute dimension religieuse.

« Qu’est-ce que l’argent fait de toi ? »

Les mercredis 8 et 22 novembre, le Centre de formation du Bienenberg qui est responsable de la formation au sein des Églises mennonites et le FREE COLLEGE, la formation d’adultes de la FREE, mettent sur pied deux soirées autour de ce thème avec Daniel Marguerat, ancien professeur de Nouveau Testament et auteur du livre « Dieu et l’argent. Une parole à oser » (1). Selon la jolie formule de Daniel Marguerat, la question n’est plus de savoir ce que l’on fait de l’argent, mais ce que l’argent fait de toi… ou de moi. Un être arrimé à ses privilèges ou quelqu’un de disponible au partage et à la générosité ? Pour suivre l’enseignement de Jésus de Nazareth, les premiers disciples ont suivi différentes pistes pour « profaner » le dieu Mammon : la pauvreté radicale, la mise en commun des biens, le don, le bénévolat…

En lien avec une émission de TV

Chacune des deux soirées ZOOM commencera par une émission de TV avec Daniel Marguerat en interview, et se poursuivra par un temps d’échange entre cet auteur et les animateurs de la soirée. Un temps de discussion permettra à chaque participant-e de poser ses questions et d’approfondir ainsi l’enseignement de Jésus sur l’argent. (c)

S’inscrire à la formation « Dieu et l’argent » des 8 et 22 novembre.

https://eglisesfree.ch/free-college/journees/inscription-journees


 Notes

1 Daniel Marguerat, Dieu et l’argent. Une parole à oser, Bière, Cabédita, 2013, 96 p.

2. Ecouter l’émission « Daniel Marguerat et la débâcle de Credit Suisse dans ‘Un R d’Actu’ », Radio R, 22 mars 2023.

https://radio-r.ch/actualite/daniel-marguerat-et-la-debacle-de-credit-suisse-dans-un-r-dactu/

Elle est « accro » à la formation pour responsables d’Églises !

Je me souviens encore de mes débuts aux sessions de formation pour anciens, prédicateurs et diacres. C’était en avril 2016 avec ce premier thème de « L’Église participative » réparti en trois soirées, à raison d’une par mois. La progression dans la façon de décliner le thème, la variété des intervenants (trop peu d’intervenantes à mon avis !) et notre participation sous forme de discussions ou autre m’ont très rapidement enthousiasmée. La communion fraternelle, la convivialité et l’accueil dans l’une des Églises mennonites d’Alsace Sud ont également contribué à me faire devenir « accro » de ces soirées !

On y prend et retient ce que l’on peut en fonction de ses connaissances bibliques du moment et de son « état spirituel », mais il y a largement de quoi contenter chaque participant.

Les points de vue apportés sont très enrichissants pour la jeune membre du collège pastoral que je suis alors. « Jésus passe son temps à ‘’déformater’’ le regard des disciples. » Cette phrase-choc est l’un des multiples exemples de ce qui m’a impactée.

Différents thèmes sont traités au fur et à mesure des années : la conversion, l’accueil dans l’Église, l’enseignement du catéchisme aux ados, etc.

Le public est parfois plus restreint, comme lors du module sur la prédication au cours duquel un professionnel des médias m’a fait progresser sur la façon de communiquer et sur la gestuelle en disant : « Mieux s’exprimer oralement, c’est avant tout rester soi-même ou le devenir un peu plus. » Moins de pression du coup ? Sûrement pas ! « Il faut avoir conquis les gens en 8 secondes et faire de la lecture de la Parole de Dieu un moment bouleversant. »

Le dernier thème de 2022, « Servir Dieu avec sa personnalité », m’a quant à lui fait progresser dans ma vie de foi personnelle. En effet, lors de la déclinaison du thème sur « Servir Dieu en ayant Jésus comme modèle », j’ai été percutée par des éléments de la vie de Jésus, parce qu’apportés de façon originale. Et au-delà, à l’instar de Jésus, qui, bien que déçu de ses disciples, ne les a jamais abandonnés, eh bien moi aussi lorsque je suis déçue, j’apprends à présent à continuer à servir.

Merci aux organisateurs et aux intervenants de m’apporter tellement à travers ces soirées !

Marielle Schoffmann, Église du Birkenhof, membre du Collège pastoral

 

Une formation permanente régionale au service des ministères

À raison de trois modules par an, cette formation a lieu dans quatre régions alternativement :

  • Alsace Sud

  • Franche-Comté

  • Alsace Nord

  • Lorraine

Elle est organisée par le Centre de Formation du Bienenberg et la Commission des Ministères des Églises mennonites de France.

Le programme 2023 est disponible ici (régions Alsace Nord et Lorraine), ainsi que les modalités d’inscription. Thèmes traités : Le rôle et l’autorité des anciens – Question de genre et foi chrétienne – S’adapter ou « discipliner : comment bien faire de la pastorale ?

Qui sont les mennonites ?

Qui sont les anabaptistes? Comment les mennonites sont-ils apparus? Où vivent-ils aujourd’hui? Que croient-ils? Hanspeter Jecker, historien de l’anabaptisme, ancien professeur au Centre de Formation du Bienenberg et président de la Société d’Histoire Mennonite Suisse a répondu à ces questions dans une petite brochure pour tous les intéressés. Le texte, à l’origine écrit en allemand a été adapté en français par Michel Sommer. La brochure peut être téléchargée ici ou en cliquant sur l’image de couverture ci-dessous.


Une autobiographie congolaise mouvementée

Les Éditions Mennonites ont récemment publié l’autobiographie de Mulanda Jimmy JUMA, un chrétien congolais au parcours remarquable dans un contexte dramatique.

Le livre raconte l’histoire de Mulanda, né en 1973 sur les berges d’un lac à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Pour échapper aux milices qui se battent, il vit caché avec sa famille dans une maison en herbe au milieu des roseaux, entouré par une insécurité permanente. En 1996, sous les balles et les bombes, il s’enfuit en Tanzanie, au début de ce que l’on nommera la première guerre mondiale africaine qui causera la mort de six millions (oui, six millions) de personnes et le déplacement de 10 millions d’habitants. C’est alors que l’eau du lac Tanganyika est rouge de sang… Il erre ensuite à travers plusieurs pays (Tanzanie, Malawi, Mozambique) pour se réfugier en Afrique du Sud. Là, Mulanda connaît l’apartheid et le racisme dans l’Église et à l’université, échappe à la mort face à des gangs s’en prenant aux réfugiés, comme lui…

En Afrique du Sud, il entend pour la première fois parler du Mennonite Central Committee (MCC) et participe à un programme de guérison des traumatismes. Il écrit :

« Je découvre que je porte ce bagage de traumatismes depuis longtemps. Je pleure littéralement pendant cette formation en partageant mes histoires, des histoires douloureuses. Tout le groupe vient vers moi, m’embrasse et me soutient. Je me sens soulagé à partir de là, j’ai vraiment l’impression qu’un poids a disparu. »

Ce processus de guérison permet à Mulanda de surmonter son désir de vengeance, après avoir tant souffert et après avoir vu tant d’horreurs. Il va se former dans le domaine de la construction de la paix, au niveau relationnel et politique, jusqu’à l’obtention d’un doctorat en Italie, et devenir un agent de la paix auprès d’organismes comme le centre Dag Hammarskjöld en Zambie (du nom d’un ancien secrétaire général de l’ONU, mort dans un accident d’avion en 1961) ou comme le Mennonite Central Committee, dont il deviendra le représentant en RDC, pour servir son pays, puis le représentant pour le Burundi et le Rwanda, sa fonction actuelle. Il intervient aussi dans plusieurs pays à travers le monde, en tant que spécialiste des processus d’élections ou comme médiateur entre gouvernement et groupes paramilitaires en Colombie…

Le livre commence par la description du travail de Mulanda dès 2017 pour le MCC. Puis on remonte à son enfance mouvementée, à sa jeunesse en fuite, à l’étape importante de l’Afrique du Sud pour arriver à ce ministère aux dimensions internationales. Le livre se termine par un chapitre intitulé « Les racines et les ailes d’un bâtisseur de paix », où l’auteur décrit l’importance de ses parents dans la construction de son identité et de son futur engagement, l’importance de rencontres déterminantes dans son parcours, et l’importance de la foi en Dieu qui l’a soutenu.

Une originalité du livre est à signaler : des encadrés explicatifs ponctuent le récit raconté à la première personne par l’auteur ; ils donnent des clés de compréhension très utiles, en particulier au lecteur européen, en matière de (géo)politique, d’économie, d’histoire de la RDC et du sud du continent africain. Ces encadrés ont été rédigés par Daniel Goldschmidt, membre du comité des Dossiers de Christ Seul.

Le livre se lit facilement, parce que le parcours de Mulanda est dramatique, phénoménal et finalement heureux. Pour nous Européens, ce récit nous ouvre à des réalités que nous ignorons ou que nous oublions, celles d’un grand pays africain qui devrait être l’un des pays les plus riches du monde, mais qui subit la corruption et le pillage systématique de ses ressources, au prix de conflits armés quasi permanents.  

Pour quiconque se demande ce que peut signifier s’engager au service de la paix au nom du Christ, une conviction éthique chère entre autres aux mennonites, ce récit est édifiant et inspirant.

J’ai eu le privilège d’échanger une fois par Zoom avec Mulanda ; je n’oublie pas la chaleur de la rencontre, l’humilité de sa personne, le large sourire, l’attention portée, la tranquille détermination… Toutes qualités d’un bâtisseur de paix…

Michel Sommer

 

Pour aller plus loin…

Mulanda Jimmy JUMA, L’eau du lac était rouge – Un bâtisseur de paix congolais au cœur des guerres, Dossier de Christ Seul 1/2023, Editions Mennonites, 96 pages, 11 €. A commander sur : https://www.editions-mennonites.fr

 Rencontrer l’auteur?

 L’auteur donnera une conférence sur zoom le 29 juin 2023 de 19h-21h (heure de Paris). La conférence est gratuite, l’inscription se fait sur le site de justice et paix.

 

 

 

Une Église qui fait le bien

Ce petit dossier écrit par Jean-Marc Bellefleur, invite à un amour mis en action. Il se manifeste au sein de la communauté chrétienne, mais est appelé à dépasser ses murs et à se mettre au service du prochain. Les mots doivent aller de pair avec les gestes pour former un ensemble cohérent qui témoigne de Christ.

N'aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours; Faisons preuve d’un véritable amour qui se manifeste par des actes ! (Jean 3.18)

Quatre chapitres articulent ce dossier inspirant:

  1. Le principe de bienfaisance en Église

L’action sociale s’inscrit dans un certain nombre de jeux d’équilibres. Faut-il davantage marquer de l’attention pour l’Église ou pour l’individu ? Faut-il plutôt dire ou faire ? Comment s’occuper des prochains ici sans oublier les prochains au loin ? Si l’Église va bien, qu’elle a une bonne stratégie de communication et de bonnes relations à l’extérieur, elle est en mesure de faire le bien. Son action sera bienfaisante pour les autres, mais aussi pour elle-même.

2. L’organisation d’une Église qui fait le bien

L’auteur invite à ce qu’un groupe de travail se mette en route pour s’occuper spécifiquement de l’action sociale. Ce groupe doit être discerné et envoyé par l’Église et fonctionner en lien étroit avec ses responsables. Si l’action sociale est pleinement intégrée dans le quotidien de l’Église elle figurera aussi dans son budget. La bienfaisance peut se vivre de bien des façons, mais il est important de prendre les limites de son action en considération.

3. Quelle structure pour la bienfaisance ?

L’action sociale doit-elle être gérée de façon indépendante ou liée à la vie de l’Église ? Quelle place faut-il laisser à la professionnalisation ? Jean-Marc Bellefleur n’évite pas les questions difficiles.

4. Quelques actions possibles

De petites initiatives peuvent être mises en œuvre : un dépôt alimentaire, des repas gratuits, un vestiaire solidaire, une caisse d’aide, une manifestation de soutien.


Un petit livre à commander sur la page des éditions mennonites et à mettre entre les mains de toutes celles et de tous ceux qui se préoccupent de leur prochain.

Retrouver le sens du temps - l'interview!

Interview avec les auteurs du livre Retrouver le sens du temps, un parcours de méditation et de prière.

Retrouver le sens du temps, s’arrêter, faire une pause, c’est possible à la rentrée ? Rencontre avec les auteurs du livre Retrouver le sens du temps pour comprendre l’importance de s’arrêter, même en période d’activité intense, et profiter pleinement de ce livre et des ses enseignements pour votre vie.

1. En quelques mots, pourquoi ce thème « retrouver le sens du temps » et quel est l’objectif du livre ?

Michel Sommer : Notre rapport au temps est devenu problématique, comme le dit le philosophe Hartmut Rosa : « Le sentiment général est de courir de plus en vite sans jamais aller nulle part. » Il parle d’« accélération » dans tous les domaines de la vie, qui a de gros impacts. Pourtant, ce sujet est peu thématisé par les chrétiens, dans les prédications, même si l’accélération gagne aussi les Églises. Par un cheminement de méditation et de prière nourri de textes biblique, l’objectif du livre est d’aider à prendre conscience de son propre rapport au temps, de se donner du temps pour la relation avec Dieu, de se mettre à l’écoute intérieure des textes bibliques sur le temps, et ainsi de « retrouver le sens du temps ».

2. Vous êtes cinq auteurs à avoir participé à l’écriture de ce livre, qu’est-ce qui vous a réuni autour de ce thème ?

Jane-Marie Nussbaumer : Un collectif de cinq auteurs ? Ce n’est pas habituel : plus précisément, il s’agit de trois auteurs, une photographe et une personne qui a relu et coordonné ! Ces cinq personnes se connaissent bien, et pour cause ! Elles font équipe depuis 2005. Dès ce moment, à deux exceptions près, elles ont animé ensemble chaque année une retraite au Centre de Formation et de Rencontre du Bienenberg, près de Bâle en Suisse.

Au cours de ces 17 retraites de six jours, chacune des personnes de l’équipe a trouvé sa place selon ses compétences et goûts. C’est donc presque naturellement que deux livres sont issus de ces retraites : le premier paru en 2015 sur la base des retraites de 2005 à 2009 sur les cinq sens. Le titre de ce premier livre est Nos cinq sens à la rencontre de Dieu – Un parcours de méditation et de prière.

Et c’est lors de la retraite de 2019 que le thème du temps a été proposé. Une partie du matériau de ce livre a été reprise et complétée suite à cette retraite dont le thème était « Pour retrouver le sens du temps ». La structure de chaque chapitre correspond au vécu des matinées de la retraite du Bienenberg : un temps de louange, un texte biblique et des impulsions, puis des pistes pour le temps de méditation et de prière qui se vivait en silence.

3. Vous dites dans le livre que nos emplois du temps sont souvent surchargés, que nous courons beaucoup, ou qu’au contraire, nous sommes dans le « trop peu » : quels problèmes le trop, ou le trop peu peuvent-ils causer à notre relation à Dieu ?

Michel Sommer : Le trop d’activités et le trop de sollicitations nous empêchent de vivre une relation profonde avec Dieu, car ce trop nous éparpille et nous fait rester à la surface de la vie. Le trop peu peut conduire à une forme de repli sur soi malsain dont Dieu est absent.

4. Y a-t-il un moment idéal pour démarrer ce livre : à la rentrée, au début de l’été... lors d’un changement de vie ?

Madeleine Bähler : L’important, c’est d’être réaliste dans la volonté et la possibilité de dégager le temps nécessaire pour vivre la retraite dans une continuité raisonnable. Le plus simple, c’est de prendre son agenda et de regarder comment la démarche proposée sur 16 semaines peut être intégrée. Si l’on sait que l’on part en camp pour deux semaines et que les journées vont être remplies et longues, il est peu probable qu’on pourra trouver un espace pour y vivre des moments de prière méditative. Il faudra donc peut-être planifier une pause et prévoir de reprendre lorsque l’on arrive à dégager le temps et l’espace nécessaires pour bien vivre la démarche.

5. Ce livre se présente comme une retraite à vivre chez soi. Est-ce que vous avez des conseils pour bien vivre cette retraite un peu particulière ?

Madeleine Bähler : Le livre est une invitation à vivre une démarche spirituelle personnelle. Des conseils sont donnés dans le livre pour aider et soutenir cette dimension. Il est recommandé de prendre quelques notes pour retenir des éléments de ce qui a été vécu. Cela permet de voir l’évolution du cheminement et les fruits qui mûrissent peu à peu ou alors les éléments qui continuent à poser problème pour les approfondir avec le Seigneur. Se retrouver au terme de chaque étape avec une personne de confiance pour partager les éléments importants de la relecture peut être très utile. Cela lance d’une part un petit défi pour suivre effectivement la démarche et garder le rythme, et cela permet d’autre part des prises de conscience précieuses.Si l’on arrive à dégager une période de retraite pour faire la démarche en parallèle avec d’autres personnes et se retrouver au terme des étapes 2 à 6, c’est certainement un encouragement et un enrichissement. Toutefois, il faut veiller à ne pas faire fi du cheminement personnel avec le Seigneur et à ne pas se contenter d’une discussion purement théorique sur les sujets abordés dans le livre.

6. Au début de chaque chapitre, il y a une photo à regarder, en lien avec le sujet de la semaine. Tout le monde n’est peut-être pas familier avec cela, à quoi nous invitent ces photos ?

Sabine Schmitt : Les photos sont là pour nous permettre d’appréhender le texte avec notre imagination, les images ont été choisies en écho au texte biblique. Contempler la photo avant de lire le texte, se laisser toucher par les formes, les couleurs, la composition, pourrait bien réserver quelques surprises au « regardeur ». Dieu parle aussi par l’image.

7. Que diriez-vous pour encourager quelqu’un de surbooké à prendre le temps de lire ce livre ?

Claire-Lise Meissner : « Respire ! Tu es plus que ta course, plus que tes contraintes et responsabilités ! Tu es aimé, attendu par le Dieu qui désire faire route avec toi. Ose perdre un peu de temps pour renouveler ta force intérieure et découvre ce que tu peux y gagner pour toi-même et en lien avec les autres ».

8. Et à une personne qui trouve que le temps passe trop lentement ?

Madeleine Bähler : Quand on a l’impression que le temps passe lentement, c’est souvent parce que les jours se ressemblent et qu’il y a peu d’évènements particuliers. Faire la retraite proposée permet d’introduire un moment spécial dans la semaine, un rendez-vous avec le Seigneur que l’on peut soigner. En plus, la démarche offre l’occasion de revisiter son rapport au temps et de découvrir d’autres dimensions peut-être négligées ou perdues qui viendront enrichir le quotidien.

9. Que souhaitez-vous au lecteur, lorsqu’il refermera ce livre ?

Claire-Lise Meissner : Lecteur, lectrice, nous te souhaitons d’avoir vécu au fil des semaines des moments de temps « suspendu » avec le Dieu de la Vie qui, étant hors du temps, te rejoint au présent de ton actualité. Que tu puisses être encouragé-e à continuer à te laisser toucher par sa Parole, interpeler par Jésus pour répondre à ses invitations, un petit pas après l’autre, un jour après l’autre, sous l’inspiration du Saint-Esprit. À la fin de cette lecture active, nous espérons que ta soif de rencontrer Dieu ait été désaltérée et creusée tout à la fois ! Que la mémoire de quelques saveurs d’Évangile, de respirations profondes, de consolations reçues renouvellent ta confiance et ton espérance pour poursuive le chemin ici et maintenant, jusque dans l’éternité de l’Amour.        



Alphabet de spiritualité anabaptiste

En suivant l’alphabet de A à Z en 40 articles courts, ce livre présente les convictions et la spiritualité des anabaptistes. Sous la plume de François Caudwell, on y trouve par exemple:

  • B comme Béatitudes

  • D comme discipulat

  • G comme grâce

  • I comme imitation

  • M comme martyr

  • N comme non-résistance

  • P comme paix

    mais aussi des thèmes moins connus : G comme Gelassenheit, H comme houttériens ou plus surprenants M comme moine, T comme Taizé, W comme Wesley…

A chaque fois, les mots choisis en titre prennent vie et deviennent programme. Chaque notion ou thème est présenté à l’aide de citations de la Bible, mais aussi d’auteurs chrétiens à travers l’Histoire, avec une large place faite aux anabaptistes du 16e siècle bien sûr. Au fil des pages, l’accent typiquement anabaptiste de la suivance du Christ sert de fil rouge.

Une des particularités de l’ouvrage est l’approche « en dialogue », au sens où les citations de provenances ecclésiales ou spirituelles diverses convergent de belle manière, comme un exemple de bienveillance mutuelle chère à l’auteur.

Faut-il lire les articles dans l’ordre?

Le lecteur peut picorer ici ou là au gré des articles sans nécessité de tout lire à la suite ; des questions de réflexion et de discussion sont proposés à la fin de chaque article.

« Le livre parcourt les grands thèmes de la foi pour mettre en valeur la singularité de l’approche anabaptiste. Un bel outil pour ceux qui veulent approfondir leurs racines spirituelles. » (Antoine Nouis)

Public

  • Personnes intéressées par l’histoire ou la théologie anabaptiste

  • Membres et sympathisants des Églises mennonites

  • Groupes de maison

L’auteur

François Caudwell est pasteur des Églises mennonites de France, il exerce un ministère détaché de théologien et d’historien de l’anabaptisme, et apporte un soutien à des Églises locales, en particulier à Lons-le-Saunier.

Infos pratiques

Dossier de CHRIST SEUL 2/2022, Éditions Mennonites, Montbéliard, 11 €, 88 pages Commande et paiement sur la page des Éditions.

Il est possible de s'abonner aux Dossiers de Christ Seul (3 numéros par an) ou de les acheter au numéro. Ils complètent le mensuel Christ Seul, le magazine des Églises évangéliques mennonites de France.

Ne manquez pas le Webinaire !

Mardi 20 septembre 2022 à 20h30

Déroulement : Présentation du livre par l’auteur ; réaction ; questions-réponses avec l’auteur. Renseignements et inscriptions (pour recevoir le lien Zoom) : contact@editions-mennonites.fr ou 03 63 22 01 52. 

Crises locales ou effondrement global?

Le premier livre en français sur la collapsologie pour un public chrétien

Frédéric de Coninck signe un nouveau livre, sur une question très actuelle : la crise environnementale et climatique va-t-elle conduire à un effondrement généralisé (collapse) ? Certains le pensent et l’annoncent comme une certitude. D’autres au contraire estiment que l’être humain trouvera une solution soit par la technique ou à partir d’une prise de conscience provoquée par une catastrophe. D’autres enfin estiment que l’on va un jour vers une « dictature verte ».

La position de l’auteur peut se résumer ainsi : pour des raisons scientifiques, on ne peut prédire l’avenir des sociétés et il n’est donc pas possible d’affirmer à l’avance un effondrement global. Mais il y a des menaces avérées et très sérieuses et il est certain que l’humanité n’est pas sur la bonne trajectoire, ce qui se traduit par le dérèglement climatique, la consommation exagérée des ressources naturelles, la diminution de la biodiversité, l’enrichissement d’une toute petite minorité, la coupure de la société en deux. Nous allons vers de sérieuses crises locales, sociales, économiques, environnementales, sauf si…

C’est là que Frédéric de Coninck fait intervenir les prophètes de l’Ancien Testament, avertissant leurs contemporains de catastrophes imminentes, à moins que le peuple d’Israël ne change en matière d’idolâtrie et d’injustice sociale. La littérature apocalyptique, elle, annonce des fins et une Fin, à distinguer et surtout à prendre en compte pour un changement.

Dans le contexte actuel, le livre se clôt par un appel aux chrétiens à faire des choix de vie dans la ligne des Béatitudes, à « tenir bon dans les tempêtes » et à former en Églises des communautés qui incarnent des manières de vivre empreintes de sobriété. Un témoignage collectif en actes, par fidélité à l’Évangile et dans l’espérance du Royaume qui vient.

Comme il sait bien le faire, Frédéric de Coninck rend accessible à tous des questions compliquées, fait le lien entre questions actuelles de société et textes bibliques, et interpelle les Églises et les chrétiens de manière radicale et réaliste…

Pour aller plus loin…

Frédéric de Coninck, Crises locales ou effondrement global ? Chrétiens dans un monde lézardé, Dossiers de Christ Seul 1/2022, Éditions Mennonites, 72 pages, 11 €. A commander ici.

"Les crises de la foi", un livre à lire ensemble

Une lecture en groupe et avec les auteurs!

Lire le livre “Les crises de la foi. Étapes sur le chemin de la vie spirituelle ” en groupe c’est maintenant possible!

  • En plus de la lecture du livre, 7 soirées sont prévues pour dialoguer avec Louis Schweitzer et Linda Oyer, professeurs de théologie et fondateurs de la formation à l’accompagnement spirituel (ISCAS).

  • Les rencontres ont lieu les mercredis soirs de 20h15 à 21h30 sur Zoom. Le groupe suivre étape après étape les différentes phases de la vie spirituelle telles qu’elles ont été définies par les auteurs.

La formation est gratuite, mais l’inscription obligatoire! Il est possible d’y participer seul ou en couple, ou même en Église!

Dates

Les mercredis à 20h15 - Télécharger le programme

  • 28 septembre : la crise du prophète Élie

  • 12 octobre: l’apôtre Pierre

  • 2 novembre: la crise de François d’Assise

  • 9 novembre: Les phases de la vie spirituelle

  • 23 novembre: La crise et la fécondité

  • 7 décembre: l’incertitude confiante

  • 14 décembre: vivre ensemble la diversité

Télécharger le flyer

Que faire pour s’inscrire?

  1. S’inscrire gratuitement à la formation via ce lien ou en remplissant le flyer à la main et en le retournant par courrier.

  2. Se procurer le livre - le commander depuis la France ou la Suisse

  3. Participer aux soirées sur zoom!

Histoire, identité et dialogue

Le dernier livre de la collection “Perspectives anabaptistes” a paru aux éditions Excelsis! Ne manquez pas le dernier ouvrage du théologie anabaptiste Neal Blough “Histoire, identité et dialogue: Réformes et réformes radicales.

Neal Blough a écrit de nombreux articles tout au long de sa vie et le contenu de ce livre rassemble des articles publiés dans diverses revues sur une période de 30 ans. Pourtant, il ne s’agit pas ici d’une simple collection. L’organisation du livre n’a rien du hasard. Dans la première partie l’auteur explique les origines du mouvement anabaptiste dans le contexte des réformes. Dans la deuxième partie, l’historien devient théologien et ose le dialogue. Il pose la question du sens et de la signification des événements du passé.

Table des matières

Partie I: L’émergence de l’anabaptisme et et les regards portés sur celui-ci

1. La Réforme, un regard nouveau: villes, paysans et anabaptistes

2. Luther, le père involontaire de la dissidence protestante et de l’anabaptisme?

3. La justification: Luther et l’anabaptisme

4. Pilgram Marpeck: confessionnalisation et coercition

5. La dispute de Lausanne, l’anabaptisme et le pouvoir civil

6. Calvin et les anabaptistes

Partie II: Histoire et théologie, hier et aujourd’hui

7. Histoire du christianisme et histoire de l’Église

8. Harold Bender, “la vision anabaptiste” et les mennonites de France

9. Les Églises de professants: un monachisme de substitution

10. L’expérience de l’Esprit dans l’anabaptisme historique

11. Baptême, Esprit et Église: quelques “disjonctions” dans l’histoire protestante

12. Du “Jésus politique” au “Christ anabaptiste”

13: La sacramentalité de l’Église: l’Église du seizième siècle et Vatican II

14. La Réforme radicale : entre corpus christianum et ghetto

Un livre en vente sur le site d’Excelsis et disponible à l’achat au Centre de Formation du Bienenberg.

Accorder le pardon

“Puis-je pardonner à celui qui est coupable de la mort de notre enfant ? C'est une entreprise téméraire que d'écrire à ce propos”, souligne Thomas Dauwalter. “C'est la première fois que je parle en détail du processus de pardon en lien avec cet événement. C'est une entreprise téméraire que d'aborder un tel sujet. Pour plus de clarté : je parle en mon nom et pas au nom des membres de ma famille. Ce que je vais dire sur la rencontre avec le responsable de l'accident n’engage que moi ; il pourrait aussi en parler de son côté. Chacun a donné à l'autre la liberté de dire ce qu'il a jugé opportun dans la situation en question. Sur le chemin du pardon, j'ai vécu les étapes suivantes.

Étape 1 : La tragique nouvelle

Le 26 juillet 2004, à trois heures du matin, on sonne à notre porte. Deux policiers et un aumônier d'urgence - comme je le comprendrai plus tard - se tenaient devant la porte. L'un des policiers a la pénible tâche de m'annoncer la terrible nouvelle du décès accidentel de notre fille, Michi :

« Votre fille a eu un accident de la route. Pour faire court, elle n'a pas survécu ! Cause de l'accident : un véhicule arrivant en sens inverse s'est retrouvé de son côté de la route et l'a percutée de plein fouet sur son scooter Vespa. Elle n'a eu aucune chance. L'accident s'est produit sur un pont. L'homme était sous l'emprise d'une forte alcoolémie et a, en outre, commis un délit de fuite. »

Ma vie m’a paru être semblable à une page jusqu'alors blanche et agréable, devenue d'un seul coup, noire et sombre. Les pensées suivantes m’ont envahi : le monde n’est pas bon. Les gens ne me veulent pas du bien. Dieu n'a pas de bonnes intentions à mon égard. Je ne vaux rien, je suis l'idiot de la nation. Et en même temps, une phrase a surgi, à l’opposé de à ce qui se passait. Une phrase que j'avais lue, il y a des années, dans le petit livre de Fritz Schwarz: Ich werweigere mich – oder von der Schönheit des Glaubens (Le refus de se soumettre ou la beauté de la foi), m'avait déjà interpellé à l'époque : « La beauté de la foi chrétienne ne peut pas être décrite. Je pourrais devenir fou, fou de joie. » Un paradoxe criant ! C'est possible, me suis-je dit. Cela m’a rendu pensif. Cette phrase est devenue un cri du cœur :

« Jésus, j'aimerais pouvoir à nouveau parler de la beauté de la foi. Avec conviction. Et de telle sorte que je ne doive pas faire abstraction de cette expérience amère, mais qu'elle soit assimilée ! »

Étape 2 : Protestation et déni

Impuissants et abasourdis, nous étions assis à table. Le choc, le désespoir, la tristesse, l'impuissance, la paralysie, le mutisme, des pensées comme « ce n’est pas possible, c'est un cauchemar » ont continué à hanter mes jours, mes semaines et les mois suivants. Mais il y avait aussi une résistance intérieure :

« Je ne vais pas laisser une personne responsable de la mort de notre enfant gâcher ma vie. Je refuse qu'une racine d’amertume détruise ma vie. Je refuse de chercher à me venger. Et je refuse que le deuil devienne ma raison de vivre. Je veux apprendre à accepter cet événement terrible. Oui, il doit faire partie de ma vie. Une partie de mon histoire avec Dieu et non un chapitre sombre mis à part. Je dois apprendre à me réconcilier avec ce chapitre de ma vie. Je veux aussi me réconcilier avec Dieu. Pour y parvenir, le pardon est une grande partie du chemin. »

Je veux vouloir pardonner à cette personne. Mais comment faire ? Comment pardonner dans un tel cas ? Nous avons l’habitude de prier :

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » (Mt 6.12).

Étape 3 : Questions sur questions

Qui est vraiment responsable de la mort de notre Michi ? Le responsable de l'accident ? Ou même Dieu ? N'aurait-il pas pu l'empêcher ? J'étais tiraillé. À cela s'ajoutait le magnifique Psaume 121 que Michi avait écrit dans sa chambre en guise de profession de foi. La question surgissait inévitablement en moi : « Où étais-tu, Dieu ? » Des questions toutes simples ont jailli en moi.

J'ai également constaté qu'il n'y avait pas de système judiciaire objectif dans notre pays. Nous avons reçu 3000 € de dédommagement. Qu'est-ce pour une vie ? Qu’est-ce qu’on peut faire avec cet argent ?

À l'époque, j'ai lu dans le journal que Stefan Raab avait été condamné à payer 70.000 € de dommages et intérêts pour atteinte à la vie privée, suite à des plaisanteries grossières aux dépens d'une écolière. Il avait utilisé le nom d’une jeune fille de 16 ans, Lisa Loch (note de traduction : Lisa Trou), de manière répétitive pour des jeux de mots douteux.

Au final, j'ai compris au fond de moi qu'il n'y avait pas de justice objective. Culpabilité ici, punition là. Affaire classée. Est-ce ainsi que l'on empêche d'autres délits ? Je ne plaide pas pour que la dette soit exemptée de conséquences. Que dirait Dieu : Oui, il y a ici une dette inestimable et irréparable. La réponse est le pardon, au moment voulu et si possible, la réconciliation et le rétablissement des relations. La victime et le coupable se rencontrent. Le rapport à la faute est un puissant moteur de guérison et d’élan de vie. La vengeance a un inconvénient : elle provoque à nouveau la vengeance. Et cela ne s'arrête jamais. Dans les grandes comme dans les petites choses.

Étape 4 : Que faire de mon agressivité ?

Comment gérer mon agressivité envers le coupable ? Celle-ci réapparaissait de manière sporadique. Elle n'était pas particulièrement prononcée, mais il y avait toujours quelque chose qui était là.

Une déclaration de Paul, un homme de la Bible au temps de l’Église primitive, m'a toujours été d'une grande aide : je n'ai pas besoin de me venger. C'est un autre qui s'en charge :

« Ne vous faites pas justice vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez place à la colère, car il est écrit : C’est moi qui fais justice ! C’est moi qui paierai de retour, dit le Seigneur. » (Rm 12.19).

La vengeance peut donc être déléguée à celui qui est le Juste.

En plus, je me souvenais de l'histoire de Caïn et Abel, le premier meurtre décrit dans la Bible. Caïn a tué son frère Abel par jalousie. Il l'a assassiné. À un moment donné, Dieu s'approche de lui avec cette question choquante : « Caïn, où est ton frère ? » Caïn pensait que le cas d'Abel était réglé. Mais il y avait quelqu’un qui n'avait pas oublié. C'était Dieu et il demanda à Caïn : « Où est ton frère ? »

Le sang d'Abel s'était infiltré dans la terre depuis longtemps. QUELQU’UN n'avait pas oublié. Une image s'est formée en moi. Si la tache de sang sur la route de Mahlspüren s'est infiltrée depuis longtemps, si un jour la route n'existe plus et si peut-être même Mahlspüren disparaît, quelqu'un ne va pas oublier. Un jour, il demandera au responsable de l'accident :

« Qu'as-tu fait cette nuit-là ? Tu as laissé la fillette sur place ! Est-ce que tu t'es présenté chez les parents pour leur demander pardon ? »

Cette pensée m’a réconforté un certain temps. Au même moment, je commençais à avoir de la peine pour le responsable de l'accident. J'imagine que le fait d'être confronté à Dieu est très dangereux. Et c'est alors qu'une autre déclaration de la Bible a revêtu une beauté particulière :

« J’entendis du trône une voix forte qui disait : La demeure de Dieu est avec les humains ! Il aura sa demeure avec eux, ils seront ses peuples, et lui-même, qui est Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. »  (Ap 21.2-4).

Michi s'était fait baptiser trois semaines avant son accident. Plus tard, j'ai commencé à me renseigner sur l'accident et à prier son auteur : « Père, aie pitié de lui et donne-moi l'inspiration pour l'affronter avec clarté et réconciliation. » Le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse, est devenu à cette époque un véritable livre de consolation, ce qui est d'ailleurs l'intention centrale de ce livre. C'est à peine croyable !

Étape 5 : Dieu m'a pardonné, je vais donc aussi pardonner.

Je voulais pardonner à l’auteur de l'accident et le lui faire savoir d'une manière ou d'une autre. Ma motivation n'était toutefois pas claire : pour me protéger de l'amertume ? Pour obéir à Dieu ? Pour être un bon chrétien ? Pour passer pour un super-chrétien devant les autres ? Une chose est sûre : les réflexions sur le pardon ont surtout porté sur moi-même ! Au cours de la première année après l'accident, j'ai essayé d'obtenir un rendez-vous par l'intermédiaire d’une tierce personne. Le contact n'a pas eu lieu. Et c'est bien ainsi. À ce moment-là, j'avais pardonné en prenant de haut le coupable :

« Moi, bon chrétien, je te pardonne, pauvre responsable de l'accident. Nous autres chrétiens, nous avons de si nobles sentiments. »

Bof, bof… Aujourd’hui je pense que ce sont des réactions médiocres. Les années passèrent ainsi. J'étais relativement en paix avec tout cela, mais j'avais en quelque sorte le désir de ne pas me contenter d'un pardon intérieur. Il devait y avoir plus, mais je ne savais pas quoi. Peut-être que la réconciliation était aussi possible !

Étape 6 : La percée

Le tournant s'est produit pendant les vacances d'été 2012 : sur la plage ensoleillée de Cavallino, j'ai lu le livre de Miroslav Volf, Free of charge – Giving and Forgiving in a Culture Stripped of Grace (Donner et pardonner gratuitement dans une culture sans pitié) de Miroslav Yolf. Ce livre est le meilleur que j’aie jamais lu sur le thème du pardon. Je n'ai pas pu m'empêcher de laisser libre cours à mes larmes sur ma chaise longue. Des phrases ont touché mon cœur :

« Dieu est le plus miséricordieux. Le pardon est un cadeau spécial. Lorsque nous le donnons, nous cherchons le bien d'une autre personne et non le nôtre. Dieu a inventé le pardon. Notre pardon n'est qu'un écho du pardon de Dieu. Nous pardonnons en tant que pécheurs et non en tant que justes. Dans le pardon, il y a deux vainqueurs. »

Un nouveau désir est né en moi : je veux rencontrer cet homme, lui parler et lui dire que je lui ai pardonné. Je souhaite que la paix ne soit pas seulement pour moi, mais pour lui aussi. Je souhaite qu'il réussisse sa vie. Dieu avait beaucoup agi en moi. Vint alors le moment d'établir le contact. Comment pouvais-je m'y prendre ? J'en ai parlé à Dieu et, peu avant Noël 2012, une pensée forte a surgi en moi :

« Thomas, demande à cet homme comment il se sent après tous ces événements au goût amer. Demande-le-lui, toi ! »

Je n'avais encore jamais vu les choses sous cet angle. C’était une mise en perspective. Je me suis assis et je lui ai écrit une lettre. La culpabilité devait être mentionnée. Le verdict de culpabilité précède le pardon, dit Volf, sinon tout devient bon marché. J'ai donc écrit quelques lignes :

« Bonjour Monsieur ..., je m'appelle Thomas Dauwalter et je suis le père de Michi Dauwalter, dont vous êtes coupable de la mort accidentelle. Je me demande continuellement comment vous vous sentez ! C'est avec plaisir, même si j’ai les genoux qui tremblent, que je vous rencontrerais et vous tendrais la main vers le pardon. Avec mes meilleures salutations, Thomas Dauwalter. »

Étape 7 : La rencontre

Ce fut une journée hors norme. Inscription dans mon journal de bord du 20 février 2013 :

« Trio de prière, bureau, une journée mémorable : accident de voiture - dommage total ! Rencontre avec le coupable de la mort accidentelle de Michi. Seigneur, je te remercie parce que tu es un Seigneur plein de bonté et que tu permets la paix sur la terre. »

La rencontre était prévue pour 20 heures. Je me suis mis en route pour aller chez moi vers 13 heures pour avoir encore un peu de temps pour me reposer un peu et pour prier. Intérieurement, j'étais déjà dans la rencontre, brutalement, je me suis réveillé de mes dialogues intérieurs : bang ! La voiture s'est arrêtée d’un coup. Je venais de m'écraser contre un lampadaire à Bambergen ! Première pensée : j'annule l’entretien. La seconde : c’est maintenant plus que jamais. Je ne suis pas sûr de savoir dans quelle mesure le diable, qui est le diviseur, a voulu empêcher cette rencontre imminente et salutaire.

Le soir, nous nous sommes rencontrés. Au premier contact visuel, j'ai eu très peur. Que va-t-il se passer ? Est-ce que je vais pleurer ? Une agressivité insoupçonnée allait-elle se manifester ? C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés. L'homme est à peine plus jeune que moi. D'une certaine manière, il est même sympathique. Nous avons commencé par la question que j'avais posée dans la lettre :

« Comment vous sentez-vous en tant que responsable d'un accident, en tant que personne coupable de la mort d'une jeune femme ? »

« Cette question », m'a-t-il dit, « m'a coupé l'herbe sous le pied quand je l'ai lue sur votre carte ! Vous me posez la question alors qu’en fait, je voulais vous la poser depuis longtemps. Comment se fait-il que vous me posiez la question ? » L'échange a été très émouvant. Les raisons pour lesquelles le premier contact m'a été refusé ont également été évoquées : « La peur », a-t-il dit, « j'ai eu peur que vous sortiez un couteau ou un pistolet lors de la rencontre. » En effet, un peu à la même période que l’accident, avait eu lieu l'assassinat d’un contrôleur aérien par le père d'une victime d’un crash. C'est à cette époque qu'a eu lieu la terrible collision d'avions près d'Überlingen, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, dont de nombreux enfants. Nous avons parlé ensemble pendant 90 minutes, quelques larmes ont coulé. Puis nous nous sommes quittés.

« Vous m'avez enlevé une tonne de poids du cœur. Je peux à nouveau respirer. »

Ces mots prononcés au moment des adieux me sont restés en mémoire. Cette expérience m'a fait prendre conscience de l'importance du pardon. Il s'agit de briser le cycle de la vengeance. Et il n'y a pas d'autre voie que le pardon et la réconciliation. Il s'agit de rendre possible la vie en commun. Le pardon signifie qu'à l'avenir, je veux rencontrer cette personne comme un être humain normal et non pas comme « Monsieur le coupable de la mort de notre Michi ». Dieu me pardonne de la même manière. Il ne me voit plus comme un coupable, mais comme quelqu'un qui a été pardonné, pour la faute duquel un autre a payé le prix. C'est pourquoi, en tant que chrétien, je ne peux pas faire autrement que de pardonner si quelqu'un est coupable à mon égard. Il faut ne pas balayer la faute sous le tapis, à bon compte, mais l'appeler par son nom, puis accorder consciemment le pardon, détacher l'autre de sa culpabilité et lui donner une nouvelle chance. Autrement, nous n’avons aucune possibilité de faire face à notre propension à l'erreur et à la culpabilité mutuelle. Tout le reste conduit à un cercle vicieux destructeur, selon la devise « ce que tu me fais, je te le fais ». Si tu veux être heureux un instant, venge-toi. Si tu veux être heureux toute ta vie, pardonne.

Ce soir-là, après la rencontre et la poignée de main de réconciliation, je suis rentré chez moi profondément satisfait en pensant :

« Aujourd'hui, j'ai enfin fait quelque chose qui a vraiment du sens. Mon Dieu, tu es vraiment génial. »

Il y a quelques semaines, la boucle a été bouclée. Monsieur Z. a, à ma demande, rénové et remis en place la croix sur le lieu de l'accident. Un signe précieux de repentir et aussi de réparation. Cela m'a fait un bien fou ! Plus tard, j'ai reçu une demande d'amitié de sa part via Facebook. J'ai dû déglutir une nouvelle fois avant de répondre « oui » quelques jours plus tard. Nous nous sommes rencontrés à nouveau sporadiquement.

Je conclurai par une phrase de Desmond Tutu :

« Les expériences difficiles ont le potentiel de nous rendre amers ou d'ennoblir notre caractère. »

Nous pouvons vivre la réconciliation et le salut par Jésus dans ce monde, non pas malgré nos blessures, mais justement à cause d'elles. Oui, la beauté de la foi chrétienne se manifeste précisément dans ces contradictions et ne peut guère être décrite.


Thomas Dauwalter, né en 1959, pasteur de l’Église évangélique néo-anabaptiste Lindenwiese, Überlingen (D). Traduction par Rachel Parlebas Nussbaumer. Publié en allemand dans Mennonitisches Jahrbuch 2022, p. 85-90, repris avec autorisation.

Collapsologie? Un nouveau dossier Christ SeuL

Les Éditions mennonites proposent un nouveau dossier: “Crises locales ou effondrement global? Chrétiens dans un monde lézardé” de Frédéric de Coninck

Ce livre est le premier ouvrage en français consacré à la « collapsologie » pour un public chrétien. L’idée d’un effondrement de notre civilisation a le vent en poupe. Qu’en penser : faut-il ignorer les «prophètes de malheur» ou au contraire les prendre au sérieux?

Si Frédéric de Coninck estime d’une part qu’il est impossible de prédire sérieusement l’avenir de sociétés globales, il montre d’autre part que des dérèglements majeurs sont en cours (dérèglement climatique, surconsommation de ressources naturelles, diminution de la biodiversité, enrichissement d’une minorité, fracture technologique...), autant de menaces sérieuses dont l’issue est incertaine.Dans ce contexte, l’appel est lancé aux chrétiens de:

  • gagner en lucidité face aux fins provisoires à distinguer de la Fin

  • prendre conscience du fonctionnement discutable de nos sociétés (primauté à l’économique; recours normal à la violence;priorité au confort sur la justice...)

  • pratiquer l’esprit des Béatitudes et tenir bon

  • vivre l’Évangile de manière communautaire,en collaboration avec d’autres.

Jean-François Mouhot (A Rocha) commente:

Un ouvrage et une analyse équilibrés et prophétiques, que je recommande à tous vigoureusement et sans modération, tout à fait en phase avec les diagnostics et les actions proposées par A Rocha France!

Public

Tous les chrétiens, pas seulement les pasteurs et responsables d’Églises

  • Personnes et groupes intéressés par les questions d’écologie

  • Personnes critiques envers l’écologie

  • Personnes adhérant à la « collapsologie »

  • Jeunes estimant qu’il vaut mieux ne pas avoir d’enfants au vu de l’effondrement

L’auteur

Frédéric de Coninck est sociologue, à la retraite. Il a été longtemps prédicateur dans une Église mennonite en région parisienne. Il est l’auteur de nombreux livres à la croisée de la Bible et des questions de société, et il anime le blog Société espérance.

Une interview en ligne

Un interview en ligne avec Frédéric de Coninck sur la collapsologie aura lieu jeudi 7 avril 2022 à 20 h 30.

Avec la participation de Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France. 

Vos questions sont bienvenues !   

Modalités d’accès :  https://urlz.fr/hzhA 

ID de réunion : 864 5116 6137 

Code secret : 202078 

Fin des retraites spirituelles au Bienenberg

L’équipe d’organisation de la retraite spirituelle annonce la fin des retraites spirituelles au Bienenberg, retraites qui avaient lieu chaque été pendant une semaine depuis 2005.

C’est une page qui se tourne, qui provoque en nous tristesse et reconnaissance. Tristesse, car nous regrettons de ne plus offrir cet espace de repos et de ressourcement spirituel ; tristesse, en pensant aux personnes pour qui ce rendez-vous était important. Reconnaissance pour l’écrin que nous avons pu confectionner ensemble ; reconnaissance pour les bons fruits.

Les conditions nécessaires à la poursuite ne sont plus réunies, que ce soit au niveau de l’infrastructure du Bienenberg ou des évolutions personnelles au sein de l’équipe d’organisation. Nous gardons dans nos cœurs la joie d’avoir proposé ces retraites spirituelles assez uniques dans le paysage des Églises évangéliques francophones.

Ce sont 17 retraites qui ont été vécues chaque été, portées essentiellement par la même équipe, dont une édition en ligne…

Face à la nouvelle de la fin de ces retraites spirituelles, nous suggérons aux personnes qui y ont participé l’idée - si elles le souhaitent - d’un temps de relecture de leur vécu lors de telle(s) retraite(s), afin de rendre grâce pour ce qui a été reçu… Comme vous pouvez le constater avec cette suggestion de « relecture », nous persistons et nous signons !

Si par ailleurs vous désirez vivre une démarche de cheminement intérieur proche de ces retraites spirituelles, nous vous recommandons les deux livres produits par l’équipe, dont l’un est paru il y a quelques mois :

Si vous désirez être au courant d’offres dans le domaine de la spiritualité chrétienne, proposées par l’une ou l’autre personne de l’équipe d’organisation, vous pouvez vous signaler à l’adresse suivante : melodiesinterieures.asso[at]gmail.com

Nous garderons dans nos cœurs les rencontres, les visages, les moments suspendus, les paroles reçues de Dieu et les gestes posés… Et surtout, nous nous souviendrons que : « Rien ne se perd pour le souffle de Dieu, rien ne se perd pour les yeux de Dieu, rien ne se perd pour le cœur de Dieu[1]. »

L’équipe d’organisation des retraite spirituelles : Madeleine Bähler, Claire-Lise Meissner-Schmidt, Jane-Marie Nussbaumer, Sabine Schmitt, Michel Sommer

[1] Nothing is lost on the breath of God, paroles et musique de Colin Gibson, 1996. À écouter par ex. ici : https://www.youtube.com/watch?v=nSdglBrOHRg. Partition avec traduction française disponible ici : https://formacff.com/chants

 

Points chauds ouvre ses portes

La formation “Points chauds” ouvre ses portes pour un débat sur la place et le rôle d’Israël! L’occasion de goûter à la formule et de prendre la température avant de découvrir le tout nouveau cycle, avec de nouveaux thèmes!


Télécharger l’invitation en PDF

Résumé des positions en débat

  • Les prophéties territoriales liées à Israël ont été réinterprétées dans le Nouveau Testament en fonction de Jésus le Messie (“accomplissement”), comme d’autres réalités du Premier Testament. Le peuple de Dieu est étendu par l’adhésion au Christ de croyants de toute nation. L’appartenance à un territoire national théologiquement légitimé est en contradiction avec l’Église internationale. L'État d'Israël n'est donc pas à voir comme l'accomplissement des prophéties territoriales.

Michel Sommer, animateur théologique au CeFoR Bienenberg, aumônier à ACCES, Mulhouse

  • L’évangile est indissociable du peuple Juif et de la terre promise à Israël. C’est une forme embryonnaire ou idéologique de l’état actuel d’Israël. J’argumenterai que la théologie et même la missiologie d’aujourd’hui vit « un manque à gagner », celui d’une théologie inclusive de « Israélogie » à l’instar d’Arnold Fruchtenbaum, Mark Kinzer et même Karl Barth.  L’incarnation existe depuis toujours et Dieu veut vivre avec son peuple. Les premières preuves, échecs et réussites du projet Sioniste se sont déroulées en Palestine. La foi en Jésus nous pousse à croire dans la réussite de cette incarnation malgré les limitations humaines, politiques et existentielles. Israël fait toujours partie du destin de l’économie divine et reste le modèle de son œuvre sur la terre. 

    Josué Turnil, directeur de Juifs pour Jésus, France

INSCRIPTION

  • Demander l’inscription par mail à cefor@bienenberg.ch

  • Participer librement aux frais - paiement en ligne. A titre indicatif: 45 € / 50 CHF

  • Accès aux exposés à visionner à l’avance et au lien zoom pour le débat et le moment de questions-réponses. (14 à 17h le 19 mars 2022)

500 ans de la Réforme : le partage de la saucisse

Une grande rencontre oecuménique se prépare pour marquer les 500 ans d’un événement historique!


«Ein Fasten wie ich es liebe – warum uns die Kirche nicht Wurst ist»

Samedi 5 mars 2022

à la Wasserkirche et au séminaire théologique de la ville de Zurich (Kirchgasse 9, Zurich)


La traduction du thème ne permet malheureusement pas le jeu de mot avec le terme saucisse: “Le jeûne qui plaît à Dieu - pourquoi l’Église compte pour nous” - la conférence se passera en allemand.

Le mois de mars 2022 marquera le 500e anniversaire du repas de saucisses chez l'imprimeur Froschauer à Zurich. Ce repas, pris le premier jour du carême et partagé entre plusieurs personnes était un acte réformateur. Il était “accompli pour des raisons religieuses et a rencontré une résistance politique” souligne Neal Blough. Si un simple partage de saucisse peut déclencher une révolution, que se passerait-il si les réformés, les catholiques et les anabaptistes réfléchissaient ensemble à l'avenir de l'Église et du monde ? Un colloque œcuménique sera consacré à cette réflexion le 5 mars. Il ne s'agira pas de se pencher sur ce qui a séparé les différentes confessions à l'époque, mais sur ce qu'elles peuvent apporter et partager aujourd'hui pour servir la société. Que peut-on apprendre les uns des autres ? Quels sont les points de vue communs qui permettent d’aller plus loin ?

Des personnalités des trois dénominations - catholique romaine, réformée, anabaptiste/mennonite- ont été invitées à participer aux exposés et aux tables rondes. Parmi elles, le professeur Ralph Kunz, la pasteure Christina Aus der Au, l'évêque Joseph Bonnemain et Lukas Amstutz (directeur du Bienenberg et co-président de la conférence mennonite suisse). Marie-Noëlle Yoder, directrice du centre de formation du Bienenberg apportera l’un des discours d’ouverture pour représenter la voix mennonite. La réunion organisée par l'association "reformiertbewegt" a pour but de renforcer et d'approfondir le dialogue entre les participants.

Le dimanche 6 mars, un culte œcuménique aura lieu au Grossmünster pour célébrer le repas de la saucisse. (Participants : Christoph Sigrist, pasteur, Michel Müller, président du conseil de l'Église, Luis Varandas, vicaire général ; Jürg Bräker, secrétaire général de la conférence mennonite suisse).


Musique : Collegium Vocale Grossmünster et chœur de composé de différentes communautés mennonites, installation artistique dans le Grossmünster : roue de la Bible de Hans Thomann


Pour aller plus loin

Une suggestion de lecture dans une perspective anabaptiste:

 

 

Retrouver le sens du temps

Nous vivons dans un monde qui va toujours plus vite et où il y a d’innombrables possibilités. Prendre le temps pour ce qui compte est un défi pour la vie et la foi. Le temps qui passe peut susciter de l’inquiétude face à l’imprévisible et de l’inconfort dans l’attente. Il peut entraîner fatigue et surmenage. Comment donc « retrouver le sens du temps », comme y invite le titre de cet ouvrage ?

Un collectif d’auteurs

Les auteurs ont l’habitude de travailler ensemble. Ils ont déjà animé une retraite spirituelle sur ce thème. Le contenu de ce qu’ils ont proposé à un groupe a été revisité et étendu en vue de la publication de ce livre.

  • Madeleine Bähler

  • Claire-Lise Meissner-Schmidt

  • Jane-Marie Nussbaumer

  • Sabine Schmitt

  • Michel Sommer

Un parcours en 16 semaines pour retrouver le sens du temps

Le parcours proposé en 16 semaines invite les lecteurs à approfondir leur relation à Dieu et au temps. Un bouquet d’activités est proposé pour chaque semaine. La personne qui voudra suivre le chemin proposé pourra à sa guise :

  • Faire silence et se poser

  • Écouter, jouer ou chanter une suggestion de chants

  • Lire et méditer des textes bibliques soigneusement choisis

  • Se laisser interpeler par une image

  • Réfléchir et approfondir des aspects du temps avec des citations et des méditations

  • Alimenter sa vie de prière de sujets proposés

  • Accomplir des gestes et des actions qui nourrissent le processus

16 semaines ? C’est long ? Comment retrouver le sens du temps sans le prendre ? S’engager sur un peu plus de trois mois, c’est entrer dans une disponibilité intérieure à Dieu et à ce qu’il souhaite faire. Le livre est pensé comme un parcours où chaque nouvelle étape construit sur la précédente. Un beau projet pour la nouvelle année!

Où se procurer le livre?

Vous le trouverez dans les librairies chrétiennes, aux éditions Farel ou parmi les livres disponibles à l’achat au Centre de Formation du Bienenberg. (12E / 13CHF).

 

Réflexions sur une défaite militaire

Le retrait des troupes britanniques (et occidentales) d'Afghanistan en 2021, suivi de l’avancée des talibans et de la chute probable du pays vers un état de chaos, nous invite à réfléchir à la manière de clore les interventions militaires lorsque celles-ci n’atteignent pas les objectifs visés.

Vous avez dit défaite?

La réticence à reconnaître ces résultats comme des défaites peut se comprendre au vu des pertes humaines – en morts et en blessés –, du coût économique, et de l’embarras politique. Mais si les résultats escomptés ne sont pas atteints, il est important d'utiliser ce terme (défaite) et de réfléchir à ses implications. Ceux qui ont préconisé et autorisé cette intervention militaire devraient être tenus de rendre des comptes et invités à réfléchir aux décisions prises et aux résultats de ces décisions. La population, qui a financé ce conflit par les impôts, est en droit de questionner ce qui a été atteint et ce qui ne l’a pas été. Cette défaite donne l’occasion de discuter des priorités et stratégies futures. Des examens internes sont peut-être en cours et une commission d'enquête sera sans doute ouverte, mais le retrait des troupes s’est fait discrètement et avec peu de reconnaissance publique – en contraste avec la fin d'un conflit lorsqu’il est considéré comme victorieux. Les autorités préféreront donc peut-être éviter un examen approfondi.

Quel rôle les Églises ont-elles à jouer ?

Bien que les Églises n’aient pas été consultées dans la décision de déployer des troupes ou dans la définition des objectifs de l'intervention, l'Église d'État est traditionnellement invoquée pour marquer la fin des conflits, si leur issue semble satisfaisante. Dans le passé, cela se traduisait souvent par une forme de célébration de la victoire, généralement associée à un certain souci pour l'ennemi vaincu et quelques expressions d'un désir de paix. À titre d’exception, après le conflit des Malouines, lors duquel les forces britanniques avaient atteint l’objectif visé, le culte clôturant le conflit, contrairement aux souhaits de certains politiciens de haut rang, n'avait pas été pensé comme une célébration de la victoire, mais comme l'occasion d'une réflexion plus approfondie (un examen détaillé et des réflexions utiles sur ce culte sont disponibles (ici, en anglais uniquement). Marquer une défaite reste néanmoins une tout autre affaire.

Il y a bien sûr une question préalable à savoir si ce lien entre l'Église et la guerre est justifié à la lumière de l'enseignement de Jésus. La présence dans de nombreux édifices religieux d'insignes, d'inscriptions et d'accessoires militaires, la participation des responsables d’Église à des actes de commémoration, tels que les messes lors des jours de l’Armistice en France, et de nombreux autres liens sont issus de l’époque de la chrétienté, lorsque l'Église « avait fait la paix avec la guerre ».

Mais si les Églises sont impliquées dans les événements qui suivent un conflit, comment peuvent-elles réagir aux défaites ? Les politiciens et la population sont évidemment peu enclins à marquer ces occasions, préférant laisser l’Histoire les effacer discrètement. Mais cette démarche nous prive d’une réflexion sur ce qui eu a lieu, les raisons de l’échec, ce qui aurait pu être fait différemment et ce que l’on pourrait en retirer pour l'avenir. Cela empêche aussi les personnes touchées personnellement par le conflit de tourner la page. Les Églises pourraient-elles avoir un rôle plus proactif dans de telles situations ? Si oui, que pourraient-elles offrir ? Pourraient-elles proposer d'animer des échanges pour faciliter une réflexion sérieuse ?

Existe-t-il des ressources bibliques pertinentes à ce sujet?

Existe-t-il des ressources bibliques pertinentes à ce sujet ? Le peuple d'Israël a assurément subi de multiples défaites, certaines d'entre elles tout à fait inattendues. Le choc et la désorientation sont évidents dans certains passages. En voici deux exemples poignants :

Josué 7.4-9 : Ainsi, environ trois mille soldats allèrent attaquer la ville, mais ils furent mis en fuite par les habitants d’Aï qui leur tuèrent environ trente-six hommes : ils les poursuivirent depuis la porte de la ville jusqu’à Shebarim et les battirent dans la descente. Alors le peuple atterré perdit tous ses moyens.

Josué déchira ses vêtements, il se jeta, la face contre terre, devant le coffre de l’Eternel et resta là jusqu’au soir. Les responsables d’Israël firent de même. Et ils se jetèrent de la poussière sur la tête. Josué s’écria : Ah ! Seigneur Eternel, pourquoi donc as-tu fait traverser le Jourdain à ce peuple, si c’est pour nous livrer aux Amoréens et nous faire périr ? Si seulement nous étions restés de l’autre côté du fleuve ! Maintenant, je te prie, Seigneur, que puis-je dire après qu’Israël a pris la fuite devant ses ennemis ? Les Cananéens et les autres habitants du pays l’apprendront, ils nous encercleront et feront disparaître notre nom de la terre. Comment alors feras-tu reconnaître ta grandeur ?

1 Samuel 4.10-22 : Les Philistins livrèrent bataille et Israël fut vaincu. Chacun s’enfuit sous sa tente et ce fut une très lourde défaite : Israël perdit trente mille hommes. Le coffre de Dieu fut pris par les Philistins et les deux fils d’Eli, Hophni et Phinéas, moururent. Un homme de Benjamin s’échappa du champ de bataille et courut jusqu’à Silo le jour même ; il avait déchiré ses vêtements et couvert sa tête de poussière en signe de deuil. Au moment où il arriva, Eli était assis sur son siège, aux aguets près de la route, car il était très inquiet au sujet du coffre de Dieu. L’homme vint annoncer la nouvelle dans la ville, et tous les habitants se mirent à pousser de grands cris. Quand Eli entendit ces cris, il demanda : Que signifie ce tumulte de la foule ?

L’homme se dépêcha de venir lui annoncer la nouvelle. Or Eli était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, il avait les yeux éteints, il était complètement aveugle. L’homme dit à Eli : J’arrive du champ de bataille. Je m’en suis enfui aujourd’hui même. – Et que s’est-il passé, mon fils ? lui demanda Eli. Le messager lui répondit : Israël a pris la fuite devant les Philistins ; nous avons subi une terrible défaite ; même tes deux fils Hophni et Phinéas sont morts, et le coffre de Dieu a été pris.

Lorsque le messager fit mention du coffre de Dieu, Eli tomba de son siège à la renverse, à côté de la porte du sanctuaire, il se brisa la nuque et mourut, car il était âgé et lourd. Il avait dirigé Israël pendant quarante ans. Quand sa belle-fille, la femme de Phinéas qui arrivait au terme de sa grossesse, entendit que le coffre de Dieu avait été pris et que son beau-père ainsi que son mari étaient morts, elle chancela et, brusquement prise de contractions, elle accoucha. Comme elle était près de mourir, les femmes qui l’entouraient lui dirent : Rassure-toi : c’est un garçon. Mais elle y fut indifférente et ne répondit rien. Elle donna à l’enfant le nom d’I-Kabod (Plus de gloire), en expliquant : La gloire divine a quitté Israël. Elle pensait au coffre de Dieu qui avait été pris, à son beau-père et à son mari. Elle s’écria encore : Oui, la gloire a quitté Israël, car le coffre de Dieu a été pris.

La défaite la plus grave, avec les conséquences les plus lourdes, reste l'invasion d'Israël par les Assyriens et plus tard par les Babyloniens, entraînant la prise de Jérusalem et la déportation des Israélites en exil pendant plusieurs décennies. L'Ancien Testament contient de nombreuses expressions de lamentation, d’examen de conscience, de reconnaissance d'échec et d'inquiétude pour l'avenir. Ces passages offrent ainsi de riches ressources pour alimenter notre réflexion sur les défaites militaires, peu importe le contexte :

  • Le livre des Lamentations

  • Néhémie, chapitre 1

  • Daniel, chapitre 9

  • Psaume 137

  • Habacuc, chapitre 1

Ces exemples anciens, imprégnés de connotations et de compréhensions théologiques, sont évidemment bien différents des guerres séculières d'aujourd'hui, et aucune nation aujourd'hui ne peut prétendre avoir la faveur de Dieu à la manière du peuple d’Israël. On peut néanmoins déceler certains thèmes généraux : le chagrin face aux vies perdues, l’antipathie face à un ennemi victorieux, le questionnement sur les raisons de la défaite, la reconnaissance de ses erreurs, le souci de sa réputation, et la peur des conséquences de la défaite.

 La doctrine de la guerre juste

La ressource traditionnellement utilisée pour évaluer la légitimité d’un conflit est la doctrine de la guerre juste. Il s’agit d’un ensemble exigeant de conditions permettant de déterminer à l'avance si une intervention militaire est justifiée ou non. Il existe plusieurs versions de ces critères, en voici en un résumé succinct:

  • La guerre doit être menée pour une cause juste, c’est-à-dire en légitime défense, pour la défense d'autrui, ou en réponse à un acte délibéré d'agression non provoquée.

  • La guerre doit être menée avec une bonne intention, telle que rectifier le mal et établir le bien, instaurer un ordre plus juste, rétablir la paix le plus tôt possible, et non par vengeance ou pour établir la suprématie sur les autres.

  • Il doit y avoir une probabilité raisonnable de succès, c’est-à-dire qu’il en résultera plus de bien que de mal.

  • La guerre doit être menée par des moyens appropriés, proportionnés et non excessifs, afin que les résultats de la victoire l'emportent sur les dommages causés pour y parvenir. Les civils ne doivent pas être blessés, aucun moyen intrinsèquement mauvais ne doit être utilisé, et les termes de la capitulation doivent être équitables et miséricordieux.

  • La guerre doit être l’unique moyen possible d'éliminer le mal : le dernier recours après avoir essayé toutes les autres réponses par la négociation ou les sanctions.

  • La guerre doit être déclarée et combattue par une autorité légitime, normalement l'État, bien que cela soit moins clair lors de guerres civiles.

 Dérivés de sources classiques, adaptés pour être utilisés par l'Église et l'État au début de l'ère chrétienne et périodiquement affinés et mis à jour, ces critères ont exercé une influence importante dans la plupart des traditions ecclésiales pendant des siècles. Ces critères restent influents aujourd’hui malgré la préoccupation grandissante quant à leur applicabilité aux guerres modernes, et leur rejet par certaines traditions qui leur ont préféré le pacifisme. Bien qu’ils aient leurs limites, manquent de soutien biblique, et n’aient pas réussi à empêcher de nombreux conflits injustifiables à travers les siècles, ces critères – s'ils sont appliqués correctement – sont puissants et très restrictifs.

Les politiciens continuent d’utiliser le vocabulaire de la guerre juste pour justifier leurs décisions, bien que dénué de vocabulaire théologique et presque toujours sans référence aux critères spécifiques. Certains aspects de ces critères sont incorporés dans diverses déclarations internationales sur la conduite appropriée des conflits. Ces critères pourraient-ils donc être utilisés au lendemain d'un conflit, plutôt qu'avant, pour évaluer dans quelle mesure le conflit peut être considéré, rétrospectivement, comme justifiable ? Les Églises peuvent-elles initier ou jouer un rôle dans une telle discussion ?

L'un des critères de la guerre juste est une probabilité réaliste de succès quant à l’atteinte des objectifs de l’intervention militaire. Lors d’une défaite ou d’un résultat manqué, il semble justifié de réexaminer cette probabilité et de se demander si elle était, en effet, réaliste. Les autres critères fournissent des ressources supplémentaires pour ceux qui sont prêts à réfléchir honnêtement et sérieusement au conflit – ce qui l’a induit, comment il a été mené, quelles erreurs ont été commises, ce qui aurait pu être fait différemment, etc. S'appuyer ainsi sur ces critères pourrait encourager leur utilisation appropriée en amont de toute situation future de conflit.

 Expériences et besoins

Au-delà de l’évaluation solide de la décision d'entrer en guerre, de la conduite de la guerre et de son issue décevante, on se doit de prêter attention aux expériences et aux besoins de ceux qui ont combattu, ont été blessés ou sont endeuillés. C'est le cas après tout conflit, mais lorsque le résultat n'a pas été satisfaisant, il peut y avoir une plus grande réticence à aborder ces problèmes, et d’autant plus besoin de le faire. La souffrance des blessés ou des endeuillés peut être exacerbée par la question de savoir si le sacrifice en valait la peine. L'honnêteté vis-à-vis des échecs doit être accompagnée de compassion et de façons d’honorer ceux dont la vie a été si profondément affectée par le conflit. Nous devons combattre la tendance dans l'Église et la société à célébrer les succès et à balayer les échecs sous le tapis – ceci par souci d'intégrité, afin de tirer les leçons nécessaires, et de répondre aux questions et besoins de ceux qui ressentent l’échec ou ne savent comment se sentir face à l’échec.

Une réflexion créative sur des approches et stratégies alternatives

La période post-conflit pourrait aussi être l'occasion d'une réflexion créative sur des approches et stratégies alternatives. Quelles autres possibilités auraient pu être explorées ? Si partir en guerre est un dernier recours (comme l'exigent les critères), y avait-il d'autres manières de procéder moins coûteuses et plus prometteuses qui n'avaient pas été envisagées ou pas suffisamment examinées ? Comment ces informations pourraient-elles éclairer les situations futures ?

L'utilisation des critères de la guerre juste pour examiner et évaluer ce qui s'est passé pourrait déplaire aux Églises attachées au pacifisme et à la non-violence. Mais bien que sceptiques quant à l’utilisation de ces critères avant de potentiels conflits, ces Églises pourraient reconnaître que ces critères sont en réalité très exigeants s'ils sont correctement appliqués, empêchant la guerre dans presque tous les contextes. L’utilisation rétrospective des critères lorsque l'action militaire n'est pas en jeu pourrait permettre leur bon usage et encourager ce bon usage à l'avenir. Bien que ces critères reposent sur des présupposés différents de ceux du pacifisme, s'ils sont utilisés correctement, l'écart entre ces deux approches n'est pas si grand. Les Églises engagées dans la non-violence pourraient soutenir ce processus, encourager l'application rigoureuse des critères et participer à la recherche d’alternatives pacifiques.

 

Auteur: Stuart Murray Williams. L’article complet est disponible en format téléchargeable ici. Article repris et traduit avec autorisation du site Amnetwork.

Traduction: Améline Nussbaumer.